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mercredi 7 mars 2007

Légère amélioration de la situation des droits humains en Haïti, mais faible performance du gouvernement, selon les Etats-Unis

Le rapport 2007 du Département d’Etat sur les droits humains accuse des policiers d’avoir commis des exactions et rend les gangs armés principalement responsables de la violence en Haïti ; satisfecit décerné à la MINUSTAH

La situation des droits humains en Haïti a connu en 2006 une légère amélioration, mais le bilan du gouvernement dans ce domaine reste extrêmement maigre, a fait ressortir l’administration Bush dans son rapport mondial 2007 sur la situation des droits humains lancé mardi à Washington.

Le Département d’Etat s’est félicité du bon déroulement "du processus électoral relativement stable et pacifique", dont est isssu l’actuel Président René Préval et qui a été marqué par la participation de 63% des 3,5 millions d’haïtiens en âge de voter et détenteurs de la carte d’intentification nationale.

Le gouvernement américain a, d’autre part, salué le travail accompli par la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti. "La MINUSTAH a déployé 6.668 militaires et 1.692 policiers civils en vue de garantir la sécurité pendant et après les élections", indique le rapport. La mission a aussi assuré l’entraînement et l’encadrement de la Police Nationale, assisté le gouvernement dans la lutte contre la violence des gangs et empêché "l’émergence potentielle d’une opposition violente que pourraient alimenter des militants de groupes politiques bien armés", soutient le document.

Sur un plan plus général, Washington note "quelques signes d’amélioration" depuis l’arrivée du gouvernement Préval/Alexis notamment dans la lutte contre la violence entretenue par les bandes armées. Cependant, le tableau de la situation des droits humains continue d’être sombre et le pays reste confronté à de sérieux problèmes en matière de respect de la personne humaine.

Malgré les progrès à l’actif des autorités, de nombreuses violations des droits humains, même si elles n’ont pas été commanditées par le régime en place, ont été enregistrées l’année dernière sous diverses formes : des exécutions sommaires et extrajudiciaires dont des éléments de la Police Nationale d’Haïti (PNH) se sont rendus coupables, la surpopulation carcérale et les mauvaises conditions sanitaires constatées dans les prisons, des cas d’arrestations arbitraires, les détentions préventives prolongées, un système judiciaire inefficace et pouvant être influencé par l’Exécutif et le pouvoir législatif, la corruption sévère qui affecte le gouvernement dans tous ses compartiments, la non adoption de mesures visant à prévenir la violence et les discriminations sociales dont sont victimes les femmes, les violences sexuelles exercées contre les enfants, le trafic d’enfants et le travail des enfants en domesticité.

Le rapport 2007 du Département d’Etat dénonce également l’absence de mesures destinées à trouver des réponses apppropriées aux crimes commis par des membres de gangs et d’autres groupes armés et la "persistance des activités des membres des bandes armées consistant à pratiquer des enlèvements, torturer et traiter cruellement leurs otages".

Les bandes criminelles sont en grande partie responsables de la violence qui sévit dans le pays. Des cas courants d’actes criminels et d’attaques armées contre des civils ont continué à provoquer une psychose de peur au sein de la population.

Concernant la situation dans les 17 centres pénitentiaires que compte le pays, 4.663 détenus ont été recensés. Parmi eux, seuls 738, soit 16%, ont été jugés et condamnés. Les 3.925 autres personnes, 84%, attendaient d’être déférées devant un tribunal compétent après de longs mois de détention préventive.

Les conditions d’incarcération des mineurs sont également préoccupantes. Si les garçons, estimés à 154, sont généralement séparés des adultes, en revanche pour les filles aucun effort n’a été entrepris. A la prison des femmes de Port-au-Prince, 27 des 33 adolescentes de moins de 16 ans détenues le sont en compagnie de femmes n’ayant rien à voir avec leur catégorie d’âge.

Enfin, les Etats-Unis soulignent la libération sur décisions de justice ou pour raisons humanitaires de plusieurs anciens hauts responsables Lavalas ayant fait l’objet de détention préventive prolongée. Ils citent notamment les cas de l’ex-ministre de l’intérieur, Jocelerme Privert, de l’ancien Premier ministre Yvon Neptune, du père Gérard Jean-Juste, d’Annette Auguste alias Sò Ann et de Paul Raymond. Les deux premiers ont été relaxés respectivement le 15 juin et le 27 juillet 2006 après avoir été inculpés dans le massacre de La Scirie, un quartier de St-Marc (Artibonite, nord). Une cinquantaine de partisans présumés de l’opposition avaient été tués dont certains brûlés vifs en février 2004, quelques jours avant la démission d’Aristide, selon divers témoignages.

Le rapport américain souligne que pour beaucoup en Haïti messieurs Neptune et Privert avaient été emprisonnés à la mi-2004 pour des motifs politiques.

A rappeler que malgré l’ordonnance rendue par le juge instructeur Clunie Pierre Jules inculpant formellement dans l’affaire La Scirie les deux hommes et plusieurs autres anciens partisans zélés d’Aristide, le dossier a été pratiquement classé et toute perspective de procès anéantie. La partie civile et les organisations des droits humains se sont tues alors que progressivement les personnes détenues sont libérées par les autorités. spp/RK

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