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mardi 10 janvier 2012

Haïti: deux ans après le séisme, des sinistrés n'ont plus aucun espoir

De Clarens RENOIS (AFP) –
PORT-AU-PRINCE — Deux ans après le séisme qui a tué au moins 200.000 personnes en Haïti, des milliers de sinistrés s'entassent toujours dans des campements de fortune, sans plus aucun espoir de retrouver un jour une vie normale.
La photographie de Port-au-Prince n'a pas beaucoup changé depuis la terrible secousse de magnitude 7 qui a ravagé la capitale d'Haïti et plusieurs villes du pays le 12 janvier 2010, poussant à la rue plus d'un million de personnes.
Quelques places publiques ont été évacuées dans le cadre d'un programme gouvernemental de retour aux quartiers d'origine qui doit s'accélérer en 2012. Le Premier ministre Garry Conille a annoncé la construction au cours de l'année de plus de 3.000 logements pour accueillir les déplacés.
Les statistiques de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) révèlent que de nombreux déplacés ont quitté les camps, mais des centaines de milliers d'autres y vivent encore, comme au parc de jeu Sainte-Thérèse de Pétion-ville, (banlieue est), où s'agglutinent plus de 2.500 personnes dans des conditions inhumaines.
"Je suis arrivée ici à 6H00 du soir, quelques instants après le séisme, avec mes enfants, ma fille de quelques mois dans les bras et rien de plus. J'avais tout laissé sous les décombres", se souvient Valérie Loiseau, 28 ans.
Assise sur un muret à l'entrée du terrain où sont érigées plusieurs dizaines de tentes faites de bâches délavées, de bouts de tôles, Valérie, sa fille Kélida, 3 ans, entre les jambes, jette un regard indifférent à la circulation des véhicules qui passent et repassent sur l'avenue adjacente. Elle voit passer les jours sans que rien change dans sa vie.
"Je n'ai aucun espoir de changement, mais tant qu'il y a du sel et de l'eau...", dit Valérie avant de se raviser: "Mon espoir, c'est Dieu. Pas les dirigeants du pays", ajoute-t-elle, résignée.
Le sentiment est largement répandu dans le camp où les déplacés se considèrent comme des oubliés, malgré l'arrivée au pouvoir l'an dernier d'un nouveau président, Michel Martelly.
Dans le parc, des gamins tapent dans un vieux ballon, d'autres, plus petits, pieds nus et à moitié vêtus, courent dans les rigoles crasseuses où se déversent entre les masures eaux usées et déchets de toute sorte.
Le dos voûté sur sa vieille machine à coudre blanche il pédale à longueur de journée, Alfred Louis Edès, alias Boss Dès, s'accroche à la vie. Il a toujours le sourire édenté et continue d'offrir ses services de seul tailleur du parc où il vit sans savoir quand il en sortira.
"Sortir? Ce n'est pas ça mon problème", répond-il sèchement assurant qu'il se tire d'affaire grâce à cette machine à coudre d'un autre temps.
"Avec mon métier j'ai élevé mes enfants, ils sont en terminale et peuvent se débrouiller seuls", assure fièrement Boss Dès, qui s'active à trouver de l'aide auprès des ONG pour les gens de son âge, les plus de 60 ans.
Non loin, des occupants du parc croupissent derrière les clôtures de murs qui ne laissent pas soupçonner l'existence de cette petite communauté au coeur de Pétion-ville.
"C'est peut-être pour cela que nous sommes oubliés, nous ne sommes pas exposés comme les autres. Personne ne vient nous voir, mais nous survivons", dit le tailleur, qui a trouvé auprès de l'ONG Helpage une assistance et des soins de santé pour les sexagénaires du camp.
http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5iXZjMxAUxaQIxe-oM1TZYcElyWHQ?docId=CNG.f3260876794f954f47081be813ce7522.bc1

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