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jeudi 25 octobre 2007

Moi, Janjan, 10 ans et mendiant

A chaque soubresaut économique ou politique, des dizaines d'enfants abandonnés viennent grossir les rangs des enfants des rues. Pour plusieurs, l'aventure finira mal. D'autres, par contre, auront la chance de rencontrer des gens de coeur.
Pieds nus sur le macadam brûlant, le visage ruisselant de sueur, Janjan, 10 ans, quémande à des personnes aussi pauvres que lui. Ce jeune résident de Cité Soleil, le plus grand bidonville de Port-au-Prince, ne vit que d'aumônes. « Je suis obligé de mendier pour aider ma mère infirme », explique-t-il en ajoutant que cette dernière a été blessée par une balle perdue.

Certains détournent le regard, d'autres le contournent d'un pas rapide. Tous les jours se ressemblent pour le garçonnet, qui ne mange manifestement pas à sa faim. Pour lui, chaque jour est une quête éprouvante dont le seul but est de trouver à manger. « Avec l'argent que je recueille, j'achète de la nourriture et comme ça ma mère et mes deux petites soeurs peuvent au moins manger», dit-il d'un air triste. Depuis que sa mère est paralysée, Jérémie ne se rend plus à l'école. Heureusement - ou malheureusement, c'est selon -, Janjan n'est pas seul. Plein d'amis aussi pauvres que lui l'aident à supporter le poids de l'existence : Fanel, Pouchon, Wilfrid, etc. arpentent comme lui les rues de Port-au-Prince, surtout là où la vie commerciale bat son plein. Comme Jérémie, ils font n'importe quoi pour trouver à manger. « Les marchandes de nourriture cuite nous servent des restes lorsqu'on leur rend quelques services, explique-t-il. Parfois, on se fait quelques gourdes en nettoyant des voitures ou en trouvant une place à quelqu'un dans un tap-tap.» Fanel, un garçonnet de 9 ans, fait partie de la bande. Chaque jour qui passe, il a le sentiment de s'y intégrer davantage. « Moi, j'aurais aimé être à l'école au lieu de passer mon temps à jouer ou à courir après les voitures pour mendigoter. Je vois bien que je suis en train de perdre mon temps», dit-t-il d'un ton étrangement mature. Quand ses parents étaient encore en vie, Fanel habitait Dame-Marie, une commune de l'arrondissement de Jérémie. Maltraité par sa tante, le petit orphelin s'est enfui à huit ans, pour trouver refuge dans les rues sans pitié de la capitale.
Pouchon, un garçon de 11 ans à qui on en donnerait à peine huit, souhaite, lui, un miracle. « J'aimerais vivre dans une famille qui a beaucoup d'enfants. Ou encore dans l'un de ces centres où l'on accueille des enfants »dit-il, le visage soudain éclairé par un espoir impossible.
Albert Rochet, référent social d'Aide médicale internationale (AMI), une ONG française, voit beaucoup de ces enfants exposés à tous les maux de l'humanité : maladies vénériennes, drogue, délinquance, prostitution...« L'AMI s'efforce d'apporter une réponse médicale et sociale adaptée à la vie des enfants et des jeunes des rues de Port-au-Prince », explique-t-il humblement.
Selon lui, chaque nouvelle crise qui, depuis 1986, secoue périodiquement Haïti amène de nouveaux enfants dans les rues. Son organisation intervient auprès de 2000 enfants de Port-au-Prince qui vivent dans l'insécurité et des conditions d'hygiène déplorables. « On tente de leur fournir des soins grâce à des cliniques mobiles et en mettant en oeuvre des programmes de prévention à leur intention. Un volet psycho-social et éducatif a également été mis en place», dit-il.
De son côté, le responsable du Volontariat pour le développement d'Haïti (VDH), Claude Richard Acédat, s'offusque de constater que ces enfants vivent dans l'insécurité et sans aucun encadrement. « Laissés à eux-mêmes, les enfants deviendront probablement des délinquants, voire des criminels. C'est dommage car les enfants des rues sont des êtres comme les autres et pourraient devenir des personnalités respectables s'ils étaient encadrés. »Les enfants abandonnés et en proie à des vexations sans fin ne diraient pas le contraire. Sauf que...
Amos Cincir
cincir2005@yahoo.fr
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=49767

Commentaires :
Et pendant ce temps, le débat est lancé autour des modifications d’une Constitution !
Quand les politiciens s’en mêlent !
Les haïtiens font la politique et les étrangers font ce qu’ils peuvent pour mettre un pansement sur une jambe de bois !

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