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mardi 27 juillet 2010

Les débuts chaotiques de la Commission pour la reconstruction

LEMONDE | 26.07.10 | 14h10
Le canular n'a pas fait rire le Quai d'Orsay. Le 14 juillet, un site Internet, plagiant celui du ministère français des affaires étrangères, annonçait que la France allait verser 17 milliards d'euros pour la reconstruction d'Haïti. Selon le site, la France allait ainsi rembourser - avec intérêts - la "dette de l'indépendance" de 90 millions de francs or, imposée à la première République noire pour se libérer de sa tutelle coloniale.
Alors que l'"information" était largement reprise en Haïti et sur la Toile, Paris s'empressait de démentir, menaçant les pirates de poursuites judiciaires. Depuis Montréal, le Comité pour le remboursement immédiat des milliards envolés d'Haïti (Crime) a revendiqué, quelques jours plus tard, le plagiat et annoncé la poursuite de la campagne pour le remboursement de la "dette originelle" tout en dénonçant "l'hypocrisie des puissances occidentales".

La supercherie a ressuscité la demande de restitution lancée par l'ancien président Jean-Bertrand Aristide avant le bicentenaire de l'indépendance d'Haïti, en 2004, et ravivé le débat sur la lenteur des bailleurs de fonds à honorer leurs promesses après le séisme du 12 janvier.
Lors de sa visite éclair à Port-au-Prince le 17 février, le président de la République française,Nicolas Sarkozy, a promis 326 millions d'euros sur deux ans.
Une goutte d'eau
Selon l'ambassadeur de France à Port-au-Prince, Didier Le Bret, la France a jusqu'à présent versé 24 millions d'euros au titre de l'aide d'urgence, annulé 56 millions de la dette du gouvernement haïtien et accordé 1 million d'aide budgétaire sur les 40 millions promis sur deux ans. 110 véhicules d'occasion, remis en état, ont été livrés en prélevant sur une enveloppe de 60 millions d'euros destinée à financer, sur deux ans également, d'autres projets comme un hôpital et du matériel de transport.
Le 15 juillet, un accord de financement pour un montant de 1 million d'euros a été signé en faveur de la Commission intérimaire pour la reconstruction d'Haïti. Cette commission, coprésidée par le premier ministre haïtien, Jean-Max Bellerive, et l'ancien président américain Bill Clinton, n'a tenu qu'une réunion depuis sa création. La deuxième réunion, prévue pour le 22 juillet, a été reportée au 17 août "pour indisponibilité de plusieurs de ses membres".
Lors d'une cérémonie le 12 juillet, au pied des ruines du palais national, le président René Préval a déploré que son gouvernement n'ait reçu jusqu'à présent que 35 millions de dollars (27,2 millions d'euros) d'aide budgétaire. Une goutte d'eau par rapport à l'ampleur des besoins et aux 10 milliards de dollars promis par les bailleurs de fonds, le 31 mars, à New York.
Quant aux 2 milliards de dollars collectés par les ONG auprès du public, personne ne sait quel montant a été dépensé six mois après le désastre. Selon l'organisation Disaster AccountabilityProject, seules 6 des 197 ONG qui ont sollicité de l'argent pour Haïti publient des rapports financiers actualisés.

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