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mercredi 25 septembre 2013

Faune marine/ Ecologie...Pas de pitié pour les carettes à Grand-Boucan

Le Nouvelliste | Publié le 24 septembre 2013 Claude Bernard Sérant
Elle parcourt, la carette, des distances considérables pour venir à Grand-Boucan! Cette espèce de tortue en voie de disparition est appréciée dans ce coin perdu de la presqu'île des Nippes pour sa chair tendre.
Une impressionnante tortue se débat pour retourner dans la mer, son milieu naturel.
Les pêcheurs rient de bon cœur. Ils font le clown avec le reptile marin qu'ils retournent sur sa carapace bombée. C'est une bonne prise pour un matin tranquille à Grand-Boucan, commune de l'arrondissement des Barradères, à proximité de la Grand'Anse, aux confins de la presqu'île des Nippes.
« Une carette ! », s'écrie un jeune pêcheur devant des curieux agglutinés au bord du rivage aux allures de vaste décharge publique. Il examine la pauvre bête sous toutes ses coutures. Chose certaine, la carrière marine de celle-ci se termine dans ce coin perdu baigné par le golfe de la Gonâve.
Une marchande de restauration rapide se propose d'acheter la carette, une espèce en voie de disparition. « 1 000 gourdes pour cette tortue ! », lui réclame le pêcheur. Finalement, les deux compères arrivent à s'entendre pour un montant misérable en regard d'une si impressionnante espèce marine : 500 gourdes !
Une grande victime de la prédation humaine
Vers midi, la viande de la tortue de mer remplit deux grosses chaudières. La marchande estime avoir réalisé une bonne affaire car, à Grand-Boucan, la viande de carette est très prisée...
Comme sa sœur la tortue-luth, la carette est une grande victime de la prédation humaine à Grand-Boucan. « Si nous ne prenons pas un soin particulier de ces animaux, leur disparition totale ne saura tarder », soulignait déjà la canadienne Sylvia Funston, auteure d'un ouvrage préparé par OWL Magazine en 1992.
Dans ce livre, Funston nous fait découvrir comment vit la tortue-luth et nous aide à comprendre pourquoi elle fait partie des espèces en voie de disparition. Elle met en avant les mesures mises en oeuvre et celles, souhaitables, pour aider l'espèce à survivre.
La carette, une espèce de tortue de la famille des Cheloniidae à l'instar de la tortue-luth, est capable de parcourir les eaux froides de l'Atlantique Nord pour atteindre les chauds rivages de la Caraïbe afin d'y pondre ses œufs. Les filets de pêcheurs de Grand-Boucan ne les épargnent pas. Ces pauvres pêcheurs n'ont aucune idée de la précarité de cette population de tortues. « Des requins et d'autres gros poissons investissent souvent les eaux au large des plages où naissent les tortues et attendent l'arrivée de celles-ci », lit-on dans OWL Magazine.
Ces espèces, qui parcourent des distances considérables pour pondre des centaines d'oeufs dans le sable chaud, sont protégées dans les Antilles françaises, comme la Martinique et la Guadeloupe. Il existe même un plan de restauration des tortues marines.
En Haïti, aucun programme, aucun plan ne protège ces espèces
La planète est une, le monde est sans frontière pour les animaux, et les tortues n'ont pas de nationalité. Que peut-on faire pour une prise de conscience des pêcheurs de ce coin isolé du reste d'Haïti et du monde ? Grand-Boucan, commune prisonnière de barrières constituées autant de montagnes que d'ignorance, n'a eu son premier centre de santé que la semaine dernière. Beaucoup d'habitants qui n'ont pas eu la chance de quitter la presqu'île n'ont jamais vu une moto, voire une seule auto durant toute leur vie.
Mais question tortue, à Grand-Boucan, « se pa vini w ki pou sove w. » Tortues-luths ou carettes, elles sont bonnes pour la cuisson...
Claude Bernard Sérant
http://lenouvelliste.com/article4.php?newsid=121707

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