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samedi 20 novembre 2010

Oui, il y a de l'espoir en Haïti

Publié le 19 novembre 2010
Éveline Ferland, Montréal

Je reviens d'Haïti où j'ai passé deux semaines de vacances. Oui, vous avez bien lu, des vacances, cette période si précieuse de notre société, phénomène de rareté oblige. Je suis arrivée sur l'île une semaine après le bacille cholérique et une semaine avant l'ouragan Tomas. Bref, tout pour décrocher du quotidien!
La couverture médiatique générale au Québec n'avait rien pour rassurer mes proches. Pour certains, j'aurais dû choisir une destination plus reposante, comme le Mexique, mais j'ai préféré la Perle des Antilles à toutes les autres destinations tropicales et je ne regrette pas mon choix.
Aujourd'hui, j'ai envie de dire qu'on peut être heureux dans ce pays, malgré tout ce que l'on nous répète dans les médias, donc grâce à tout ce que l'on ne nous dit pas. Je ne veux pas critiquer les journalistes (courageux, il faut l'admettre) et les rédactions pour leurs choix de couverture, mais je veux plutôt démontrer qu'Haïti peut aussi rimer avec bonheur. Je crois que partager ses bons coups alimentera l'espoir, ingrédient de base essentiel au développement d'une société.
Ainsi, si on me mandatait comme journaliste en Haïti, j'en profiterais - entre deux statistiques sur le choléra - pour présenter des organisations haïtiennes et des histoires de personnes que j'ai rencontrées qui m'ont grandement inspirée durant mon séjour.
D'abord, la rencontre avec le Kolektif Atis Jakmèl (KOLAJ), un regroupement d'artistes peintres et sculpteurs de Jacmel. Lors de la Gédé (version vaudou de la fête de la Toussaint), ces artistes ont organisé une exposition nocturne de statuettes fabriquées à partir de débris du séisme et de matériel récupéré. Il fallait les voir préparer le lieu en nettoyant l'escalier de la place publique, enseveli sous les immondices, afin de pouvoir accueillir les visiteurs locaux et internationaux venus pour souligner la première fête des Morts depuis l'événement. Les gens du voisinage leur offraient de l'eau potable, trop heureux de cette corvée improvisée.
Ce collectif d'artistes inspire aussi les jeunes qui habitent le camp de sinistrés sur cette même grande place en organisant des ateliers de création spécialement pour eux. KOLAJ est très actif dans la ville. Il possède un atelier-galerie et un site internet (www.atisjakmel.org/). Oui, il y a de l'espoir en Haïti.
Ensuite, j'ai aussi eu la chance de visiter le centre Kay Fanm à Port-au-Prince (cf. article publié dans La Presse du samedi 13 novembre 2010). J'y ai rencontré certaines intervenantes et même eu la chance d'accompagner l'une d'entre elles à la Saline, un gigantesque bidonville situé en plein coeur de la capitale, alors qu'elle rencontrait des femmes prêtes à se lancer dans la grande aventure du micro-crédit. Moi-même gestionnaire d'une entreprise d'économie sociale, j'ai été interpellée par ce soutien en vue de développer l'autonomie financière des femmes du pays. Beaucoup d'autres programmes de cette teneur sont menés par le centre (www.kayfanm.info/). Oui, il y a de l'espoir en Haïti.
Je pourrais aussi parler du vernissage de l'artiste Garibaldi à Jacmel, présenter les jeunes propriétaires du bistro-bar Le 4-14 de Port-au-Prince ou encore interviewer Antoine, qui préfère rester en Haïti en travaillant à la distribution d'eau potable pour aider plutôt que de partir habiter aux États-Unis. Bref, il y a beaucoup d'espoir en Haïti. Le saviez-vous?
À tous les journalistes de nos médias québécois, si vous prévoyez couvrir les élections présidentielles à venir en Haïti (le 28 novembre, si bon Dié vlé) rappelez-vous qu'il y a aussi du beau à montrer. Haïti ne s'anime pas que de catastrophes naturelles et de drames humains. Si vous avez besoin de suggestions d'histoires, contactez-moi, c'est avec plaisir que j'y retournerais.

http://www.cyberpresse.ca/opinions/201011/19/01-4344469-oui-il-y-a-de-lespoir-en-haiti.php

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