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vendredi 20 avril 2012

UNE PENSEE DE LA DIASPORA POUR LES HAITIENS DES BATEYS

Aujourd’hui 20 avril 2012

Bonjour et bonne journée
Aujourd’hui Haïti fête sa DIASPORA !
Une excellente chose. Définitivement. Sous la direction du Ministère des Haïtiens Vivant à l’Etranger. Au programme il y aura surement des colloques et une remise de médailles à des citoyens émérites. Surtout aux citoyens haïtiens qui ont eu du succès à l’extérieur du pays. On ne posera pas de question pour évaluer les rapports de certains membres à succès de la Communauté des haïtiens de l’extérieur avec les haïtiens de l’intérieur et avec leur pays.
On ne se posera surtout pas de questions autour des revendications des groupes organisés de cette Diaspora qui a effectivement du mal à constituer un front uni et unique capable de lancer la bataille pour une certaine égalité avec les haïtiens du dedans !
Pourtant tout le monde est unanime à reconnaître l’importance de l’apport colossal de « fils du dehors » à l’économie et aux finances de la nation Haïtienne. Tout le monde est aussi unanime à reconnaître le potentiel humain dont Haïti pourrait bénéficier avec un plan de réintégration sérieusement mené pour extraire le pays des chantiers de la misère et du sous développement.
Mais il y a tellement de non-dits et d’hypocrisie autour de la problématique de cette Diaspora haïtienne que le pays mettra beaucoup de temps à en tirer profit.
Dans le contexte vernaculaire, le terme de DIASPORA ne s’applique curieusement pas à tous les haïtiens vivant à l’extérieur d’Haïti. Le fait exclusif de vivre à l’étranger ne fait pas de vous « un diaspora ».
Le vrai « diaspora » correspond à un certain profil : une personne résidant de préférence en Amérique du Nord qui manipule ou qui rentre en Haïti avec assez d’argent pour offrir « du griot », du « rhum barbancourt » ou de la bière « prestige » à ses copains et anciens voisins.
Généralement ce sont des gens qui exhibent un changement visible dans leur physionomie. Ils sont souvent ventrus et portent des bijoux très voyants.
Cette description, assez caricaturale puisse-t-elle vous paraître, exclut bon nombre d’haïtiens de l’extérieur.
C’est pour cette raison que quand on évoque cette population on est tout de suite orienté ver les gens à succès ; vers des données qui vous disent que les haïtiens de l’extérieur envoient à leurs proches une somme milliardaire, de loin supérieure au PIB, etc…
Cependant, il existe une partie de nos compatriotes de l’extérieur qui ne reçoivent pas l’attention dont ils ont effectivement besoin. Il s’agit des haïtiens qui « subsistent » en République Dominicaine.
Certes, l’approche des relations entre la République Dominicaine et Haïti a toujours été une question très épineuse. Il est difficile de garde une position neutre sans catégoriser des gens en victimes et sans mettre l’étiquette de bourreaux à d’autres.
Ces dernières années, avec la déliquescence des institutions haïtiennes et la dégradation caricaturale de la qualité de vie, La République Dominicaine est devenu « le pays secondaire » des haïtien de la petite et moyenne bourgeoisie. Elle l’avait déjà été pour les grands dons d’Haïti.
Aujourd’hui, un haïtien en République Dominicaine n’est pas forcément un coupeur de cannes à sucre. Il peut facilement correspondre à un entrepreneur, à un professeur universitaire, un hôtelier, un étudiant universitaire, un employé de zone franche, un ouvrier agricole.
Et je vous passe volontairement des scandales qui secouent le monde politique des deux pays autour des allégations de corruption entre les candidats du deuxième tour des dernières élections présidentielles, l’actuel président de la République d’Haïti, le puissant sénateur dominicain proche du président Leonel Fernandez.
Et que dire de cette mise en scène absurde et burlesque, orchestrée par les hautes sphères gouvernementales dominicaines annonçant en grandes pompes la découverte d’un complot ourdi par un individu proche du candidat de l’opposition susceptible de ravir la présidence au candidat « officialiste » du parti de Leonel Fernandez !
Combien seraient-ils exactement ? On ne le sait pas. On ne saura jamais à quelques centaines de milles près combien d’Haïtiens résident en République Dominicaine.
Là, je me réfère aux haïtiens sans nom, sans titre, sans entreprise et sans papiers. Ces haïtiens jeunes, bien portants, qui traversent la frontière en hypothéquant leur dignité, leur énergie, leur force, leur avenir contre un rêve qui se convertit en chimère et affreuse illusion une fois de l’autre côté de la frontière.
Combien sont-ils ces haïtiens qui traversent la frontière et acceptent de se faire traiter en objet et en animaux inférieurs par des regards et des considérations des membres de certains secteurs qui utilisent le vocable « haitiano » comme le juron le plus humiliant ?
Ils sont plusieurs centaines de milles. Peut-être plus d’un million. Ils ne sont pas comptés car ils ne comptent pas.
Pourtant ils font eux aussi parti de notre fameuse riche et prometteuse DIASPORA.
Eux, ils ne réclament pas la double nationalité qui leur permettrait d’être ministre, candidats à la députation, au sénat, voire à la présidence.
Ils voudraient surtout rester en Haïti et ne pas avoir à partir. S’ils sont doués pour construire des hôtels sur le « Malecon » de Santo Domingo, ils sont tout à fait capables de le faire aussi sur le champ de mars, à La saline, Pétion Ville ou Musseau.
Ceux qui y vivent déjà dans cette ambiance de « no man lands » après avoir vu s’étioler au fur et à mesure et au fil des temps, force, rêves et illusions voudraient que leurs progénitures qui sillonnent pieds nus, couverts d’oripeaux, les ruelles entre les « barrancones » des « bateys » en sautant pour s’amuser, de sillons en sillons entre les tiges de ce sucre au goût si amère, aient une patrie et un demain.
Ils sont membres de la Diaspora au même titre que Wyclef Jean, Jimmy Jean Louis et bien d’autres.
Des médailles pour les stars, c’est bien
Une pensée active pour les sans-noms, c’est encore mieux
En cette journée nationale de la Diaspore Haïtienne

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