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dimanche 21 juin 2009

René Préval reconnaît que “le peuple ne s’est pas mobilisé”, lors du second tour

Invitant implicitement la classe politique à faire son autocritique, le Président affirme que l’abstention massive constatée ne signifie pas "l’adhésion" des citoyens au mot d’ordre de boycott de certains partis ; incidents sanglants en province et affrontements entre étudiants et policiers à Port-au-Prince

Le Président René Préval a appelé ses concitoyens à prendre part au second tour des sénatoriales partielles face au taux d’abstention très élevé qu’il a lui-même constaté sur un ton critique vis-à-vis de la classe politique, peu après avoir voté dimanche en milieu de matinée au Lycée Marie-Jeanne, un centre de vote situé dans le centre de Port-au-Prince.

“J’invite le peuple à voter même si ce n’est pas contraignant”, a indiqué le chef de l’Etat en invitant la classe politique à un examen de conscience, dans une brève déclaration devant des journalistes présents. “La classe politique devrait s’interroger sur cette abstention, car lorsque le peuple veut voter, il s’exprime”, a estimé M. Préval.

Dans la foulée, il affirme que les leaders politiques ayant appelé au boycott du scrutin ne doivent pas se méprendre sur la faible mobilisation de l’électorat. “ Ils ne doivent surtout pas se dire que la population a suivi leur mot d’ordre en refusant de voter”, a conclu le Président qui, au passage, a rappelé l’importance des pouvoirs constitutionnels que détient le Parlement et la nécessité de combler les sièges vacants au Sénat.

Ecarté du processus électoral, le parti Fanmi Lavalas de Jean-Bertrand Aristide, principal artisan de la réélection de René Préval en février 2006, a notamment souhaité un boycott du scrutin de dimanche à travers “l’opération portes clouées”.

Arrivé à bord d’un véhicule banalisé, le chef de l’Etat a été pratiquement été le seul électeur à avoir voté jusqu’en milieu de matinée au lycée Marie-Jeanne, un centre de vote qui compte plusieurs bureaux dont chacun dispose d’une liste de 400 électeurs potentiels.

Ces élections, qui doivent permettre de renouveler 11 des 12 sièges vacants au Sénat, accusaient à la mi-journée une participation populaire extrêmement faible, particulièrement dans les principales villes du pays où de graves incidents ont été signalés par endroit. A Port-au-Prince, très peu d’électeurs se sont rendus aux urnes malgré l’autorisation de la circulation des véhicules qui avait été interdite lors du premier tour, le 19 avril, également marqué par une abstention massive. En revanche, beaucoup d’églises catholiques et protestantes étaient remplis de fidèles qui assistaient au traditionnel service dominical. D’autres gens vaquaient librement à leurs occupations.

La situation était globalement calme à la capitale sauf dans le voisinage immédiat de la faculté de médecine de l’Université d’Etat d’Haïti (centre) où des étudiants, en grève depuis plus d’un mois, affrontaient la police à coups de pierres. Déployées autour du bâtiment, des unités anti-émeutes de la PNH lançaient des grenades lacrymogènes contre les positions des étudiants après avoir éteint des barricades de pneus enflammés érigées très tôt sur la chaussée.

Le plus grave incident a été enregistré dans la Grand’Anse (sud-ouest) où un membre présumé de la Fusion des sociaux-démocrates, Wilfrid Jean-Pierre alias “Ti Tonton”, a été lynché à la suite de violents affrontements entre les partisans de cette formation politique et ceux de Lespwa, la plateforme au pouvoir.

A Jacmel (Sud-Est), au moins une personne a été blessée par balle au cours d’un autre incident lié à la journée électorale.

Aux Cayes (Sud), des partisans déclarés de l’UCCADE, dont le candidat Benoît Laguerre affrontait le représentant de Lespwa, Francky Exius, ont proféré des menaces de mort contre le conseiller électoral Jacques Belzin chargé de la supervision des opérations dans la région.

Onze des douze sièges vacants du Sénat sont à pourvoir dans tous les départements géographiques du pays, sauf le Plateau Central (Centre) où le premier tour avait dû être annulé en raison de graves violences électorales. Lespwa, qui avait porté René Préval au pouvoir pour un second et dernier mandat en 2006, était en ballottage favorable dans la plupart des régions. spp/Radio Kiskeya

http://www.radiokiskeya.com/spip.php?article5977

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