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mardi 31 janvier 2012

Haïti-Relocalisation : Des familles sinistrées au Champ de Mars, insatisfaites

P-au-Prince, 30 janv. 2012 [AlterPresse] --- Plusieurs des familles sinistrées au Champ de Mars, principale place publique de la capitale de Port-au-Prince - transformée en vaste camp de personnes déplacées après le tremblement de terre de janvier 2010 -, se disent insatisfaites des vingt mille gourdes [US $ 1.00 = 41.50 gourdes ; 1 euro = 61.00 gourdes aujourd’hui], promises par les autorités pour leur relocalisation, selon les informations obtenues par l’agence en ligne AlterPresse.
Polo Herman, père de trois enfants, pense qu’il ne s’agit pas seulement de relocaliser les gens, mais aussi de mettre des moyens économiques à disposition des familles pour qu’elles puissent vivre et continuer à payer le loyer.
Critiquant ses mauvaises conditions d’existence sous la tente, Herman espère laisser cet espace au plus vite et trouver du travail.
Gina Pierre explique, pour sa part, que ses recherches ont été vaines.
Pour pouvoir louer une maison, elle va devoir s’associer avec une amie pour trouver suffisamment d’argent, car le montant de son logement dépasse vingt mille gourdes.
Pierre demande au gouvernement haïtien de lui donner aussi des moyens financiers en vue de mener des activités commerciales qui lui permettront de subsister.
« Nous n’aurons pas d’argent après l’affermage de la maison », déplore t-elle.
De son côté, Carlos Jean Charles estime que le montant promis de 20 mille gourdes ne servira qu’à permettre à une famille de louer une maison, uniquement dans les zones à risque, notamment Gran Ravin, Cité Soleil, Village de Dieu, qu’il qualifie de zones de non droit.
Le climat non sécuritaire, régnant dans ces quartiers, forcera les familles à partir, avant la date d’échéance, augure t-il.
Jean Charles assimile cette éventuelle relocalisation à une violation des droits de la personne humaine, précisant que les vingt mille gourdes - qui vont être données à chaque famille = « constituent un crime ».
Il plaide pour que les autorités donnent un logement privé à chaque famille.
Bref historique du processus de relocalisation des familles du Champ de Mars
Le processus de relocalisation, des sinistrées du Champ de Mars, où 5,000 familles (soit vingt mille personnes) y vivent, entre dans le cadre du projet baptisé 16/6, initié en août 2011 par la présidence.
Le projet 16/6 vise à encourager le relogement des familles déplacées de 6 camps dans les quartiers (16 quartiers), où elles résidaient avant le tremblement de terre du 12 janvier 2010.
Le délai de relocalisation des familles sinistrées du camp du Champ de Mars, prévu pour mars 2012, a été annoncé le mercredi 11 janvier 2012 par le président Michel Joseph Martelly, en présence de la ministre canadienne de la coopération internationale, Beverly J. Oda.
Trois (3) options sont offertes à ces familles, indique Fitzgerald Emmeth, le coordinateur des projets de retour à l’organisation internationale pour les migrations (Oim).
D’abord, la réparation des maisons endommagées ; ensuite, la reconstruction des maisons détruites, et finalement l’octroi de vingt mille gourdes aux familles qui souhaitent ou ne peuvent que louer un logement.
Mille gourdes y seront ajoutées pour les frais de transports des effets, précise Emmeth.
Pour s’assurer de l’état de la maison, que la famille souhaite louer, des ingénieurs seront dépêchés sur place pour l’évaluer avant le décaissement de l’argent promis, selon les explications obtenues auprès des responsables de l’Oim.
Cependant, plusieurs familles sinistrées - établies au Champs de Mars et ayant déjà initié des démarches pour trouver un logement - avancent être dans l’impossibilité de trouver une maison décente avec la modique somme promise, en raison de la hausse des prix de location.
Elles évoquent déjà d’autres problèmes, notamment leur incapacité à renouveler le paiement de location à la date d’expiration du contrat d’affermage.
Entre août 2011 et janvier 2012, environ 3,500 familles, soit 7 mille personnes, qui se trouvaient dans d’autres camps de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, seraient déjà revenues dans leurs quartiers de résidence [d’avant le tremblement de terre de janvier 2010], dans le cadre du projet 16/6, presque, selon les mêmes modalités de relocalisation.
http://www.alterpresse.org/spip.php?article12298

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