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lundi 7 juillet 2008

Une traversée à choix multiples

« Ton argent détermine le niveau de ta sécurité et la durée du voyage en mer »Hormis la voie aérienne, aller à La Gonâve peut être aussi agréable que dangereuse, aussi rapide que lent. Le type de navire fréquenté détermine le niveau de sécurité et la durée de la traversée. On a le choix entre le voilier, le bateau à moteur et le yacht.
Régine a 22 ans, elle est de La Gonâve. Pendant les vacances d'été, elle laisse Port-au-Prince pour aller voir sa mère à Anse-à-Galets. A bord d'un bateau à moteur, ''Vierge Caridad'', à destination de l'île de La Gonâve. La jeune fille nous a raconté ses expériences en mer et le fonctionnement du trafic maritime dans la zone. « Je voyage très souvent par mer, puisque je vis en transit entre Port-au-Prince et La Gonâve.

Nous disposons maintenant de deux bateaux à moteur, quelques voiliers, et de plusieurs yachts », a-t-elle affirmé. Ce bateau à moteur qui normalement peut transporter 135 personnes au maximum en transporte beaucoup plus.Il est midi moins 10 minutes, presque tous les passagers sont à bord. Le temps est magnifique ce samedi 28 juin. ''Vierge Carinad'' va lever l'ancre dans quelques minutes. Seule condition pour y prendre place, s'il y en reste, c'est d'avoir son billet de 250 gourdes. Aucun contrôle sur les affaires des passagers. Tout se mélange à l'intérieur du navire. Les passagers sont entrelacés, pas de places particulières pour les marchandises. Des marchands ambulants font le va-et-vient
La chaleur augmente d'intensité graduellement. Sous les sièges, quelques gilets de sauvetages sont remarqués, mais visiblement insuffisants face au nombre élevé de passagers. Avec des sièges alignés et d'autres faisant le tour à l'intérieur du navire, la chaleur fait monter la tension et des disputes éclatent pour un rien. Les quatre petits ventilateurs placés à un certain niveau sont nettement insuffisants pour aérer la salle bien que les fenêtres soient ouvertes. Midi. ''Vierge Carinad'' quitte le port de Montouis. Peu à peu, le navire s'éloigne des côtes de la capitale. « Si tout se passe bien on devrait arriver à la Gonâve à 1 heure et 15 minutes », a dit Régine visiblement décontractée. A bord du navire, deux téléviseurs qui ne fonctionnent pas. Selon la jeune fille, on avait l'habitude de passer des films pour distraire les passagers pendant la traversée, ils sont tombés en panne depuis un certains temps. Pour tuer le temps, un homme chante et joue avec ses mains un instrument imaginaire, ce qui a manifestement plu aux passagers qui l'applaudissent à chaque morceau. Tout le monde parait très confiant.

« Les accidents en mer ne sont pas fréquents ici, mais ça peut arriver que le bateau tombe en panne en pleine mer, quand cela arrive, on fait appel à un autre navire pour venir chercher les passagers et les conduire sur terre ferme », a expliqué Régine qui garde toujours en tête la catastrophe de 1997 où Fierté Gonâvienne, le plus gros vaisseau de l'époque, a fait naufrage avec plusieurs dizaines de personnes.La zone la plus dangereuse dans la traversée est la Grosse Pointe, appelée ainsi à cause de l'agitation violente de la mer même en temps normal.Une heure 10 minutes, le capitaine s'adresse enfin aux passagers: « Merci d'avoir choisi''Vierge Carinad'', nous allons arriver dans 10 minutes, au revoir et à bientôt », a-t-il conclu. « Ça y est, on a réussi », a rétorqué un passager satisfait du voyage.
Pour la traversée, on peut prendre le Yacht pour 375 gourdes et qui met seulement 35 minutes pour effectuer le voyage. Un autre, moins sécurisant et plus lent, le voilier, met plus de deux heures pour la traversée, on paie 175 gourdes. Dans cette catégorie, rien n'est respecté, pas de gilets de sauvetage, ni radio de communication. Les passagers sont livrés à la merci de la nature. « Santi bon koute chè », nous a dit Régine d'un ton ironique.
Robenson Geffrard

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