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mardi 9 mars 2010

8 mars : Les féministes haïtiennes entre désolation et détermination

Les autorités haïtiennes, la Gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean, et les organisations féministes se souviennent des militantes Magalie Marcelin, Myriam Merlet et Anne-Marie Coriolan emportées par le séisme

lundi 8 mars 2010, Radio Kiskeya


La commémoration de la journée internationale de la femme -qui coïnicidait avec le centenaire de la première mobilisation des femmes de l’histoire, a eu lundi en Haïti une tonalité toute particulière avec une cérémonie officielle organisée en présence de la Gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean, et un hommage appuyé des organisations féministes à trois grandes figures du mouvement disparues dans le séisme du 12 janvier.

Sur le site déblayé qu’occupait, avant la tragédie, le ministère à la condition féminine et aux droits de la femme, le chef d’Etat honorifique du Canada a mis en avant leur rôle central dans l’organisation sociale et familiale pour inviter les femmes haïtiennes à s’armer de courage et à s’impliquer dans le processus de reconstruction nationale.

La nouvelle dynamique qui doit être enclenchée n’aura aucune chance d’aboutir si la population féminine n’y est pas associée, a averti Michaëlle Jean qui avait à ses côtés Gérald Tremblay, maire de Montréal et vice-président de l’Association internationale des maires francophones, le maire de Port-au-Prince, Jean-Yves Jason Muscadin et son assesseure Marjorie Augustin.

Avouant la brutalité du choc qu’elle avait reçu le 12 janvier, en voyant à la télévision des quartiers de son pays d’origine quasiment rayés de la carte, la Gouverneure a rappelé que l’une des féministes tuées, Magalie Marcelin, était la marraine de sa fille.

Pour sa part, la ministre à la condition féminine, Marjorie Michèle, a salué la mémoire des nombreuses femmes appartenant à différents horizons sociaux et professionnels qui ont péri dans la catastrophe. Elle a notamment évoqué des noms comme Mirna Narcisse Théodore, la directrice générale du ministère qui aurait célébré lundi un nouveau printemps, Magalie Marcelin, dirigeante de Kay Fanm, Myriam Merlet, responsable de ENFOFANM et le cas des étudiantes de deux promotions mortes à l’école nationale des infirmières qui s’était littéralement effondrée.

Yolette Mengual, membre du cabinet particulier de la ministre, a encouragé Michaëlle Jean à appuyer de tout son poids un plaidoyer qu’a fait Marjorie Michèle, la semaine dernière à Washington, en faveur de la nécessaire participation féminine à la reconstruction d’Haïti.

Michaëlle Jean a aussi pris le temps de danser et de chanter en créole une chanson engagée, "Lè na libere Ayiti va bèl" de Farah Juste, qu’interprétait la chanteuse Barbara Guillaume.

Parallèlement à cette célébration très officielle du 8 mars, la Coordination nationale de plaidoyer pour les droits des femmes (CONAP), sous l’impulsion des organisations membres, Solidarite Fanm Ayisyen (SOFA), Kay Fanm et ENFOFANM, rendait un hommage terriblement émouvant aux leaders du mouvement féministes emportés par la secousse sismique.

Devant une assistance imposante réunie au local de la CONAP, Olga Benoît, Evelyne Larrieux, Carole Pierre-Paul Jacob (trois dirigeantes de la SOFA) et Yolette Jeanty (responsable de Kay Fanm) ont, tour à tour, brossé le portrait et mis en relief l’engagement sans concession des disparues dans la lutte pour le changement social, l’équité de genre et l’affirmation des femmes dans toutes les sphères de décision.

L’irresponsabilité de l’Etat a été également mise en cause dans la brutale disparition de ces vaillantes féministes.

La consternation était à son comble lorsque Maïlé, la fille unique de Magalie Marcelin, s’est adressée, la voix larmoyante, à une assistance dans laquelle on distinguait la ministre de la culture et de la communication, Marie-Laurence Jocelyn Lassègue, le Secrétaire d’Etat à l’intégration des handicapés, Dr Michel Péan, les ex-Premiers ministre Michèle Pierre-Louis et Rosny Smarth, l’ancienne ministre de la culture, Magali Comeau Denis et la dirigeante du RDNP et de la Plateforme des patriotes haïtiens (PLAPH), Myrlande Hyppolite Manigat.

Etaient également présentes des déléguées d’organisations féministes venues de la République Dominicaine, de la Martinque et du Canada. spp/Radio Kiskeya

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