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jeudi 9 août 2007

Lutte contre la corruption ou démarche vers l'émergence de nouveaux entrepreneurs

Le gouvernement du président René Préval s'est engagé depuis quelque 3 mois dans une lutte contre le trafic de la drogue et la corruption, soulignant qu'il s'agit de deux fléaux qui entravent le développement économique du pays.
Si quelques grosses prises ont été faites dans les rangs des réels ou supposés dealers de drogue, l'échec de l'opération de Bergeau aux Cayes (tentative d'arrestation de Guy Philippe), est mal digéré par les plus hautes autorités, selon des sources proches du gouvernement.
En ce qui a trait à la lutte contre la corruption, elle est encore timide. A son actif, l'arrestation du PDG de la compagnie de téléphonie mobile Haitel, (Franck Ciné) considérée par beaucoup comme le résultat d'un règlement de comptes.
Et pour ce qui est des accusations de fraudes douanières ayant conduit à l'arrestation du père et du fils Brandt, Fritz et David, vraies ou fausses, ces accusations? En tout cas, des proches de ces derniers laissent entendre que leur arrestation est guidée par la volonté de persuader que le gouvernement ne fait pas de quartier aux corrompus à quelque classe sociale qu'ils appartiennent.
Qui qu'il en soit, selon des sources généralement informées, la lutte anti-corruption serait recommandée en grande partie par des institutions financières internationales qui traitent avec Haïti et qui auraient fait croire que du train où va la corruption, il n'y a aucune chance pour le pays de se développer.
Ces mêmes secteurs seraient favorables à l'émergence de nouveaux hommes et femmes d'affaires en Haïti qui proviendraient en partie de la diaspora ou qui seraient des haïtiens naturalisés.
Si un pays comme Haïti a besoin d'investissements directs étrangers (IDF), ces investissements seraient encore plus souhaitables s'ils venaient de nationaux établis à l'étranger.
Mais beaucoup pensent que le plus important c'est l'émergence de nouveaux hommes d'affaires émanant des classes moyennes qui, en complémentarité aux classes d'affaires traditionnelles assureraient un développement économique durable dans le pays.
Un pays ne peut pas se développer sans entreprenariat. C’est pourquoi, il faut créer une masse critique d'entrepreneurs pour que l'entreprenariat ne soit plus l'apanage exclusif d'un seul secteur social.
Aux Etats-Unis et dans de nombreux autres pays, l'entrepreneur peut être issu de milieux nantis tout comme de milieux plus modestes.
L'essentiel aujourd'hui en Haïti, c'est d'insuffler l'esprit d'entreprise chez les jeunes. Il faut que l’Etat mette à leur disposition les moyens de développer leurs idées et empêcher que ce soient les mêmes gens qui continuent de tout contrôler, comme ils le font sans trop de résultats depuis 200 ans
L'Etat doit aujourd'hui se persuader de la nécessité de faire de la discrimination positive en accordant à des groupes peu favorisés de la société des opportunités pour se développer dans le cadre de l'égalité des chances, face à d'autres groupes qui disposent déjà de gros moyens.
L'Etat peut choisir de mener cette politique dans n'importe quel domaine, mais plus particulièrement l'entreprenariat pour équilibrer la société, réduire les clivages, les frustrations et les risques de tension, assurer plus de stabilité au pays et favoriser ainsi l'émergence d'une classe d'hommes d'affaires multiforme.
Cette politique ne devra pas être basée sur la corruption ni sur les faveurs, mais sur l'accès au capital et au crédit: les mêmes chances pour tous.
Dans ce sens, les crédits ne devront plus être octroyés sur la base de discrimination ou de clans. Et les banques devront éviter d'être des banques de poches, créés par des hommes d'affaires pour mobiliser l'épargne de la classe moyenne en vue de s'accorder des crédits.
Toutefois, les nouveaux hommes et femmes d’affaires qui émergeraient, devraient se garder de reproduire les mêmes schémas, les mêmes pratiques nocives qui font tellement de mal au pays.
Il faudrait qu'ils permettent que des gens issus de leur propre classe aient accès au crédit pour favoriser l'équilibre social.
Aujourd'hui, dans de nombreux cas, nos hommes et femmes d'affaires préfèrent aller investir à l'étranger notamment en R-D sous prétexte de fuir l'insécurité. Ils ne comprennent pas que s'ils investissent dans des domaines clés chez eux, ils favoriseront la création d'emplois et contribueront ainsi à réduire les tensions sociales et ipso facto l'insécurité.
L'heure est venue de faire les choses différemment, puisqu'il est clair que les résultats de la politique entrepreneuriale menée depuis 200 ans ne sont guère fameux.
Il ne s'agira certainement pas d'exclure une catégorie de gens ni de les mettre au garage, mais d'ouvrir l'espace à de nouvelles figures, supprimer totalement les monopoles et donner des chances égales à tous.
Autrement, on ne va nulle part...

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