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samedi 20 septembre 2008

A l'HUEH, des patients attendent la Providence

Plusieurs patients venus des Gonaïves attendent une intervention de la providence à l'HUEH en vue de renouer avec la vie. Mais la pénurie de moyens dans cet hôpital prolonge leur attente en dépit de leur attachement à la vie.
Ils sont tous des patients venus de l'hôpital La Providence des Gonaïves, cette ville aux 300 mille habitants située à 152 km au nord-ouest de la capitale. Ils ont été admis le même jour ou presque à l'Hôpital de l'Université d'Etat d'Haïti. Leur âge varie de 0 à 73 ans. Ils ont tous été héliportés vers Port-au-Prince, le 6 septembre, par des soldats de la MINUSTAH trois jours après l'inondation, le 3 septembre en cours, du plus grand centre hospitalier public de cette ville. Ils ne veulent pas mourir et s'accrochent tous à la vie, en dépit du fait que certains de leurs proches ont été emportés par les eaux en furie.A leur arrivée à l'Hôpital de l'Université d'Etat d'Haïti (HUEH), il y a environ trois semaines, la plupart d'entre eux n'avaient aucun parent à Port-au-Prince. Ils avaient reçu des soins intensifs au service des Urgences, avant d'être acheminés vers d'autres services : cinq (5) au service d'orthopédie, et cinq autres à la pédiatrie. Entre eux, il y a un dénominateur commun: ils viennent tous de la Cité de l'Indépendance, la ville sévèrement touchée à deux reprises, en l'espace de quatre ans, par des tempêtes tropicales, en septembre 2004 et en septembre 2008.

Allongés sur le dos, les cinq patients admis au service d'orthopédie de l'HUEH, dont un homme amputé de ses deux pieds, attendent avec impatience le moment où ils pourront subir une intervention chirurgicale. Un destin communAutre dénominateur commun, avant leur transport à l'HUEH à Port-au-Prince, les patients transférés au service d'orthopédie avaient tous été admis à l'hôpital La Providence après avoir été victimes de l'effondrement d'un pan de mur pendant le passage de l'un des ouragans sur la Cité de l'Indépendance. Au départ, ils étaient six à être admis à ce service. Mais l'un d'entre eux, Madame Marie Jean-Pierre, une septuagénaire, est décédée à l'hôpital parce qu'elle n'avait aucun proche pour s'occuper d'elle.


« De fines gouttelettes de pluie tombaient sur la ville. Cela paraissait anodin, mais tout le monde était sur le qui-vive après ce qui s'est passé en 2004 », se souvient Roosevelt Desrosiers, frère de Guerline Desrosiers, une jeune femme de 25 ans qui a accouché avant terme à la suite des souffrances endurées. Elle était admise à l'hôpital après une fracture fémorale.

Un récit de l'inondation - « L'eau montait incessamment. Il était 2 heures du matin environ. Un médecin a demandé aux parents présents de transférer les patients du rez-de-chaussée à l'étage supérieur. Du premier étage, nous sommes montés sur le toit. Et c'est là que nous avons passé trois jours et trois nuits sous la pluie », se souvient encore Roosevelt. C'était le sauve-qui-peut. Un patient qui n'avait pas de parent à ce moment-là pour l'évacuer est décédé.En essayant de grimper tout seul sur le toit avec sa sœur en pleine ceinture sous les bras, il a fait une chute et le fémur fracturé de sa sœur a cédé. « Toutes nos ressources ont été, dit-il, soit épuisées à force d'acheter des médicaments, soit détruites aux Gonaïves. »
A présent, Roosevelt et sa sœur n'ont plus rien et sont à la merci d'autres patients.
Guerline n'est malheureusement pas la seule patiente venue des Gonaïves à être en situation difficile. Mis à part Emmonia Informé, dont des parents résidant à l'étranger prennent soin d'elle, tous les autres peinent à exécuter les ordonnances médicales.
Des clous de Kunetsches pour l'HUEH -
Emmanuella Gustinville, une élève de seconde âgée de 18 ans, a elle aussi été admise à l'orthopédie. Elle a failli perdre pour toujours l'usage de son pied gauche. Souriante même dans la souffrance, elle attend encore de subir une intervention chirurgicale. Opération improbable pour nombre d'autres patients. Une cousine à Port-au-Prince lui vient en aide, mais les moyens de celle-ci sont limités.Trois autres patientes en orthopédie, victimes aux Gonaïves d'une fracture fémorale - dont Guerline Desrosiers et Emmonia Informé -, attendent aussi cette intervention. Cependant, l'hôpital ne dispose plus de clous de Kunetsches indispensables à la réalisation de cette intervention, selon le directeur médical de l'HUEH, Dr Jean-Ronald Cornély. Alités, ces patients du service orthopédie, hommes et femmes, sont dans l'attente. Une attente qui risque d'être longue si ces clous devenus rares sur le marché haïtien ne sont pas commandés en urgence.Samuel BAUCICAUTsamuelbaucicaut@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=62399&PubDate=2008-09-20

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Toute une nation - ou ce qui en reste- attend la Providence. La proliférations des églises protestantes doit sans doute être le résultat de la situation du pays. On ne peut rien attendre de personne si ce n’est que de Dieu.
Les haïtiens sont aujourd’hui capable de prétendre faire bouillir de l’eau sans le feu. Ils l’ont surtout démontré quand ils ont élu l’actuel président de la République qui se vantait de faire une campagne électorale sans programme ni de projet de gouvernement.