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mercredi 24 février 2010

Mille camions pendant mille jours pour déblayer Port-au-Prince

Publié le 23 février 2010 à 09h07 | Mis à jour le 23 février 2010 à 11h25
Michael Smith Agence France-Presse
Port-au-Prince
Déblayer les montagnes de décombres laissées par le séisme à Port-au-Prince équivaudra à remplir un millier de camions pendant mille jours, mais pour l'heure, les Haïtiens s'attaquent aux gravats à l'aide de pelles.
Sur le site d'un centre commercial en ruines, une équipe de déblayeurs, parmi lesquels quelques femmes en jupe, s'active à ramasser les ruines. Pas la moindre pelleteuse à l'horizon dans la ville au million de sans-abri.
«C'est juste pour bénéficier aux chômeurs», explique Robert Jean Louis, le chef d'équipe, précisant que les déblayeurs, employés par l'association humanitaire CHF International, gagnent moins de 4 euros par jour. Quant aux équipements lourds, ils arriveront «peut-être dans un mois, peut-être dans plus longtemps, peut-être moins», ajoute-t-il.
Il y a pourtant urgence: s'ils ne sont pas dégagés avant la saison des pluies, attendue à partir d'avril ou mai, égouts et canaux risquent de déborder et d'inonder les camps de sinistrés qui parsèment la capitale haïtienne depuis le tremblement de terre du 12 janvier.
Une vingtaine de camps de fortune situés dans la ville basse de Port-au-Prince sont plus directement menacés. Des pluies tropicales se sont déjà abattues sur la capitale depuis une dizaine de jours, réveillant les Haïtiens sous leur tente.
«Le système d'évacuation des eaux va être engorgé si les débris ne sont pas nettoyés», avertit le colonel américain Gregory Kane, membre de la mission dépêchée par le président Barack Obama pour venir en aide à Haïti après le séisme qui a fait au moins 217 000 morts.
D'après lui, Haïti et sa voisine, la République dominicaine, disposent à présent de suffisamment de camions à benne pour assurer les travaux de déblaiement. Reste à savoir s'ils auront le temps d'intervenir avant les pluies.
Dégager les décombres, qui recèlent encore des cadavres, permettra aussi de faire de la place pour les tentes des sinistrés. C'est même la priorité, explique le général Nicolas Matern, commandant adjoint de la force conjointe pour Haïti, qui redoute des épidémies dans les camps actuellement surpeuplés.
D'après le général Matern, le séisme a laissé pas moins de 20 à 25 millions de mètres cubes de gravats. «C'est l'équivalent de cinq stades géants ou encore d'un millier de camions pendant 1 000 jours», calcule le militaire canadien.
Sur le tas de ruines du centre commercial, les déblayeurs portent des masques pour se protéger de la poussière de ciment qui s'envole à chaque coup de pioche et pour ne pas trop sentir l'odeur rance qui monte des ruines.
Les ouvriers se disent heureux d'avoir du travail, même si la paye est faible. Quant à Robert Jean Louis, il explique que leur travail n'est que le début d'un processus. «On a plusieurs sites à débloquer. Il va surtout falloir débloquer le canal pour que l'eau puisse circuler».
http://www.cyberpresse.ca/international/amerique-latine/seisme-en-haiti/201002/23/01-954410-mille-camions-pendant-mille-jours-pour-deblayer-port-au-prince.php

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