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mercredi 1 février 2012

L'ancien dictateur d'Haïti serait jugé pour détournements de fonds mais pas pour crimes contre l'humanité.

Un an après être subrepticement revenu en Haïti après vingt-cinq années d'exil en France, Jean-Claude Duvalier pourrait remporter son pari osé: aujourd'hui âgé de 60 ans, l'ancien dictateur finira peut-être tranquillement sa vie en son pays ravagé par la cupidité et les atrocités de sa famille, les désastres naturels, les épidémies et bien d'autres malheurs. Mardi, le juge d'instruction chargé d'étudier son dossier a simplement recommandé son renvoi devant un tribunal correctionnel pour détournement de fonds. «Bébé Doc» qui, à la suite de son père, «Papa Doc», mit en coupe réglée Haïti de 1971 à 1986, ne devrait donc pas répondre des nombreux crimes imputables à son sanglant régime. Saisi dès le retour de Jean-Claude Duvalier, le juge Carves Jean aura mis un an pour boucler son instruction. C'est désormais au tribunal correctionnel de décider d'éventuellement poursuivre «Bébé Doc» pour détournements de fonds, et donc de préciser la hauteur d'un préjudice généralement évalué à plusieurs centaines de millions de dollars de fonds publics. Une telle accusation est passible de cinq années de prison. Reynolds Georges, l'avocat de Jean-Claude Duvalier, fait cependant valoir que ces faits sont prescrits.
«C'est du pain bénit»
C'est un revers pour nombre d'ONG, la Commission interaméricaine des droits de l'homme et le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme. Cette dernière organisation, par la voix de son porte-parole, Rupert Colville, s'est dès hier déclarée «extrêmement déçue» que l'ancien dictateur ne puisse être jugé pour «les très graves violations des droits de l'homme, tortures, viols et exécutions extrajudiciaires» dont il est accusé.
En septembre 2011, Amnesty International avait pointé dans un épais dossier «le recours généralisé à la torture» dans les prisons des casernes Dessalines, de fort Dimanche et du pénitencier national et, toujours entre 1971 et 1986 en Haïti, les «disparitions forcées». Pour l'ONG, celui qui était chef de l'État haïtien à l'époque devait être poursuivi pour crimes contre l'humanité. Plusieurs des victimes du régime de «Bébé Doc», telle la journaliste Michèle Montas, ancienne porte-parole de l'ONU, avaient expliqué qu'«organiser un procès contre Duvalier, ce serait un signe de la fin de l'impunité en Haïti».
Mais rien n'est parfait en ce pauvre pays. Dans son édition de mardi, Le Nouvelliste notait que Jean-Claude Duvalier «échappe au pire, mais n'aura pas à savourer le meilleur: un non-lieu… Ni relaxe, ni procès majeur, c'est du pain bénit. Sauf pour les victimes».
Les autorités haïtiennes souhaitent-elles tourner la page «Bébé Doc»? Il y a un an, le retour chez lui de Jean-Claude Duvalier avait précédé celui de Jean-Bertrand Aristide, un autre président haïtien que ses exactions avaient contraint à l'exil. La campagne présidentielle battait alors son plein. Michel Martelly, le candidat qui a depuis été élu président, comme son opposante de l'époque, avait accueilli ces hommes que la justice internationale n'est jamais parvenue à juger. Aux États-Unis comme en France, les poursuites contre Jean-Claude Duvalier n'ont notamment pas abouti.
http://www.lefigaro.fr/international/2012/01/31/01003-20120131ARTFIG00601-la-justice-haitienne-exonere-bebe-doc.php
Commentaires:
Je fais partie des gens que la théorie du complot insupporte terriblement. Cependant je suis en droit de dire que ces ONG, les commissions de droit de l'homme et même l'ONU versent actuellement des larmes de crocodile. C'est trop facile aujourd'hui de laisser "le bébé" dans les bras supportés par de faibles épaules de la justice haïtienne. Tout le monde est au courant des déficiences structurelles de cette instance; tout le monde est conscient de la situation cahotique du pays, pourquoi n'avoir pas jugé Jean-Claude Duvalier devant la Cour Pénale internationale pendant qu'il séjournait en France. Pourquoi avoir fermé les yeux sur son retour "en douce" en Haïti.
Alors là messieurs les "grands", laissez les victimes pleurer l'injustice manifeste des autorités haïtiennes mais de grâce, fouttez nous la paix avec vos incantations hypocrites !

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