Google

jeudi 7 février 2008

7 Février 1986- 7 Février 2008…Déjà 22 ans…. hélas !

J’ai complètement oublié le sept février comme date importante de notre histoire récente. Tout le monde semble avoir omis volontairement cette date. Par dépit, déception ou simplement par volonté expresse de tourner définitivement cette page ? Avec une raison plus que justifiée, les gens ne veulent se rappeler le moment ou ils on raté l’occasion de leur vie !
Déjà 22 ans depuis que l’inimaginable s’était produit. Lé départ de Jean Claude Duvalier poussé vers la sortie par les américains, marquait la fin du régime dictatorial des Duvalier.
Ce départ, pour beaucoup inattendu, représentait beaucoup pour les haïtiens. Les deux strophes de cette chanson d’occasion de l’orchestre Tropicana d’Haïti résumaient d’une façon exhaustive la portée d’une telle date :
« 7 févriyé, avan solèy leve/Ayiti libere, dezyèm endepandans » (le sept février à l’aube, Haïti s’est libérée et à conquis une deuxième fois son indépendance). L’expérience de la liberté et de l’indépendance ne va pas toujours de pair avec le progrès et le bonheur car il faut savoir jusqu’ou aller quand on a plus les chaînes.
Les haïtiens peuvent se prévaloir aujourd’hui de beaucoup d’excuses pour justifier l’attitude de bouder cette date. Déjà, comme circonstance atténuante ils peuvent toujours brandir l’alibi de ce jeudi des cendres, les gens ont encore la tête dans le carnaval.
Cependant il suffira d’un peu de bon sens pour admettre avec le commun des mortels qu’en effet le départ précipité d’Haïti de Jean-Claude Duvalier aurait pu être capitalisé par nos hommes politiques comme une deuxième indépendance. Les tares qui ont fait de 1804 une sorte d’indépendance ratée ont accompagné 1986 et en guise d’acquis aujourd’hui nous exhibons à la face du monde un pays avec tous les indicateurs péjoratifs au rouge.
Ceux qui continuent à considérer le 7 février 1986 comme la date de la rupture, cultivent un sentiment de nostalgie désuète de ceux-là qui s’entêtent à rejoindre à reculons la marche vers le futur.
L’actuelle configuration des acquis de 86 avait été prévue et programmée par François Duvalier lui-même. Il n’avait pas besoin de répéter comme l’autre « après moi, le déluge » pour affirmer son désir de créer un vide si important après lui qu’aucune idée positive ne trouverait un esprit fertile pour germer. Sa méthode trouvant sa plénitude dans le crime et l’obscurantisme a su forger cet espace réel mais vide ou la survie était conditionnée par le contrôle du pouvoir.
Après l’effervescence des écervelés dans les rues, endormis par alcool et une sensation adultérée de vraie défaite ou fausse victoire, incapables de comprendre le dilemme toutes les réflexions allaient tourner vers les meilleurs subterfuges les plus à même de permettre de posséder le contrôle du pouvoir.
Les instances qui avaient encore l’allure d’institutions se sont lancées têtes baissées pieds au plancher dans cette démarche morbide.
Les forces armées d’Haïti finiront par payer le prix fort avec la démobilisation prononcée par Jean Bertrand Aristide.
En effet, Henry Namphy, chef du Conseil du gouvernement au lendemain du 7 février n’entendait pas lâcher le morceau. Il comptait comme un certain Paul Eugène Magloire gravir les plus hautes marches de l’état en se servant de son uniforme. Aujourd’hui, l’histoire ne lui a pas pardonné le massacre de la ruelle Vaillant lors des élections ratées comme Lesly Manigat ne lui pardonne non plus le fait d’avoir commis l’erreur de voir en lui un allier. Les Forces Armées d’Haïti qui auraient pu jouer un rôle décisif dans la consolidation du 7 février a été le scénario de luttes intestines et fratricides qui ont laminer des personnalités comme Jean-Claude Paul, tué dans des circonstances non élucidées, William Régala passé aux oubliettes, Prosper Avril dont on ne sait pas comment l’étiqueter aujourd’hui.
La classe politique forte de la leçon de l’énorme erreur de celui qui a voulu à force de stratagèmes pas trop clairs faire la course en tête s’adjugent un momentum qui n’était pas le sien a voulu trouver un consensus. Obnubilés par la participation et le choix de l’église à la philosophie dénaturée, tous les hommes politiques du pays se sont rangés derrière celui qui faisait figure de la seule option : Jean Bertrand Aristide. Cet opportuniste qui s’est retrouvé au bon moment et au bon endroit s’est cru investi d’une mission messianique.
Il entreprit de garder contre vents et marées le pouvoir se comportant comme le plus digne successeur de François Duvalier dans l’art de se défaire des opposants à son régime, dans la manière de soudoyer ces collaborateurs et dans la philosophie de faire croire aux plus pauvres qu’ils détenaient le pouvoir.
Pourtant une analyse terre à terre de la gestion de l’ancien prêtre permet de voir les limites du plagiat de son triste idole. Si les chimères peuvent être assimilés à la face la plus obscure du volontariat produvalérien incarné dans la bande des makoutes on peut compter cependant aucune réalisation qui rappellerait l’aéroport internationale de Port-au-Prince ni le barrage de Péligre. Mais il est admis que Jean Bertrand Aristide a poursuivi les pratiques du Duvaliérisme sans Duvalier.
Du 7 Février 1986 il ne reste point grand-chose. Avant les dernières élections présidentielles, Jean Claude Duvalier a été plébiscité comme le meilleur président d’Haïti des dernières années.
Certains brandissent cette facétieuse liberté d’expression. Mais ceux que beaucoup ne voient pas c’est que l’on peut dire ce que l’on veut aujourd’hui mais il n’y a personne pour écouter…
Gardons donc dans le symbolisme du 7 février comme dans celui de la geste de 1804 que rien n’est en fait impossible.

Aucun commentaire: