Jusqu'au milieu de la matinée du vendredi, l'eau jaunâtre semblait maintenir le même niveau au grand désarroi des automobilistes. Dans un paysage aussi apocalyptique, les berlines étaient dépassées par la situation. On les voyait au bord de la route comme des objets inutiles, abandonnées par leurs propriétaires.
Des piétons précautionneux, souillés de boue par inadvertance, ont dû rebrousser chemin rageant de colère, maudissant les irresponsables et les aspirants au fauteuil présidentiel et au Parlement, dont les effigies pullulent pour le meilleur ou pour le pire tous les recoins de la zone.
Dans cet environnement chaotique, qui obligeait les automobiles à s'immobiliser, certains jeunes chômeurs impénitents se frottaient les mains. Ils offraient leurs services aux plus offrants.
Le meilleur moyen de locomotion dans cette galère était le dos d'homme. Pour la traversée d'un lieu à un autre, cinq gourdes par tête. Qui dit mieux ? Les femmes aussi ne faisaient pas de chichi. Elles grimpaient hardiment sur le dos de ces vigoureux jeunes gens qui ne se faisaient pas prier. Un marché spontané était ainsi né. Les petites gens sans boulot profitaient de ce rare moment pour se donner une activité.
Il y a une certaine lassitude à assister impuissant à la répétition des dégâts causés à la moindre averse à Port-au-Prince. Le problème de la route de Martissant pose depuis des décennies une équation difficile à résoudre. Le séisme du 12 janvier est venu compliquer la situation avec les décombres entassés dans la rue, parfois même dans les égouts, obstruant davantage les exutoires.
L'inaction et le mutisme des dirigeants joints à l'ignorance des riverains ont contribué à fragiliser cette route si fréquentée et si vitale pour la communication entre Port-au-Prince et le Grand Sud. A l'heure où on parle de reconstruction nationale et d'élections, laquelle place le problème de la route de Martissant occupe-t-il dans l'agenda des prétendants à la magistrature suprême?
Cyprien L. Gary et
Claude Bernard Serrant Commentaires:
Ce n'est cependant pas du tout étonnant de lire cette dépêche et de me rappeler exactement la même scène 40 ans plus tôt. A l'époque pour traverser martisant surtout pas trop l'emplacement de ce magasin d'un commerçant appelé Fedherbe Guillaume. Ni le gouvernement de Jean-Claude Duvalier, ni le temps des militaires ni le gouvernement populiste gauchiste de Jean Bertrand Aristide, aucune équipe gouvernementale n'a su ni a pu régler ce problème.
Il faut définitvement se lancer dans cette rupture qui impliquera la participation de tous les haïtiens pour Haïti et les générations futures.
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