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samedi 2 février 2008

EN HONNEUR A LA VERITE...JOPI INTERPELLE ....MISE AU POINT DE PHILIPP! ...CA SE PASSE SUR MOUN.COM

Nous avions été particulièrement frappé par la publication de cet article du Nouvelliste sous la plume d’un être humain qui s’est laissé emporté par le côté émotionnel et mélodramatique de la mésaventure de cette fillette et de sa famille et qui s’est laissé entraîné dans un labyrinthe de contrevérités fatales pour le côté critique et scientifique que requiert le métier de journaliste.
Nous avions publié l’article avec des commentaires mesurés se basant sur nos connaissances globales de la médecine et de cette pathologie en laissant le soin aux hématologues et oncologue pédiatrique la part du lion pour éclaircir définitivement les erreurs du journaliste malgré lui.
Les habitués du site à la mode « MOUN » (
http://www.moun.com) se faisant appeler « MOUNISTES » ont réagi avec une mise au point de très haute teneur scientifique qui vaut mieux que la peine car l’idée qui était retenue du sujet du journaliste c’était : une extraction dentaire mal faite a provoqué un cancer du sang chez une fillette de 9 ans.

Voici donc la mise au point d’un MOUNISTE qui semble bien dominer le sujet.
Bonne lecture.

Course contre la montre pour sauver Sleudny NicolasUne mauvaise extraction de dent se mue en cancer. Victime, une fillette de 12 ans dont les parents sont fauchés risque de mourir...La vie de la petite Sleudny Nicolas s'est transformée en cauchemar le jour où elle a franchi le seuil de la clinique d'un dentiste charlatan à Vaudreuil, au Cap-Haïtien. Souffrant d'une rage de dent, les parents de la capoise de 12 ans ont cru que l'extraction serait la solution. Et pourtant. Peu après cette intervention, les douleurs se sont intensifiées et la mâchoire gauche de Sleudny s'est mise à enfler.
A l'Hôpital Justinien où le père de la fillette s'est rendu, désemparé, le diagnostic était accablant : l'extraction de la dent a provoqué le développement du lymphome de Burkitt, une maladie cancéreuse. «L'extraction de cette dent par un dentiste travaillant à la Clinique dentaire Béthesda de Vaudreuil, affilié à l'Eglise protestante de la Convention baptiste se trouvant dans le Nord est la cause de mon drame », explique Lesly Nicolas, père de l'enfant. Papiers en main, Lesly Nicolas, avec une mine de déterré raconte que la progression de cette maladie empêche à sa fille de bouger la mâchoire, de manger normalement.
Crachant moult récriminations à l'égard de ce dentiste charlatan, le père de l'enfant estime que ce dernier était uniquement appâté par le gain. « Malgré diverses démarches effectuées auprès des responsables de Bethesda, aucun résultat satisfaisant n'a jusqu'à présent été trouvé », se plaint-il. Entre-temps, je n'arrête pas de dépenser. Mais après de nombreuses chimiothérapies à l'Institut haïtien d'oncologie, dit-il, une lueur d'espoir point à l'horizon pour la petite Sleudny Nicolas.
Dans cet institut, des médecins chevronnés m'ont dit que par une opération, ma fille peut encore être sauvée». Mais cette intervention, ajoute-t-il en se grattant la tête, est coûteuse. Fauché avec sur les bras sa fille qui risque de mourir, Lesly Nicolas, ayant bu tout orgueil, appelle à la générosité de tous et de chacun.En pareil cas, on se demande si le responsable de cette clinique dentaire a la compétence pour pratiquer le métier dans le pays. Le ministère de la Santé publique n'a-t-il pas son mot à dire?Pour intervenir en faveur de cet enfant, composez le (509)754-1511 ou (509)678-2364
Micholson Chéry

cherymicholson@yahoo.fr
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=53789&PubDate=2008-01-31


Salut Jopi!
Je ne m'attarderai pas sur le caractère fantaisiste et totalement hors de propos des commentaires du Nouvelliste qui s'inscrivent de manière regrettable dans un registre émotionnel qui sied mal aussi bien à la réputation de sérieux du journal qu'à la gravité de la maladie de la fillette dont il est question dans l'article.
Je me contenterai d'observer que nul n'est autorisé à coller l'étiquette de charlatan au dentiste qui a réalisé l'extraction au motif discutable que son geste aurait déclenché un lymphome de Burkitt. Je ne m'associerai donc ni à cette forme d'inquisition d'un autre âge ni à cette lapidation qui n'honore personne.
En revanche, je me permettrai d'affirmer sans la moindre ambiguité qu'il n'existe aucun lien de causalité entre l'extraction dentaire et la maladie.
La douleur dentaire a été, sans nul doute, le symptome révélateur d'un processus lymphomateux bien présent mais non encore diagnostiqué. Autrement dit, le lymphome est, sans conteste, bien antérieur à l'extraction dentaire.
Quelques considérations méritent d'être soulevées.
D'abord, les insuffisances du milieu ont fait que la fillette a été orientée vers un cabinet dentaire où "sa plainte était recevable" plutôt que vers un cabinet pédiatrique où "sa plainte aurait pu susciter les compléments d'enquête extra-dentaires susceptibles d'éclairer et d'élucider sa souffrance". Le piège, dans ce genre de situation, est la banalité ou la banalisation des symptomes qui sont, en plus, non spécifiques, ce qui me fait souvent dire à mes étudiants: "dans la pratique médicale, on ne trouve jamais par hasard, on ne trouve que ce qu'on cherche".
En cette matière, le degré d'alerte du dentiste n'est pas comparable à celui du médecin dont c'est le métier de ne pas se laisser piéger par cette banalité.
Ensuite, si lymphome il y a, sur quoi s'est-on basé pour parler de lymphome de Burkitt?
Certes, l'hypothèse est vraisemblable, mais elle nécessite avant tout d'être confirmée par des analyses immuno-histo-chimiques dont je ne suis pas sûr qu'elles puissent être pratiquées chez nous. C'est pourtant primordial, car les choix thérapeutiques en dépendent.
Autre chose, j'ai lu qu'une intervention serait nécessaire pour sauver la fillette. J'avoue que cela me laisse songeur. Le lymphome de Burkitt est habituellement très sensible à la chimiothérapie et encore plus à l'immuno-chimiothérapie, à condition d'aller vite sans se poser de question métaphysique. La chirurgie n'a jamais qu'une place limitée en matière de lymphome. Cette place se situe, non pas dans les options thérapeutiques, mais plutôt dans la démarche diagnostique, quand il faut prélever un ganglion ou un fragment de tissu tumoral profond pour porter le diagnostic.
Les lymphomes sont des maladies malignes sanguines développées aux dépens d'une catégorie de globules blances, les lymphocytes dits B ou T. Comme chacun le sait, le sang va partout dans l'organisme. Forcément, les bons lymphocytes comme les lymphocytes tumoraux peuvent aller partout.
A quoi servirait-il d'enlever chirurgicalement une masse développée aux dépens de la mâchoire si on laisse en place une autre masse intra-thoracique ou intra-abdominale?
De même, comment espérer débarrasser un malade de masses multiples, éloignées les unes des autres, sans le mutiler affreusement et lui faire plus de tort que son lymphome?
Heureusement, les médicaments utilisés en immuno-chimiothérapie vont aussi partout et sont en mesure de tuer les mauvais lymphocytes où qu'ils se trouvent (ou presque, le cerveau étant souvent infranchissable pour ces médicaments).En dernier lieu, je m'en voudrais de ne pas signaler que, pendant que nous parlons d'elle, la fillette est engagée dans une course contre la montre qui m'interpelle personnellement, pour des raisons que Jopi devinera sans peine.
Son lymphome est pourtant "curable". Il existe, dans ce domaine, des experts haïtiens disponibles pour guider les choix thérapeutiques. Ils ne demandent qu'à servir. La vie de cette fillette me tient personnellement plus à coeur que de savoir si on a bien fait de lui arracher une dent ou pas.

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