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vendredi 30 août 2019

ET SOUDAIN UNE INFINITÉ DE RÊVES A PORTÉE DE CŒUR

CHAPITRE I
Ce matin-là, tout avait concouru pour que je me retrouvasse à l'entrée nord du métro, côté hôpital La Timone.
Rien ne présageait cette rencontre en effet. Quand je l'ai vu rangé son dépliant après l'attitude indifférente de cette dame qui n'a pas voulu lui tendre une main, ou à défaut, l'esquisse forcée d'un regard gentil comme justificatif de son refus, je pensai tout de suite à mon fils.
Comme lui, il était très jeune et très beau. Un jeune adolescent en harmonie avec son temps et ses modes.
Comme lui, il arborait une drôle de coupe de cheveux.
La prise en charge des cheveux semble être l'un des premiers gestes de liberté et d'autonomie accompli par un jeune pour s'affirmer par rapport aux parents. Il faudra bien que je m'entretienne un jour avec un pédopsychiatre pour faire le point sur cette question.
Sa coupe de cheveu avait une allure plus extravagante que celle mon fils. Bon ! à mon sens, bien sûr. Si ses parents à lui voyaient la touffe que gardait mon fils, ils auraient sûrement préféré la coiffure de leur fils à eux.
Mais, c'est complètement insensé et illogique de s'aventurer dans une comparaison puisque les deux jeunes présentaient des traits propres à des ethnies différentes. Mon fils est noir. Métissé pour beaucoup. Lui il était tout simplement blanc.
Quand je l'ai vu cependant, j'ai vite fait de penser à mon fils. À cet âge-là, lui aussi, il m'avait fait comprendre qu'il voulait des petits boulots pour gagner un peu d'argent de poche pendant les vacances d'été.
Cela m'avait choqué jusqu'à la nausée et l'étourdissement.
On se trouvait les quatre membres de notre famille en visite à New-York. A Manhattan ou à Brooklyn, je ne sais plus. Nous cherchions une restauration rapide dans un de ces centres commerciaux qui réservent un espace aménagé pour les cuisines aptes à offrir de la restauration rapide et peu coûteuse.
Le choix se déclinant toujours entre les enseignes traditionnelles dans le genre et les enseignes asiatiques.
Puisque je ne m'attendais pas du tout à ce discours de sa part, j'ai dû me faire répéter la phrase quand il m'annonça sa volonté de travailler dès le prochain été.
- Pa', m'avait-il dit, l'été prochain avec des copains on va laver des voitures pour gagner un peu d'argent.
Je n'étais pas formaté pour donner la bonne réplique à mon fils de quinze ans qui voulait travailler et se faire lui-même son argent de poche.
Sur le coup, je me sentis très mal. Je me suis dit qu'il avait compris que je ne disposais pas de ressources financières en quantité suffisante pour subvenir à ses besoins et à ses caprices d'adolescent.
Il n'existe pas de constat plus amer que celui d'un père n'ayant pas été à la hauteur des aspirations de ces enfants qu'il a mis au monde sans leurs accords.
J'hésitai quelques brèves secondes. Juste le temps de réaliser et de me convaincre que mon fils vivait et s'élevait en France. Et que je n'étais plus dans cet environnement gardé comme héritage familial qui privilégie de façon exclusive, les études sur tout le reste.
- Très bien mon coco, lui répondis-je, tachant de dissimuler cette sensation inconfortable de nœud placé au centre de la poitrine et irradiant jusque vers les confins de mon âme.
Puis, je ne tardai pas à en parler avec sa mère qui joua bien son rôle en me rassurant avec un discours fait d'arguments connus et acceptés par le bon sens. Elle n'avait rien trouvé de choquant dans le désir de travailler en été. D'autant plus qu'elle en avait été informée depuis quelques temps déjà. Et elle avait trouvé ça très bien
Ainsi, pendant les années du lycée, mon fils fit plusieurs petits boulots. Un jour il me raconta avoir fait la promotion d'une boisson gazeuse dans les bouches du métro au centre-ville, déguisé en fraise ou en banane.
Les gens avaient probablement ri en le voyant avec son costume de fruit. Certains le traitèrent sans doute avec indifférence.
Comme cette dame venait de la faire à ce jeune homme qui distribuait des petits dépliants à l'entrée nord de la station de métro Timone.
J'aurais tellement aimé prendre du temps pour l'observer. Pour voir l'aspect d'un visage adolescent qui s'éclaircit d'un sourire satisfait quand un passant lui adresse un petit regard bienveillant en recevant son dépliant.
J'aurais aussi aimé voir comment se dessine la déception sur le jeune visage de cet homme en devenir, convaincu pourtant de bien faire en essayant de gagner un peu d'argent en travaillant, quand à son noble geste, on lui rend du dédain ou de l'indifférence.
Mais le temps me faisait encore une fois défaut. Comme tous les jours. Ce matin beaucoup de tâches m'attendaient sur mon lieu de travail.
Le temps m'était calculé avec minutie puisque je me déplaçais en utilisant le transport public.
Auteur: Decky Lakyel
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