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jeudi 12 novembre 2009

Les Premiers ministres haïtiens en un coup d’oeil

Mercredi 11 novembre 2009, Radio Kiskeya

Les débuts mercredi du 15e Premier ministre haïtien, Jean-Max Bellerive, marquent un nouveau tournant dans la vie tumultueuse de la Primature, une institution politique, au rôle rarement bien compris, introduite par la constitution de 1987.

En principe, centre stratégique des activités gouvernementales, il est l'expression de la représentation bicéphale de l'Exécutif et de la volonté des constituants de limiter les pouvoirs du chef de l'Etat dans un pays trop longtemps marqué par les dérives de l'hyperprésidentialisation du pouvoir.

Avant l'arrivée supersonique de Bellerive, nommé, ratifié et installé en moins de deux semaines, quatorze autres Premiers ministres avaient conduit la politique de la nation aux côtés d'un chef d'Etat.

Du premier et plus éphémère, Me Martial Célestin (trois mois en 1988) aux recordmen de la longévité, Gérard Latortue (plus de deux ans, mars 2004-mai 2006) et Jacques Edouard Alexis (près de quatre ans cumulés), le poste de Premier ministre a été souvent symptomatique d'un pays dépourvu de culture démocratique, en mal de modernité, trop habitué au déséquilibre des pouvoirs et au leadership absolu des solistes. Légitimes ou de facto, démocrates convaincus ou apprentis-sorciers, les occupants de ce siège éjectable ont été rares à laisser un bilan relativement acceptable ou des souvenirs heureux à leurs gouvernés.

Déjà Premier ministre et deux fois ministre, Jacques-Edouard Alexis, devenu triomphalement le 9 juin 2006 le treizième chef de la Primature, devait quitter sans gloire la Villa d'Accueil au lendemain de sa destitution par le Sénat dans la foulée des émeutes de la faim ayant déstabilisé le pays et écorné l'image du gouverment.

Voici la liste complète des Premiers ministres haïtiens :

1. Martial Célestin (fév.1988-juin 1988), sous la Présidence de Leslie F. Manigat, renversé en même temps que lui par un coup d'Etat militaire fomenté par le général Henry Namphy.

2. René Préval (mars 1991-septembre 1991), sous la Présidence de Jean-Bertrand Aristide. Les deux hommes sont éjectés, le 30 septembre 1991, lors d'un putsch sanglant téléguidé par un du duo de choc composé du général Raoul Cédras et du capitaine Michel François.

3. Jean-Jacques Honorat (octobre 1991-juin 1992), sous le régime du Président de facto Joseph Nérette (décédé). Le jeu de doublure n'aura pas duré, ils sont lâchés en juin 1992 par les Forces Armées d'Haïti (Fad'H).

4. Marc Bazin (juin 1992-juin 1993), Premier ministre et occupant de facto de la Présidence. Comme les deux autres, un beau matin, il se fait virer par les putschistes alors en quête d'une alternative politique plus consistante après avoir presqu'épuisé toutes leurs cartes.

5. Robert Malval (septembre 1993-octobre 1994), sous la Présidence constitutionnelle de Jean-Bertrand Aristide, après l'échec du protocole d'accord de Washington qui faisait du leader du Mouvement pour la Reconstruction Nationale (MRN), René Théodore, le Premier ministre pressenti. Démissionnaire depuis décembre 1993 en raison de profonds désaccords avec Aristide, sans avoir jamais pu gouverner, il resta à son poste jusqu'au retour au pouvoir de ce dernier, le 15 octobre 1994, grâce à une intervention militaire américaine. Un membre du gouvernement Malval, Me Guy Malary, ministre de la justice, sera abattu en pleine rue par des tueurs à gage de l'armée, le 14 octobre 1993.

6. Smark Michel (novembre 1994-novembre 1995), ancien ministre sous Aristide en 1991, il devient son Premier ministre après l'opération retour menée par 20.000 soldats d'une force multinationale à dominante américaine. Poussé vers la sortie par Aristide à l'élection de qui il fut pourtant l'un des rares hommes d'affaires à avoir contribué, en 1990, Michel jette l'éponge en novembre 1994.

7. Claudette Werleigh (novembre 1995-février 1996). Première femme de l'histoire d'Haïti à devenir chef de gouvernement, elle a été également ministre des affaires sociales et des affaires étrangères. Locataire très effacée de la Villa d'Accueil où elle resta en fonction jusqu'à la fin du mandat d'Aristide, le 7 février 1996, Madame Werleigh a depuis abandonné la vie politique pour s'installer à l'étranger.

8. Rosny Smarth (mars 1996-juin 1997). Membre de la coordination nationale de l'Organisation Politique lavalas, devenue après sa rupture avec Aristide Organisation du Peuple en Lutte, le premier Premier ministre de René Préval est progressivement mis en difficulté et ne parvient pas à gérer les divergences politiques existant entre son parti et le chef de l'Etat, resté fidèle à son mentor ...Jean-Bertrand Aristide. Les élections législatives partielles très contestées de 1997 et largement favorables au nouveau parti d'Aristide, Fanmi Lavalas, marquent la rupture définitive au sommet de l'Etat et Rosny Smarth démissionne le 9 juin 1997.

Mais, son remplaçant tarde à arriver. Pendant près de deux ans, René Préval porte pratiquement la double casquette de Président et de Premier ministre.

9. Jacques-Edouard Alexis (mars 1999-février 2001). Le ministre de l'éducation nationale est promu Premier ministre après les échecs successifs de deux autres candidats, Eric Pierre et Hervé Denis (décédé). Alexis s'aligne totalement sur son Président, René Préval, et n'hésite pas à décocher des flèches contre différents secteurs de l'opposition. Son administration est marquée par l'assassinat du directeur de Radio Haïti Inter et proche conseiller du chef de l'Etat, Jean Dominique et les législatives et municipales contestées du 21 mai 2000 suivies d'une présidentielle conçue sur mesure pour Jean-Bertrand Aristide, le 26 novembre de la même année. Des événements à l'origine de quatre longues années de crise et d'une nouvelle occupation étrangère, en 2004.

10. Jean-Marie Chéréstal (mars 2003-mars 2004). Après avoir beaucoup contribué à la victoire du 21 mai 2000, il obtient de l'homme fort d'Haïti la récompense suprême. Mais, très vite les nuages s'accumulent et Chéréstal déchante. Son gouvernement sombre dans l'immobilisme et fait les frais de l'appétit vorace des parlementaires Lavalas et des agitations intempestives des fameuses OP (organisations populaires) qui se considèrent comme les chiens de garde du régime. Un bras de fer avec son ministre de l'intérieur, Henri-Claude Ménard, au service d'immigration, confirme la perte d'autorité de Chéréstal. Le Premier ministre s'en va à la cloche de bois et passera surtout à la postérité comme le premier locataire de la "Ashton Villa", du nom de Mark Ashton, l'ancien propriétaire américain de cette résidence luxueuse où le chef du gouvernement avait élu domicile. Acquise par l'Etat haïtien pour la coquette somme de plus d'un million de dollars américains, cette maison est aujourd'hui la résidence du Président Préval.

11. Yvon Neptune (mars 2002-mars 2004). L'ancien chef du gouvernement Lavalas, emprisonné en juin 2004, puis inculpé dans le dossier du massacre de La Scirie (St-Marc), sortira de prison sans avoir été jugé. Dernier Premier ministre d'Aristide après avoir présidé un Sénat monocolore contesté, il a été à la fois acteur et témoin privilégié des dérives totalitaires ayant conduit à la chute du dirigeant Lavalas, le 29 février 2004. L'on retiendra très peu de choses de la gestion de Neptune si ce n'est son discours au vitriol contre le secteur privé des affaires et la société civile- et une fidélité sans faille au "grand leader". Resté toutefois au pouvoir de longs jours après le renversement de Jean-Bertrand Aristide, Neptune avait promis d'être un "éternel opposant" au nouveau gouvernement intérimaire (2004-2006).

12.-Gérard Latortue (mars 2004-mai 2006). Bizarrement préféré à des candidats bien enracinés dans le pays, Latortue a malgré un CV impressionnant assorti d'une longue expérience de haut fonctionnaire dans les institutions onusiennes, échoué sur bien des plans, selon une idée largement répandue dans l'opinion publique. Tout puissant aux côtés du Président provisoire, Boniface Alexandre, à qui il n'avait cessé de faire de l'ombre, sa vision et sa faible capacité d'écoute devaient contribuer à compliquer davantage l'équation politique que le gouvernement de transition avait à résoudre.

13.-Jacques Edouard Alexis (deuxième version) 9 juin 2006-12 avril 2008

14.-Michèle Duvivier Pierre-Louis (septembre 2008-30 octobre 2009)

15.-Jean-Max Bellerive (11 novembre 2009- ?) spp/Radio Kiskeya

http://www.radiokiskeya.com/spip.php?article2198

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