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mercredi 2 janvier 2008

204ème anniversaire de l’indépendance : appel à l’unité et à la patience du président René Préval au peuple haïtien

Commémoration en présence d’un haut responsable français
mercredi 2 janvier 2008,
Radio Kiskeya
Le président René Préval a de nouveau appelé le peuple haïtien à l’unité et à la patience dans son discours du 1er janvier 2008 ramenant le 204ème anniversaire de l’indépendance nationale conquise au prix de hautes luttes contre l’armée expéditionnaire française.
Pour la circonstance, et dans le but de marquer une nouvelle ère dans les relations entre la France et Haïti, le secrétaire d’Etat français chargé de la coopération et de la francophonie, Jean Marie Bockel, a accompagné les officiels haïtiens aux Gonaïves (Artibonite, Nord) où l’indépendance avait été proclamée le 1er janvier 1804. Dans son allocution prononcée cependant entièrement en créole, le chef de l’Etat haïtien n’a pas mis l’accent sur ce fait particulier et les perspectives qu’il dégage.
« Il n’y aura pas de miracle, mais petit à petit l’oiseau fait son nid », a déclaré M. Préval, après avoir dressé le bilan des progrès accomplis dans divers domaines, des sérieuses difficultés rencontrées dans d’autres et proposé des pistes de solution pour la création d’emplois et la relance de la production nationale.
En dépit de l’augmentation des recettes publiques et de la disponibilité en ressources provenant de la communauté internationale, l’Etat n’arrive pas « à dépenser » en réalisant des projets importants dans divers domaines, notamment celui des infrastructures, a relevé le président René Préval. Il signale à ce sujet la faible capacité d’exécution des firmes privées de construction qui ne disposent pas des ressources indispensables à l’acquisition d’équipements essentiels et des contreparties financières exigées dans l’adjudication des contrats. De ce fait, les travaux ne peuvent avancer au rythme escompté. L’Etat, pour sa part, ne peut confier davantage de contrats à ces firmes, déclare le président Préval.
Soulignant les facteurs d’ordre étatique dans le faible niveau d’investissements publics, le chef d’Etat appelle le Ministère de la Planification et de la coopération externe, le Conseil National des Marchés Publics et la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif à dynamiser le processus d’analyse et de finalisation des dossiers.
Pour investir davantage en utilisant les ressources financières disponibles, René Préval propose la construction, dans les 140 communes de la république, en collaboration avec les collectivités territoriales, de complexes culturels et sportifs, dotés de systèmes informatiques. Cela faciliterait la création d’emplois autant, dit-il, que le programme de confection d’uniformes et de vêtements initié sous son premier mandat (1996-2001) en collaboration avec l’Institut National de Développement et de Promotion de la Couture (INDEPCO), qu’il dit vouloir relancer.
Le chef de l’Etat propose aussi le développement de l’agro-industrie, spécialement la production locale de jus de fruits. Il a donné en ce sens l’exemple de la production de jus dans sa ville natale de Marmelade (Artibonite, Nord) où il s’était établi au terme de son premier mandat. Dans un style que d’aucuns assimileraient aux techniques théâtrales de l’ancien président Jean Bertrand Aristide, M. Préval a invité à la tribune officielle des journalistes et des policiers pour la dégustation d’échantillons de ce jus de fruits.
Il en a fait de même en proposant la construction partout de lacs collinaires pour le développement dans le pays de la pisciculture, présentant à des journalistes des photos de poissons géants obtenus dans ce type de production.
Concernant la cherté de la vie, le chef de l’Etat a mis l’accent sur la nécessité de relancer la production agricole et artisanale. L’augmentation continue des ressources publiques pour des investissements aptes à dynamiser le progrès, fait également partie des priorités. Il souligne en ce sens la diminution prochaine des dépenses pour l’approvisionnement en carburant des usines électriques, par la substitution du mazout au diesel. A cette fin, des transformations au niveau des usines thermiques existantes sont en cours, tandis que les nouvelles usines en construction au Cap-Haïtien (Nord, 15 Mw), aux Gonaïves (Artibonite-Nord, 15 Mw) et à Port-au-Prince (Ouest, 30 Mw) seront entièrement au mazout, a-t-il annoncé.
Sur le plan de la sécurité, le chef de l’Etat a souligné la disparition en 2007 des groupes armés, grâce à l’effort conjugué de la Police Nationale d’Haïti (PNH) et de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH). Il a en ce cens publiquement félicité la mission onusienne et le commandant en chef de la PNH, Mario Andrésol.
Il a aussi fait état de résultats satisfaisants obtenus, selon lui, dans le domaine du désarmement, citant nommément le président de la Commission Nationale de Démantèlement, Désarmement et Réinsertion, Alix Fils-Aimé et un membre de cette commission, Jean Baptiste Jean Philippe (alias Samba Boukman), dont la présence au sein de celle-ci, en raison de ses prétendues accointances avec les groupes armés, avait suscité une vaste controverse dans le pays, notamment dans les secteurs politiques et des droits humains.
Il n’a pas omis « Les artistes pour la paix », rendant un hommage appuyé à Antonio Cheramy, alias « Don Kato » (lead-vocal du groupe de tendance Rap and Raga, Brothers Posse) qu’il a qualifié « d’homme vaillant ». Avant ses concerts publics en faveur de la paix dans les « zones de tension », « Don Kato » avait activement pris part en 2005-2006 à la campagne du candidat à la présidence d’alors René Préval. Suite à l’évocation de son nom dans un procès relatif à l’assassinat du poète et journaliste Jacques Roche (juillet 2005), « Don Kato », soutenus par des amis et supporters, s’était âprement défendu d’une quelconque appartenance au groupe armé « Base Cameroun » associé au crime.
Poursuivant sur la voie de la « personnalisation » des progrès accomplis, le chef de l’Etat, mettant l’accent sur l’augmentation des recettes, a adressé des félicitations publiques au directeur général des douanes, Jean Jacques Valentin, pour les efforts déployés dans la lutte contre la contrebande. Il en a fait autant à l’endroit du responsable de la Direction Générale des Impôts (DGI), Jean Frantz Richard. Il a toutefois noté l’absence d’un instrument capital pour le travail de ce dernier : une loi criminalisant l’évasion fiscale. Un avant-projet d’une telle loi est prêt et sera soumis incessamment au parlement, a-t-il annoncé.
René Préval a relevé des difficultés en ce qui concerne la lutte contre la corruption et la réforme judiciaire. Mais, il a toutefois félicité, pour leurs efforts, les doyens des tribunaux et les commissaires du gouvernement, en particulier Rock Cadet, doyen du Tribunal Civil de Port-au-Prince et Claudy Gassant, commissaire du gouvernement près ce tribunal, lui-même au milieu de maintes controverses, dont des conflits directs avec des haut gradés de la police.
Dans le même registre, il a nommé et félicité les membres de la Commission de journalistes chargée d’appuyer les enquêtes sur les cas de journalistes assassinés, dont le président, Guyler C. Delva, ne cesse depuis quelque temps de faire l’actualité, notamment dans les dossiers de la nationalité prétendument étrangère du sénateur du Nord-est, Rudolph Boulos, du procès réputé bâclé du journaliste Brignol Lindor (tué le 3 décembre 2001 par des sbires d’Aristide) et, plus récemment, dans des révélations faites depuis l’étranger par un inspecteur général de la police victime d’attentat en septembre 2007 à Port-au-Prince.
Comme pour afficher une certaine distance par rapport aux critiques émises ou les controverses concernant les personnes qu’il a publiquement félicitées, René Préval a estimé que des erreurs peuvent toujours être commises par les unes ou les autres, mais que l’essentiel est que l’on ne reste pas les bras croisés face aux défis à relever.
Le chef de l’Etat a adressé des remerciements au parlement, au secteur privé, aux syndicats, à la classe politique et au peuple haïtien en général pour l’unité qu’ils sont parvenus à préserver jusqu’ici, mettant ainsi en application, dit-il, l’un des facteurs qui avaient pu permettre aux ancêtres de proclamer l’indépendance. Il a enfin souhaité, non pas une bonne année, mais une « meilleure année 2008 » à ses compatriotes. [jmd/RK]
http://www.radiokiskeya.com/spip.php?article4582

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