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dimanche 12 septembre 2010

Arte : la chute d’un dictateur populiste en Haïti...MOLOCH TROPICAL...UN FILM DE RAOUL PECK


Arte, Haïti, Télévision Par yucatan
le 11/09/2010
Vendredi 10 septembre nous avons eu le plaisir de voir sur Arte, un film exceptionnel qui n’a pas encore été programmé dans les salles obscures de l’hexagone. Son titre Moloch tropical. Le Parisien le décrit ainsi : « film franco-haïtien de Raoul Peck 2009, 105 min. Avec Zinedine Soualem et Sonia Rolland. Les dernières 24 heures avant sa chute, du président haïtien démocratiquement élu, Jean de Dieu Théogène, renversé par une révolte populaire. »
Il s’agit en fait, de l’histoire légèrement romancée de la fin du deuxième mandat du président haïtien Aristide, ancien prêtre catholique de la théologie de la Libération, élu avec 93 % des voix et... 5 % de votants.
L’action se passe à huis clos dans l’impressionnant palais de l’ancien roi Christophe (1767 - 1820), perché sur une montagne toute nimbée de brouillard. La commémoration du bicentenaire de l’indépendance sert de fil conducteur. Magistralement interprété par Zinedine Soualem, le président haïtien nous est montré dans une lente descente aux enfers qui se termine par une crise de folie. Crise révélée par son discours de commémoration où il se prend pour Gandhi, De Gaulle, Antoine et Cléopâtre et de nombreux autres personnages hétéroclites. Abandonné par tous ses amis et commanditaires, dont les USA en tête, il finira nu au sens propre comme au figuré. Prisonnier dans son palais bunker, dont les soubresauts du soulèvement de son peuple, ne lui parviennent que par écrans de télévision ou téléphones interposés, on ne peut que penser à Hitler éructant contre le monde entier dans son trou, tandis que Berlin au-dessus est à feu et a sang. Le ‘’héros’’ malgré lui, nous fait part, avec un certain humour inconscient et macabre, durant tout son calvaire, de sa conception du monde, du pouvoir et des difficultés à gérer un peuple d’anciens esclaves, qui depuis 200 ans cherche son centre de gravité. L’orchestre du palais, omniprésent et qui doit inaugurer les festivités du bicentenaire, matérialise le discours de son président : même dans la musique, malgré les efforts surhumains du chef d’orchestre, il n’arrive pas à jouer l’hymne national. Difficile entente et coordination entre les métis et les noirs traités de paysans par le chef des musiciens épuisé. Noirs qui ne servent que de valets ou d’exutoires sexuels aux dirigeants métis en mal d’être. Belle prestation de la femme de Théogène, interprétée par l’ancienne miss France : Sonia Rolland.
L’atmosphère de fin de règne, qui oscille entre le tragique, le morbide, le scatalogique et l’ubuesque, est interprétée de main de maître par le réalisateur, enfant du pays. Spectacle à ne pas manquer lors de son passage sur les écrans français.
http://www.lepost.fr/article/2010/09/11/2215661_arte-la-chute-d-un-dictateur-populiste-en-haiti.html
 
Moloch Tropical - Sonia Rolland / Une première dame de coeur

Première dame d’Haïti, Michaëlle a beaucoup fait pour la carrière de Jean de Dieu. Épouse fidèle aujourd’hui délaissée, elle assiste à sa chute, impuissante.
« Michaëlle est une bourgeoise haïtianno-américaine de 35 ans. Autrement dit, rien à voir avec moi ! Mais Raoul Peck va toujours au-delà des apparences, comme le prouve le choix de Zinedine. Il m’a dit : tu es une bosseuse, tu n’as pas froid aux yeux, alors montre-moi que tu en es capable. Pile les mots qu’il faut pour me pousser… Car évidemment, j’aimerais aller de plus en plus vers ce type de rôles. J’ai travaillé mon anglais, étudié les différents profils des premières dames, beaucoup observé Carla Bruni-Sarkozy et Michelle Obama, qui incarnent ce rôle de façon très moderne. Michaëlle est une combattante.

Le message du film est universel.
Elle est tombée amoureuse d’un homme aux fortes convictions politiques et elle a cru en lui comme beaucoup d’autres. Mais malgré la violence de sa déception, elle choisit de rester – par amour, et poussée par ce fatalisme qu’on retrouve en Afrique, dans tous les pays qui ont connu la dictature. Le message du film est universel. Il parle du pouvoir en général, montrant comment on finit par se perdre dans ses dédales.
Nous étions vraiment conditionnés : coupés du monde, comme les personnages, dans cette citadelle perchée en altitude, dans une humidité constante. Cela nous a tous animés d’une même énergie… Raoul sait créer un climat d’intimité très créatif. Il susurre ses indications à l’oreille, pour ne jamais vous mettre dans l’embarras. Je suis très fière d’avoir travaillé avec lui. On s’était rencontrés il y a des années sur le casting de son film Quelques jours en avril (HBO Films). Depuis ce jour, on savait qu’on ferait quelque chose ensemble. »

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