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dimanche 23 mai 2010

Malorie Beauchemin, envoyée spéciale
La Presse.-
(Port-au-Prince) La petite Magnolita, 18 mois, conservera pour toujours des séquelles du tremblement de terre du 12 janvier. Sur son visage, sa tête et un de ses bras. Elle n'a pas été blessée lors du séisme. Ce sont les conditions de vie qui en ont résulté, pour elle comme pour des centaines de milliers d'Haïtiens, qui l'ont conduite à la clinique des grands brûlés du Centre Saint-Louis, gérée par Médecins sans frontières.
Dans un geste quotidien, presque banal, sa maman faisait bouillir de l'eau pour préparer à manger. Sauf que la famille habite maintenant une tente, dans un camp de déplacés de Port-au-Prince. Inconsciente du danger, la petite a fait un geste de trop, et l'eau bouillante s'est renversée sur elle.
«La tente est trop petite», raconte candidement la maman, Béatrice Esteval, croisée à la clinique pour grands brûlés où elle berçait la petite Magnolita, qui avait la tête couverte de pansements.
Le séisme a fait plus de 250 000 morts, selon l'ONU. En outre, plus de 1,5 million de personnes vivent dans des camps depuis plus de quatre mois, dans la promiscuité et les pénuries de toutes sortes. La destruction d'une partie des maisons et des immeubles de Port-au-Prince a aussi laissé des câbles et des fils électriques qui traînent encore autour des structures à moitié démolies, dans la rue, sur les terrains. Là où les enfants ont, depuis, recommencé à jouer.
Clinique temporaire
Les cas de brûlures causées par l'électrocution, le feu ou l'eau bouillante sont en hausse depuis la catastrophe.
Tellement que Médecins sans frontières a ouvert, début avril, une clinique temporaire exclusivement pour les grands brûlés, une première au pays.
«La majorité des cas sont des accidents domestiques», explique Michèle Beck, responsable terrain au Centre Saint-Louis, immense hôpital fait de tentes gonflables stérilisées et de structures semi-permanentes, installées sur le terrain de soccer d'une école secondaire chrétienne de Port-au-Prince.
La clinique des grands brûlés, qui comptait 7 lits au début, peut maintenant, un mois après son ouverture, accueillir 27 patients.
«On a une majorité d'enfants. Et qui dit enfants dit prise en charge de la douleur, souligne Mme Beck. On a installé un bloc opératoire où on peut faire les pansements sous anesthésie.»
Un chirurgien-plasticien s'occupe des greffes de peau, et un kinésithérapeute de la réadaptation.
Avec un peu de chance et beaucoup de travail, Magnolita et les autres petites victimes de l'aile pédiatrique, remplie à craquer, ne garderont peut-être pas de séquelles autres que la décoloration de leur peau à certains endroits.
Risques de rétraction
«Là où il faut faire très attention, surtout avec les tout-petits, c'est avec les risques de rétraction», explique Michèle Beck, infirmière de formation. Les enfants blessés ont le réflexe de garder immobile la partie du corps où ils ont mal, ce qui peut entraîner des conséquences à moyen et à long terme pour la peau, qui perd de son élasticité après une brûlure, et pour les muscles qui ne seront pas sollicités et qui risquent de s'atrophier, précise-t-elle. D'où l'importance du travail réalisé par le kinésithérapeute.
Dans les pays occidentaux, les traitements de réadaptation pour les grands brûlés peuvent s'étendre jusqu'à l'âge de 18 ans, parce que les enfants poursuivent leur croissance et que leurs blessures doivent s'adapter. En Haïti, où 40% de la population n'avait déjà pas accès à des soins médicaux avant le séisme, c'est souvent sur les organisations humanitaires internationales que repose le fardeau. Si Médecins sans frontières est engagé pour le long terme en Haïti, reste à voir combien de temps ses installations temporaires du Centre Saint-Louis resteront en place.
http://www.cyberpresse.ca/international/amerique-latine/seisme-en-haiti/la-presse-en-haiti/201005/22/01-4283017-la-souffrance-des-petits-grands-brules.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_seisme-en-haiti_557239_section_POS3

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