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mardi 27 juillet 2010

Après le séisme, la souffrance des enfants d'Haïti

L'événement, c'est bien sûr le tremblement de terre qui a tué près de 250 000 personnes, dont beaucoup d'enfants, le 12 janvier, et qui continue d'alimenter leurs cauchemars six mois plus tard. Sur un terrain prêté par le commissariat de police, les animateurs d'Idejen, une organisation non gouvernementale (ONG) haïtienne qui travaille depuis longtemps avec les jeunes exclus du système scolaire, s'efforcent de redonner goût à la vie à plus de 70 enfants traumatisés par le séisme.
Ce vendredi, la thérapie est simple : des chansons et des jeux, puis un tournoi de football improvisé sous la tente. "Au début, les enfants désobéissaient et se battaient tout le temps. Maintenant, ça va mieux", dit Louis Junior, l'un des animateurs de ce programme financé par le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef). L'organisation internationale subventionne 225 aires de récréation, apportant un soutien psychosocial à plus de 62 000 enfants.
D'autres ONG, comme Médecins du Monde, organisent aussi des ateliers pour affronter les traumatismes créés par le séisme. Les participants aux "groupes de parole" racontent en détail leur expérience de la catastrophe, comment ils ont survécu. Ils parlent de ceux qui ont disparu, souvent sans que leur corps ne soit retrouvé. Depuis avril, plus de 6 000 enfants ont participé aux ateliers dans les dix cliniques de Médecins du monde. Ils y dessinent leurs maisons détruites et des restes de victimes au milieu des décombres.
A l'aide de ses béquilles, Sébastien Lamothe se faufile entre les tentes du camp de la Cité Jean-Baptiste, à une douzaine de kilomètres au sud de Port-au-Prince. Il est resté enseveli trois jours sous les gravats de sa maison, auprès des cadavres des membres de sa famille, avant d'être dégagé et amputé de la jambe droite. Comme John Juillet, il a été recueilli par une tante,Roselène Royer, qui assiste, avec d'autres parents d'enfants traumatisés, à une de ces réunions de soutien. A ses côtés, Natacha Biron serre dans ses bras sa petite fille Love, âgée de 3 ans. "Depuis le tremblement de terre, elle souffre d'accélération cardiaque", dit-elle.
Présente en Haïti depuis un demi-siècle, l'ONG Care a choisi d'intervenir d'abord auprès des parents pour les aider à faire face aux symptômes traumatiques observés chez les enfants. Le programme, qui bénéficie d'un financement de 660 000 euros versés par l'Allemagne et l'Autriche, touche 2 000 parents et 20 000 enfants vivant dans plusieurs camps. De Carrefour, une banlieue au sud de Port-au-Prince, jusqu'à Léogâne, la ville la plus meurtrie par le séisme.
"La peur, la tristesse, la colère sont en nous ; il faut les sortir, et, surtout, il faut donner plus d'affection et d'attention à nos enfants", commence Leslie Guerrier, le jeune psychologue engagé par Care. La trentaine de parents réunis sous un hangar est divisée en trois groupes pour discuter des meilleurs moyens de gérer les conflits.
"Cauchemars, agressivité, énurésie, maux de ventre, palpitations, peurs injustifiées, tremblements : les symptômes sont multiples. Il y a des enfants qui mangent bien mais maigrissent", énumère Leslie Guerrier. A la fin de la formation, des "kits scolaires" sont distribués aux familles dans un sac à dos : cahiers, crayons, ballon et corde à sauter.
Près de 80 % des quelque 5 000 écoles détruites ou endommagées par le séisme ont repris les cours, souvent sous des tentes et des abris provisoires. Mais de nombreuses familles, ruinées par la catastrophe et sans perspective d'emploi, ne peuvent faire face aux droits d'écolage, dans ce pays où près de 90 % des établissements scolaires sont privés.
Les enseignants se plaignent de ne pas avoir été payés depuis plusieurs mois, et ont manifesté dans plusieurs villes, comme Léogâne et Petit-Goâve. Le ministre de l'éducation nationale, Joël Desrosiers Jean-Pierre, a demandé l'aide des bailleurs de fonds pour régulariser leur situation et subventionner l'enseignement pour la prochaine rentrée scolaire.
Le retour à l'école est aussi l'un des meilleurs moyens de lutter contre la malnutrition. Grâce à l'appui du Programme alimentaire mondial, les cantines scolaires ont fourni 562 000 repas. C'est souvent le seul repas que font les écoliers.

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