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dimanche 21 juillet 2019

Rapport du secrétaire général de l’ONU : la justice et la police sur le banc des accusés

Le secrétaire général des Nations unies a présenté cette semaine au Conseil de sécurité son rapport sur la situation d’Haïti. Nous publions in extenso les points qui concernent les droits de l’homme et la situation sécuritaire du pays qui se détériorent d'après le rapport.
Publié le 2019-07-19 | Le Nouvelliste
La MINUJUSTH a terminé son enquête sur les violences survenues en novembre 2018 dans le quartier de La Saline à Port-au-Prince (voir S/2019/198, par. 38 et 39). Le 21 juin, elle a publié, conjointement avec le Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH), un rapport public sur les faits en question.
Au terme de son enquête, la MINUJUSTH a conclu que l’attaque des 13 et 14 novembre 2018 à La Saline était une opération bien planifiée, conduite par des membres de cinq gangs organisés s’étant associés pour s’en prendre à des membres ou à des sympathisants supposés de deux gangs rivaux. La MINUJUSTH a confirmé que 26 personnes, dont trois femmes et trois enfants, avaient été tuées, trois personnes blessées et deux autres soumises à des viols en réunion pendant l’attaque, où de nombreux vols et actes de destruction de biens ont également été commis. Douze personnes ont en outre été portées disparues. Il semble que certains des auteurs de l’attaque portaient des chemises de l’uniforme d’une unité de la police nationale, la Brigade d’opération et d’intervention départementale (BOID), ou des chemises qui y ressemblaient.
La police nationale n’est intervenue à aucun moment de l’attaque, alors même qu’elle avait été informée dès le début des violences. Elle n’a fait que mobiliser un détachement de l’unité régionale spécialisée dans le maintien de l’ordre, l’Unité départementale de maintien d’ordre (UDMO), pour sécuriser un commissariat du quartier. Deux véhicules de l’unité régionale d’intervention spécialisée départementale ont également été vus patrouiller autour du périmètre de La Saline. Selon des témoins, trois agents de police se trouvaient aux côtés des gangs pendant l’attaque. Deux d’entre eux ont été identifiés depuis, et radiés de la police en décembre 2018. L’un d’eux avait déjà été impliqué dans l’opération de police de novembre 2017 qui avait entraîné la mort de huit civils dans le quartier de Grand-Ravine à Port-au-Prince. Un représentant de l’État, le délégué du département de l’Ouest, aurait également été vu dans la zone, pendant l’attaque, en compagnie d’agents de police et de membres de gangs. La police judiciaire a diligenté une enquête sur ces événements. Toutefois, très peu a été fait pour amener les responsables des violences à répondre de leurs actes devant la justice. Au total, onze membres connus des gangs ont été arrêtés, sans qu’aucune action pénale n’ait été engagée à l’encontre ni des officiers de police ni des fonctionnaires qui auraient été impliqués.
Évolution des conditions de sécurité et formation de la police (objectifs 1, 4, 5 et 6)
Depuis mars, la police nationale a eu beaucoup de mal à contrer la recrudescence des activités des gangs criminels, en particulier dans l’agglomération de Port-au-Prince et dans le département de l’Artibonite. Elle a déployé des moyens importants pour assurer le maintien de l’ordre. Sur les 244 opérations de maintien de l’ordre qui ont été menées au cours de la période considérée, 27 ont bénéficié de l’appui de la MINUJUSTH (voir annexe I, indicateur 4.6). Néanmoins, le nombre d’homicides signalés en 2019 a doublé par rapport à 2018, avec 523 cas du 1er janvier au 6 juin (voir annexe I, indicateur 6.3) contre 274 pour la même période en 2018. En outre, 22 policiers ont été tués entre le mois de janvier et le 10 juin 2019, contre 17 pour toute l’année 2018.
La police nationale a fait appel à toutes les unités spécialisées et mené 37 opérations antigang, dont 10 avec un appui limité de la MINUJUSTH. Des opérations comme celle menée après que huit civils ont été tués et dix autres blessés le 24 avril dans le quartier de Savanne-Pistache à Port-au-Prince, montrent que la police nationale est capable d’élaborer et d’exécuter des plans efficaces de démantèlement des gangs. Toutefois, la police nationale manque de ressources pour lutter contre les nouveaux niveaux de criminalité des gangs. Si elle ne reçoit pas le soutien logistique dont elle a besoin, elle ne sera pas en mesure de mener durablement de telles interventions.
Source : https://lenouvelliste.com/article/204782/rapport-du-secretaire-general-de-lonu-la-justice-et-la-police-sur-le-banc-des-accuses

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