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jeudi 18 octobre 2007

Le Président René Préval dénonce la constitution comme une "grande source d’instabilité"

Pour le chef de l’Etat, le projet antidictatorial à l’origine de la charte fondamentale a vécu, désormais l’instabilité menace le "processus démocratique et le développement" d’Haïti ; son projet d’amendement constitutionnel, qui ne serait lié à aucun intérêt personnel, doit déboucher sur des consultations rapides à partir des réflexions des professeurs Claude Moïse et Cary Hector
mercredi 17 octobre 2007,
Radio Kiskeya

Le Président René Préval a appelé ouvertement à un profond remaniement de la constitution haïtienne en la dénonçant comme "la plus grande source d’instabilité" incompatible à la démocratisation et au développement du pays, à l’occasion de la commémoration mercredi du 201e anniversaire de l’assassinat du fondateur de la nation, Jean-Jacques Dessalines.
"En toute humilité, j’ai la conviction que la constitution est une grande source d’instabilité pour l’avenir du pays", a affirmé le chef de l’Etat dans son allocution de circonstance prononcée exclusivement en créole au Palais National (siège de la Présidence) devant une assistance composée notamment du Premier ministre Jacques-Edouard Alexis, des membres de son gouvernement, de parlementaires, des membres du Conseil Electoral Provisoire et des grands commis de l’Etat.
M. Préval s’est appuyé sur un document de réflexion élaboré à sa demande par les intellectuels Claude Moïse et Cary Hector et dont des exemplaires ont été distribués à l’assistance. Il a également annoncé la mise en place sans délai d’un groupe de travail haïtien accompagné d’experts étrangers. Le mot d’ordre est désormais l’urgence, car, selon Préval "le travail est énorme, il faut avancer tout de suite". Il souligne que c’est à ce prix qu’on parviendra à consolider la "paix fragile" obtenue depuis son retour au pouvoir en 2006 et à trouver "la stabilité politique durable nécessaire à un développement durable".
Le chef de l’Etat s’est toutefois plaint de la complexité des procédures prévues dans le cadre d’un projet d’amendement constitutionnel.
Dans son argumentaire sur l’inadéquation de la charte fondamentale, le dirigeant haïtien a qualifié l’instabilité de "poison violent pour le pays" comme l’était autrefois la dictature. Soulignant que dans un tel contexte, le processus démocratique était menacé et le développement économique d’Haïti impossible, René Préval a invoqué "l’anéantissement lde la réforme agraire" lancée en faveur des paysans pauvres sous sa première Présidence (1996-2001) et la perte de milliers d’emploi au cours des dernières années.
Le Président, qui laisse entendre que le danger pour Haïti aujourd’hui n’est pas un éventuel retour au totalitarisme , mais bien l’instabilité, indique que la constitution a énormément aidé, au cours des vingt dernières années, à "déstabiliser les régimes autoritaires" avec le slogan "Makout pa ladan l". Mais, selon lui, elle ne peut pas jouer le même rôle dans un processus de construction démocratique. "L’arme ayant servi à déstabiliser la dictature peut-elle aussi servir à stabiliser la démocratie, s’est demandé perplexe M. Préval avant d’ajouter "faire la guerre est une chose, construire la paix en est une autre".
Se défendant de vouloir tirer un quelconque gain personnel d’une révision constitutionnelle qui, dit-il, soulève toujours de grandes suspicions une fois que le Président en prend l’initiative, il s’est empressé de rappeler que son actuel mandat arrivera à terme le 7 février 2011. Le chef de l’Etat s’est toutefois du même souffle lancé dans des critiques implacables portant directement sur le mandat et les limites du pouvoir que détient le Président parce que "ses mains sont liées". Parmi les articles dont les anomalies gêneraient l’exercice des fonctions présidentielles, citons ceux concernant l’impossibilité pour le chef de l’Etat de briguer deux mandats successifs, son incapacité à renvoyer le Premier ministre et son faible pouvoir d’objection vis-à-vis de décisions adoptées par le Parlement.
René Préval a aussi souhaité l’instauration d’une Cour constitutionnelle afin d’empêcher les interprétations concurrentes et divergentes de la loi mère.
Imperturbable dans ses remarques sentencieuses sur une constitution dont il avait déjà désapprouvé l’adoption par voie référendaire en 1987, le Président a aussi déploré l’exclusion de la vie civile et politique du pays des haïtiens de la diaspora à l’origine de 25% du PIB et relevé que même la décentralisation, une "innovation révolutionnaire" de la charte fondamentale est confrontée à des problèmes d’application.
Au début de son allocution, Préval avait indiqué qu’une "double douleur" marquait la date du 17 octobre 2007, l’assassinat au Pont Rouge de l’Empereur Jean-Jacques Dessalines et la mort de nombreux compatriotes dans les inondations ayant touché Haïti au cours des deux dernières semaines. Face aux décès et dégâts enregistrés, l’intervention de l’Etat se serait révélée plus efficace si, fait-il remarquer, le parc automobile du Centre national des équipements (CNE), créé en 1998, n’avait pas été détruit entre 2004 et 2006.
Fait rare depuis le début de son second mandat, René Préval s’exprimait devant des dizaines de membres de la Confédération nationale des paysans agriculteurs (KONPA), une des composantes de la Plate-Forme Lespwa (Espoir) qui l’avait porté au pouvoir en 2006. Dans l’enceinte du Palais National, les paysans arboraient tous des t-shirts frappés d’inscriptions favorables à la réforme agraire, l’une des arcanes du premier quinquennat.
La campagne plébiscitant le principe de l’amendement ou de la mise à l’écart de la constitution a été introduite subtilement dans le débat politique depuis un certain temps. Le centre du pouvoir en a fait officiellement son cheval de bataille depuis le retour du Président Préval des Nations Unies, le 28 septembre dernier. Cette option pour laquelle il sollicite le bénéfice de l’urgence divise tant les secteurs organisés de la société que l’opinion publique. D’autant que l’idée bénéficie d’une promotion politique agressive dans un contexte marqué par de sérieuses incertitudes sur le renouvellement du tiers du Sénat et le vide institutionnel qui pourrait menacer le pays ainsi que l’équilibre des pouvoirs d’Etat en cas de non tenue des élections d’ici la fin de l’année. spp/Radio Kiskeya
http://www.radiokiskeya.com/spip.php?article4292

Commentaires :
Quand le Président Préval fait de la politique !
Personnellement je préfère le Preval discret qui lance le combat contre la corruption en reléguant à chaque pouvoir sa part de responsabilité. Je préfère le Preval qui reconnaît l’incapacité de certains des ministres et directeurs de soumettre des programmes viables. Mais quand il traite des sujets de haute politique on se demande si on ne rentre pas dans une période de palabres et de diatribes stériles. Et quand les déclarations son teintées de confusion on perd carrément l’espoir de voir un jour se régler et de façon définitive les grands problèmes de la nation.

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