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mardi 31 août 2010

Chefs de partis et démocratie d'opinion

Haïti: Hâbleurs impénitents, mauvais perdants, brasseurs de vents, nos hommes politiques - notamment nos chefs de partis - sont friands de communication, mieux, de vedettariat. Leurs interventions pour tikrik tikrak à la radio en font foi. C'est incontestable. Alors comment expliquer leur impopularité et leur discrédit ? Une classe politique peut-elle refaire en sens inverse le trajet qui l'a conduite à un excès d'éloquence et de médiatisation ? Que l'on ne dise pas qu'il est trop tard. Si la survie médiatique appelle un accroissement sans limite des crises de pouvoir, la victoire électorale, elle, est avant tout un fait organisationnel. Toute la difficulté vient de là. Pour bon nombre de nos « leaders » et activistes politiques, la démocratie d'opinion est à la fois un leurre et un exutoire.
En matière politique, tout n'est pas « discours », ni aisance médiatique. La percée de la presque totalité de nos êtres de transition et l'effondrement de leur cote électorale, de 1987 à nos jours, illustrent la fragilité de la renommée construite sur la seule image. Car il a existé, par exemple, un effet Sylvio Claude, illustrant la popularité personnelle d'un vieux combattant anti-macoute. Inégal a été l'itinéraire de Gérard Pierre-Charles, de Marc Bazin, de René Théodore ou de Leslie François Manigat. Impressionnant de ténacité est l'engagement de Serge Gilles, de Evans Paul, de Victor Benoît, d'Edgard Leblanc Fils, de Jean Maxime Roumer ou d'Edmonde S. Beauzile.
On sait bien qu'il n'existe point de succès électoral sans communication. Mais cette lumière ne saurait être le substitut à l'organisation, à l'action et à la stratégie. Passer tout son temps à parler, à polémiquer, à critiquer n'est pas une stratégie politique adéquate. Il faut aussi s'appuyer sur un parti ou une catégorie sociale motivée, des organisations de base et des réseaux de militants ou de partisans engagés (Tel a été le cas du candidat « bèbè » René Préval en 2005-2006). Bien qu'elle consiste en partie à savoir épouser les tendances fortes de l'opinion, la communication politique ne peut être, sous peine d'inefficacité ou d'inutilité, que le prolongement d'une organisation politique solide, crédible, tentaculaire, mobilisatrice. C'est tout dire. C'est un défi qu'aucune propagande ni aucune idéologie n'aideront à relever. Or, depuis 1986, la plupart de nos chefs de partis - notamment nos opposants de métier et nos éternels candidats à la présidence - ont souvent eu tendance à envahir les médias et à négliger le champ de l'organisation qui est en fait le terrain incandescent de la victoire, de la durée, du pouvoir. C'est la croyance dans la magie de la parole qui est naïve chez l'opposition, toutes conjonctures électorales confondues. Le talent et le courage de ceux qui l'incarnent ne sont pas en cause, du moins pas toujours. Mais plutôt l'ancrage et la faiblesse organisationnelle de leurs partis, handicapés en outre autant par leur marasme financier que par leur incohérence stratégique.
Ce qui, pour y remédier, n'est pas facile. Dans ce monde port-au-princien de bruits et de fureur, il y a une exception : Charles Henri Baker, qui parcourt de fond en comble le pays avec une assiduité et une patience dignes d'éloge. Un exemple à mettre en relief par « opposition » à ce flot de politiciens traditionnels à la gueule de feu mais sans ancrage !
Pierre-Raymond Dumas
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=82958&PubDate=2010-08-30
Commentaires:
A bon entendeurs , salut!
Si se ta-w prann, se pa ta-w pa pran-n!

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