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mercredi 25 mai 2011

Perche. L’ancien curé de Mortagne-au-Perche au cœur de la misère haïtienne

Mardi 24 mai 2011 à 23:00 par zeperche
Un an après le terrible séisme qui a frappé Haïti, et tué plus de 200 000 personnes, le père Denis Mary, ancien curé de la paroisse Sainte-Céronne, a passé vingt-deux jours sur place. «¼J’étais en totale immersion.¼»
Avant de se rendre sur place, l’ancien curé a lu deux livres universitaires sur Haïti pour savoir où il mettait les pieds.
De ce voyage, de ses rencontres le prêtre en a tiré quelques documents qu’il présentera sous forme de diaporama le vendredi 10 juin, à 20 heures, à la salle des fêtes.
Retour sur un voyage qui a renforcé son amour pour les autres.
L'ancien curé de Mortagne-au-Perche s'est rendu à
Port-au-Prince, pour mieux se rendre compte de la misère d'Haïti,
un an après le séisme.

Pourquoi avoir choisi de vous rendre à Haïti ?
«L’occasion immédiate est de connaître une ONG (organisation non gouvernementale) mortagnaise, Ke Kontré. Arrivant à la retraite, j’étais heureux d’aller à Port-au-Prince pour vivre des épreuves que tout le monde n’a pas subi. Je voulais vivre aux côtés de ce peuple : écouter leur joie, leurs difficultés, en étant sur leur lieu de vie.»

Humainement, comment avez-vous vécu cette immersion ?
«Cela m’a redynamisé. Cette immersion m’aide à voir toutes ces petites choses que font les hommes au quotidien chez nous. Je ne vois plus que positif. J’étais déjà un homme qui regardait la joie de vivre. Mais cela s’est accentué : parce que j’ai rencontré des hommes et des femmes qui, dans la misère, sont magnifiques. C’est dans ces situations que l’on voit la beauté de l’Homme, sa grandeur dans sa façon de la vivre.»

Comment partager cette expérience ?
«Je ne peux que le dire, qu’en parler. C’est par mes actes quotidiens et par ma façon d’être ; je ne suis pas chef d’Etat, je ne suis pas mécène, je ne suis pas une ONG. Je suis simplement un prêtre qui regarde et qui fait caisse de résonance.»

Quel accueil vous a-t-il été réservé ?
«J’ai été très bien accueilli ; il y avait tous les amis de l’ONG. Mais pas seulement : j’ai été accueilli par la société des prêtres de Saint-Jacques. J’ai passé huit jours avec eux. Avec eux, j’ai aussi rencontré des Haïtiens.»

Les gens ont-ils le moral ?
«La première image de mon diaporama représente une jeune femme haïtienne. Elle est bien habillée et souriante. Deux heures par jour, elle prépare et donne à plein d’enfants un plat de riz à la sauce pois. C’est son travail ; elle est très joyeuse, très heureuse. Elle sert cinq cents rations de riz par jour ! Pour les enfants, c’est leur seule nourriture pour la journée. Sûrement qu’ils mangent des fruits chez eux.»

Comment est la vie de tous les jours ?
«L’Etat reste corrompu : tout s’achète. On garde tout pour soi, on fraude, on triche ! Cela n’empêche pas les gens de se débrouiller, d’arriver à survivre, si bien que ce sont des gens très chaleureux, très démonstratifs. Ils gardent le sourire et leur dignité. On n’est pas triste là-bas mais on n’attend plus rien de l’Etat. Pendant l’élection présidentielle, les seuls arguments en campagne étaient : “Moi, je suis kapab’” ou bien “Moi j’ai les mains propres“. Cela en dit long…»

Quelles images vous ont le plus marqué ?
«C’est un pays où il y a de la violence quotidienne, ce qui fait que moi, étranger, je n’ai pas pu me promener à pied : mes amis n’ont pas voulu prendre le risque d’un kidnapping, d’une rixe ; ni le jour, ni la nuit ! Je n’ai pu me promener à Port-au-Prince qu’en 4×4.
L’armée et la gendarmerie sont absentes. Par contre, il y a 9 000 policiers et 15 000 gardes de sociétés privées ! Même les écoles sont sous surveillance.
Les bandes font leur loi, c’est vrai. Je rappelle que nous avons connu la même chose en France, en 1 792 avec des groupes d’individus qui rasaient tout : là où il y a la misère, il y a la violence.»

Quel est l’avenir d’Haïti ?
«La ville est bâtie entre trois montagnes et la mer. En cent ans, la population est passée de 50 000 à 3 millions de personnes. La reconstruction est à l’ordre du jour, mais comment faire ? Il faut que la campagne devienne attirante et que l’on puisse y gagner sa vie. L’avenir de développement d’Haïti passe par la campagne. Il y a tout ce qu’il faut pour que le peuple vive : de l’eau, du soleil et de la bonne terre. Cela dit, il faut que les techniques agricoles s’installent pour nourrir les peuples.»

Propos recueillis par
Amine El Hasnaouy.
Pratique. Témoignage du père Denis Mary, vendredi 10 juin, à 20 heures, à la salle des fêtes de Mortagne-au-Perche.
http://www.le-perche.fr/2011/05/24/perche-lancien-cure-de-mortagne-au-perche-au-coeur-de-la-misere-haitienne/

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