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mercredi 14 avril 2010

Etat d’urgence/CIRH : séance avortée au Sénat

Furieux après ce faux-pas, les Sénateurs de Inite, qui n’ont pas pu réunir le quorum, s’en prennent à leurs collègues de l’opposition ; ces derniers, soutenus par quelques dizaines de manifestants, entendent bloquer le vote de la loi sur l’état d’urgence et la CIRH en raison de l’inconstitutionnalité du texte

mardi 13 avril 2010, Radio Kiskeya

La séance de ratification de la prolongation de 18 mois de la loi sur l’état d’urgence, cruciale pour la mise en place de la Commission mixte intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (CIRH), n’a pu se tenir, faute de quorum, mardi au Sénat où une dizaine d’élus opposés au texte qualifié d’inconstitutionnel ont boycotté les débats.
Constatant l’échec de la convocation, le président du Sénat, Kély Bastien, a dû reporter la séance sans pouvoir fixer une nouvelle date.
Les Sénateurs contestataires ont illustré leur refus catégorique de mettre les pieds dans la salle de séance en rejoignant plusieurs dizaines de manifestants à l’entrée de l’académie de police nationale, siège provisoire du Parlement.
Rudy Hérivaux, élu dans l’Ouest sous la bannière de Fanmi Lavalas, a exigé l’ouverture de négociations avec l’Exécutif afin que le projet de loi soit voté dans des termes qui garantissent le maintien des attributions du Parlement comme instance de contrôle.
Cette question a d’ailleurs fait l’objet d’une rencontre entre des Sénateurs haïtiens et leur homologue américain Robert Kerry (Nebraska) qui a promis, une fois rentré à Washington, d’engager des efforts dans le but d’obtenir une éventuelle révision du statut de la CIRH.
Par ailleurs, le Sénateur Hérivaux a exhorté les autorités à prêter la plus grande attention aux manifestations de rue antigouvernementales annoncées qui pourraient faire dégénérer la situation déjà extrêmement difficile que vit le pays.
Encore plus offensif, son collègue Evallière Beauplan (PONT/Nord-Ouest) prévient qu’il n’approuvera en aucun cas le projet de loi sur l’extension de l’état d’urgence et la création de la CIRH, un document contraire à l’esprit et à la lettre de la constitution.
Huit autres Sénateurs sont restés campés sur leur position : Youri Latortue (AAA/Artibonite, nord), Willy Jean-Baptiste (AAA/Artibonite), Andris Riché (OPL/Grand’Anse, sud-ouest), Joseph Pierre-Louis (OPL/Nippes, sud-ouest), Mélius Hyppolite (OPL/Nord-Ouest), Eddy Bastien (Alyans/Nord-Ouest), Jean William Jeanty (Konba/Nippes) et Judnel Jean (Fusion/Nord-Est).
Deux autres Sénateurs proches du bloc dit des "13", Edmonde Supplice Beauzile (Fusion/Centre) et Maxime Roumer (Eskanp/Korega/Grand’Anse, sud-ouest) étaient portés manquants.
Pour leur part, retranchés dans l’enceinte du Parlement, les quinze Sénateurs de la nouvelle coalition présidentielle Inite pestaient contre le camp rival après avoir attendu en vain pendant des heures l’arrivée providentielle du 16e membre du Grand Corps nécessaire au quorum.
Intervenant lors d’une conférence de presse improvisée, Joseph Lambert (Sud-Est/Inite), ancien président du Sénat, a déploré l’absence des "opposants" et fustigé leur attitude qui, estime-t-il, menace de faire perdre à Haïti l’occasion de se relever de la catastrophe du 12 janvier.
Pour sa part, le Sénateur Jean Rodolphe Joazile, élu de la Fusion des sociaux-démocrates, mais, très proche du parti officiel, encourage ses pairs à participer aux débats. Selon lui, personne dans l’assemblée n’aurait pour l’instant une position arrêtée sur l’état d’urgence et la Commission pour la reconstruction.
Le Sénateur Jean Hector Anacacis (Inite/Ouest) a eu une brève altercation avec les manifestants venus s’opposer à toute éventuelle adoption de la loi à l’appel d’organisations politiques et sociales de l’opposition. Les Députés Jean David Génésté (Alyans/Cayes-Ile-à-Vaches, Sud), Steven Benoît (Alternative/Pétion-Ville, Ouest), Arcluche Louis-Jeune (OPL/Alternative/Dame-Marie, Grand’Anse, sud-ouest) se trouvaient dans les rangs des protestataires tout comme les chefs de parti Charles-Henry Baker (Respect), Me Reynold Georges (ALAH) et Me Osner Févry (PDCH).
Ils voient tous dans le projet de loi du Président René Préval une tentative de "mise sous tutelle" du pays et invitent leurs concitoyens à se rallier en conséquence au mouvement d’opposition naissant.
Lundi, plusieurs dizaines de personnes avaient manifesté aux Cayes (Sud) et réclamé pour la première fois la démission et l’arrestation du chef de l’Etat accusé de conduire le pays à la faillite.
Fort d’un vote massif de la Chambre basse la semaine dernière, René Préval avait estimé lundi qu’un rejet de la Commission intérimaire pour la reconstruction représenterait un coup fatal pour Haïti.
Co-présidée par l’ancien Président américain et actuel émissaire spécial de l’ONU, Bill Clinton, et le Premier ministre Jean-Max Bellerive, la très controversée CIRH doit piloter, pendant 18 mois, le processus de reconstruction post-séisme avec une enveloppe de 5,3 milliards de dollars promise par la communauté internationale.
Le tremblement de terre du 12 janvier a officiellement fait plus de 230.000 morts, 300.000 blessés et 1,2 million de sinistrés, selon les autorités. spp/Radio Kiskeya
http://www.radiokiskeya.com/spip.php?article6701

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