Google

dimanche 26 août 2007

Cerca-Cavajal, un paradis en décadence

Les 40 mille habitants de Cerca-Cavajal peuvent s'enorgueillir d'avoir habité l'une des zones les plus boisées du pays. Mais, en considérant les problèmes de toutes sortes auxquels la commune fait face, ils ont de quoi s'inquiéter.
Comparée à beaucoup d'autres régions du pays, la commune de Cerca-Cavajal peut être considérée comme un paradis. Ses plaines sont encore vertes. Des variétés de mangues font tout leur charme. Ses mornes, en certains points, sont garnies d'arbres. Ses fils et filles trouvent encore des fruits et des vivres pour se nourrir. De l'arachide, de la noix, du maïs, du petit-mil, de la banane, de l'igname...il y en a à profusion. Tout cela peut enchanter un visiteur qui accepte comme un héros de braver la route tortueuse qui mène là-bas.

Située à 28 km de Hinche, il n'y a pas longtemps, la commune avait de l'électricité. Grâce à un système de panneaux solaires, l'ancien curé de la paroisse La Sainte Famille, le Belge Marcel Marshell, fournissait plus de cinq heures d'électricité par jour à la population. Les pylônes, les câbles et les ampoules ne servent aujourd'hui à rien, sinon de décoration. Le système d'adduction d'eau potable, vieille d'une trentaine d'années, continue tant bien que mal à tenir le coup. Il a été installé en 1970 avec le soutien du prêtre catholique. « Tombé en désuétude, le système mérite aujourd'hui de grandes réparations, estime le maire principale de Cerca-Cavajal, Raphaël René. La plupart des fontaines ne sont plus alimentées. »
Les édifices publics, un triste constat
Le tribunal de paix est logé dans une maisonnette délabrée. Tout le monde se plaint du fonctionnement de la justice. Le fonctionnement de la justice semble se confondre avec l'état du bâtiment. « Ici, la justice est l'affaire des plus forts », se plaint un citoyen.
Situé à quelques mètres du tribunal, le commissariat de police ne présente pas une meilleure image. Portes défoncées, murs décrépis, bureaux branlants et l'exiguïté du bâtiment montrent à quel niveau la Police nationale d'Haïti est mal représentée dans la commune. Pire, il n'y a qu'un seul policier en poste. L'inspecteur Philogène Jonas doit, à lui seul, sécuriser les 40 mille habitants de Cerca-Cavajal.

La mairie, quant à elle, n'a pas de local propre. Elle change d'adresse comme on change de vêtements. « Les maires sont souvent mis à la porte pour n'avoir pas les moyens de payer les dettes contractées envers les propriétaires de maisons », raconte un notable de la commune.Une vaste savane tient lieu de marché public. Seules les tonnelles dressées par les marchands peuvent aider un visiteur à l'identifier.
Le système éducatif ne fait pas exception
Cerca-Cavajal est dotée d'une école nationale et d'un lycée. Les deux institutions sont logées à la même enseigne. L'une fonctionne dans la matinée, l'autre dans l'après-midi. Cette promiscuité ne favorise pas une bonne gestion du matériel. « Les deux institutions font face constamment à une carence en mobiliers, se lamente le maire Raphaël René. Ce n'est pas normal que des adultes et des enfants utilisent les mêmes mobiliers. »
Pendant les vacances, les salles de classe et la petite cour de l'établissement sont transformées en espaces de jeu. « Les jeunes et les enfants n'ont pas d'autres endroits où se récréer », déplore le député de Cerca-Cavajal, Rodon A. Bien-Aimé. Réaménagé en 2004, l'établissement scolaire mérite aujourd'hui d'être rénové.
Dans toute la commune, le niveau d'études ne dépasse pas la rhétorique. « Les élèves qui veulent poursuivre leurs études doivent se rendre ailleurs », informe le maire principal de la commune. Faute de moyens économiques, la plupart des enfants en âge d'aller à l'école se retrouvent dans les rues. Ceux qui abandonnent l'école en cours de route sont aussi nombreux. Le nombre d'écoles secondaires recensées à Cerca-Cavajal peut se compter sur les doigts de la main. Les écoles primaires sont légion. « Mais, la qualité de l'enseignement dispensé par certaines d'entre elles laisse à désirer », a soupiré un natif de la région habitant à Port-au-Prince. Pour apprendre un métier, les jeunes n'ont pas beaucoup de choix. L'unique école professionnelle de la commune n'offre que deux options : informatique et couture.

Des soins de santé au rabais
Il n'existe pas d'hôpital à Cerca-Cavajal. On n'y trouve que deux dispensaires où sont soignés des cas de grippe, des blessés légers... « Il n'y a ni médecin ni infirmière dans la commune, seulement des auxiliaires, déplore le député Bien-Aimé. Les moindres complications sont référées à Hinche ou à Pignon. »Trouver un véhicule pour transporter les malades est un vrai casse-tête. « Combien de familles peuvent débourser quatre à cinq mille gourdes pour louer un véhicule ? », s'interroge, perplexe, le parlementaire. Ceux qui n'ont pas la possibilité de rassembler cette somme n'ont pas d'autres choix que d'utiliser un brancard de fortune. Un trajet compliqué et hypothétique. Seuls les plus chanceux arrivent à destination.
Avec l'arrivée des nouvelles autorités, les habitants de Cerca-Cavajal nourrissent de grands espoirs de sortir du pétrin. Ils ne réclament pas mieux que de l'électricité, de l'eau potable, des infrastructures routières, des soins de santé et des services publics efficaces.
Jean Pharès Jérôme
Commentaires
Les lecteurs qui ont suivi avec nous et avec assiduité le pèlerinage des ces vaillants reporteurs du journal Le Nouvelliste qui se sont évertués à rappeler aux dirigeants qu’il existe encore en Haïti des endroits ou les problèmes et les solutions se côtoient tous les jours, auront une sensation de déjà lu…
En fait les panoramas se suivent et se ressemblent. Il s’agit soit d’endroits paradisiaques abandonnés ou des endroits complètement dénudés oubliés. Ces paysages ne se sont pas détériorés ni après 1986 ni après février 2004. Cela veut dire que personne ne s’est jamais préoccupé ni des gens ni des régions.
Ceux qui se sont faits passer pour des champions de la cause du peuple ont suivi le chemin tracé par les dictateurs sanguinaires corrompus qui ont sillonné le pouvoir en Haïti depuis 1804.
Cependant les haïtiens démunis ont du mal à comprendre que le fait de mettre un des leurs aux timons des affaires ne garantissait pas une prise en charge de leur cause ni de leurs revendications.
Il faut changer de stratégie …le pouvoir aux plus capables. En accordant une confiance prudente et exigeante.
Aujourd’hui cependant, personne ne peut dire ne pas avoir été au courant car les informations circulent contenant des approches diagnostiques et thérapeutiques des problèmes de chaque localité.

Aucun commentaire: