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samedi 18 août 2012

L’équipe haïtienne du Théâtre de l’unité a emballé le public dans son « Cercueil » de liesse

Avec le Théâtre de l’Unité et son équipe d’acteurs et d’actrices haïtiens, la mort est transfigurée. L’occasion, mercredi dernier pour une première des Préalables à Arnac, d’un enterrement rituel porté par la vie. Mercredi dernier, dans la petite bourgade d'Arnac, c'était jour de Préalables… et jour d'enterrement
. L'équipe d'acteurs haïtiens menée par le Théâtre de l'unité a joué, avec Le Cercueil, le rituel de la mort comme une furieuse sarabande. Danses, chants et cris mêlés sur fond de culture vaudoue. Un théâtre populaire où les gens crient « Nous nous sommes rencontrés à Haïti juste après la catastrophe de janvier 2010. Les tremblements de terre avaient détruit tous les théâtres de l'île et, quand nous avons été contactés par une association culturelle pour entamer un projet de création, nous sommes tout de suite partis », explique Jacques Livchine, co-directeur de la compagnie. Une fois rejoint le pays sinistré, la compagnie découvre une vitalité extraordinaire chez les acteurs qu'elle rencontre. « Ça nous a intéressés, cette histoire de rapport à la mort, tellement différent d'ici. Les enterrements haïtiens se font en blanc, et c'est une fête, avec du chant vaudou. » De ces échanges et avec l'envie débordante de jouer chevillée au corps, l'équipe met sur pied Le Cercueil, un formidable voyage d'entre les morts traversé par un furieux élan de vie. « À Haïti, les gens hurlent, chantent avec les acteurs. J'ai toujours rêvé de ce théâtre populaire où les gens crient avec cette incroyable énergie naturelle », indique Jacques Livchine. Un rapport à la mort, transfigurée, que souligne Vladimir : « Chez nous, la mort ne fait pas peur. Nous avons nos fêtes des morts célébrées avec beaucoup de gaîté. C'est plein d'énergie, avec des chants, des instruments. À Haïti, on danse la mort ». L'acteur, à son arrivée mercredi à Arnac, prenait d'ailleurs quelques photos du petit cimetière communal. « C'est comme chez nous, à l'entrée des villages, mais en plus austère ! » Le public, assis en rond sur la place, a aussi été déraciné de ses coutumes et a affiché sa surprise à l'arrivée tonitruante du cercueil, porté par la ferveur des chants et quatre acteurs. On invite quelqu'un dans l'assemblée à s'installer dans la boîte mortuaire pour lui délivrer, une fois le rituel passé, un « certificat de mort provisoire ». Un mélange électrisé de théâtre et de tradition vaudoue auquel se prête bien volontiers une spectatrice, qui accepte, un rien impressionnée, de vivre la mort depuis l'intérieur du sarcophage. « À Haïti, on danse la mort » « C'est une expérience unique d'entendre son propre enterrement. Les acteurs improvisent à l'extérieur un condensé de vie. C'est une manière de désangoisser sa propre fin », précise le co-directeur de la compagnie. Dans le caisson funèbre, tout se passe effectivement pour le mieux. La morte finit même par ressusciter, avec un large sourire aux lèvres une fois les transes passées et l'air libre retrouvé. « Il s'agit vraiment de leur culture. Avec la compagnie, nous avons juste servi d'accoucheurs, en essayant de canaliser leur vitalité et leur joie intarissables. » Une énergie communicative saluée par la foule et le maire d'Arnac, qui signait la toute première venue des Préalables dans sa commune de 180 habitants. « C'était une proposition artistique séduisante. Et puis, le milieu rural profond a lui aussi droit à la culture, comme tout le monde. Maintenant que nous avons mis le doigt dedans, nous le referons. » Dimanche. Le Cercueil, dimanche, à 11 heures, à La Ségalassière. Julien Bachellerie julien.bachellerie@centrefrance.com http://www.lamontagne.fr/auvergne/actualite/departement/cantal/2012/08/18/lequipe-haitienne-du-theatre-de-lunite-a-emballe-le-public-dans-son-cercueil-de-liesse-1245931.html

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