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mardi 15 janvier 2013

Haïti-Séisme/3 ans : Sauvées de justesse, 72 étudiantes de l’Enip reçoivent leurs diplômes d’infirmières

Par Jean Élie Paul
P-au-P, 14 janv. 2013 [AlterPresse] --- 72 étudiantes de l’École nationale des infirmières de Port-au-Prince (Enip) ont reçu, le dimanche 13 janvier 2013 à l’est de la capitale, leurs diplômes de fin d’études, soit trois ans après le séisme du 12 janvier 2010.
Quatre-vingt dix (90) étudiantes et trois (3) professeurs ont péri dans l’effondrement du bâtiment de l’école, un effondrement qui a constitué l’une des scènes les plus terribles du séisme dans la capitale.
La promotion sortante 2009-2012 a été la seule de l’établissement, qui, dans l’après-midi du mardi 12 janvier 2010, n’avait pas connu un très grand nombre de victimes. Une camarade a, cependant, été tuée.
Environ douze (12) étudiantes ont abandonné leurs études après le drame.
Certaines sont parties à l’étranger. D’autres, qui s’étaient réfugiées dans les villes de province, n’ont pas suivi le mouvement inverse.
Les jeunes filles ont ainsi décidé de baptiser leur promotion Victory, pour affirmer leur victoire sur tout ce qu’elles ont vécu, depuis ce jour fatidique et au long des trois années qui ont suivi.
« Les choses ne sont pas revenues au beau fixe, depuis, pour cette école d’infirmières, parce que les difficultés de toutes sortes continuent de se présenter », confie à AlterPresse la directrice des études, Christine D. Neptune.
Pour elle, parler du séisme est encore difficile et, avec les souvenirs affreux de ce jour, remontent à ces yeux des larmes qu’elle peine à cacher.
Malgré le lent relèvement, toujours regarder de l’avant
L’Enip fonctionne dans un bâtiment préfabriqué, assemblage de containers, dans les locaux de la faculté de médecine et de pharmacie (Fmp) de l’Université d’État d’Haïti (Ueh).
L’espace, qui logeait le bâtiment de l’Enip, établissement fondé par feue l’infirmière Simone Ovide Duvalier (1913 - 1997, femme du dictateur François Duvalier et mère du dictateur Jean-Claude Duvalier) abrite, pour sa part, des tentes effilochées, offrant le spectacle d’un petit camp d’hébergement.
AlterPresse a tenté, à plusieurs reprises, de joindre la directrice de formation et de perfectionnement en sciences de la santé, qui a refusé d’accorder toute interview sans l’autorisation de la directrice du ministère de la santé publique et de la population (Mspp), elle-même injoignable.
Silence donc des responsables autour de la reconstruction de cette école-patrimoine. Et même silence autour de l’explosion d’écoles d’infirmières au lendemain du séisme de janvier 2010.
Trois ans après, en tout cas, l’Enip continue de regarder de l’avant, en se rappelant la douleur de la perte de près d’une centaine de jeunes filles, mais aussi tout le courage qu’il a fallu pour surmonter la souffrance.
La lauréate de la promotion « Victory », Ruthnelle Darley Désir, raconte combien a cru que tout était terminé au lendemain du drame.
« C’était vraiment le désespoir. Les locaux de l’école ont été détruits complètement. Malgré les difficultés, nous avons repris les cours sous les tentes. Il n’y avait pas de structures pour travailler correctement, mais malgré tout, nous avons tenu le coup. Et, ce dimanche (12 janvier 2013), nous récoltons le fruit de nos longs efforts », affirme t-elle dans une interview à AlterPresse.
« Le 12 janvier 2010, c’est un chiffre tout à fait inoubliable. Le fait de vivre quelque chose qu’on n’avait jamais vécu, de regarder, en quelques minutes, tous ces dégâts, c’était vraiment choquant. Cette date, c’est une tache indélébile dans le cœur de chacune », ajoute t-elle.
Un sentiment, partagé pratiquement par toutes les autres étudiantes.
Toutefois, la présidente de la promotion « Victory », Fabienne Désilien, croit qu’elles vont pouvoir affronter l’avenir avec assurance, tout en gardant, en mémoire, les disparues. [jep kft rc apr 14/01/2013 11:00]
http://www.alterpresse.org/spip.php?article13933

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