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mardi 20 décembre 2011

Haïti-Duvalier : Le CARLI indigné de voir le dictateur pris comme modèle par des étudiants en droit

P-au-P, 19 déc. 2011 [AlterPresse] --- Le Comité des Avocats pour le Respect des Libertés Individuelles (CARLI) s’indigne et dénonce le « comportement scandaleux » du décanat de la faculté de droit des Gonaïves (nord) et des étudiants finissants qui ont fait choix du dictateur Jean-Claude Duvalier comme « parrain de promotion », d’après une note transmise à AlterPresse, ce 19 décembre 2011.
Cet acte vise « à réhabiliter l’ancien dictateur » et « constitue, à bien des égards, un affront et un avilissement pour les milliers de compatriotes qui ont connu les atrocités du régime des Duvalier », selon la note du CARLI.
Le dictateur a été choisi comme « parrain » de la promotion sortante Robert Blanc de la faculté de droit des Gonaïves. La cérémonie de graduation a eu lieu le vendredi 16 décembre 2011 dans la ville des Gonaïves.
Dans son allocution de circonstance, Jean-Claude Duvalier, en exprimant sa reconnaissance envers les étudiants, a qualifié son choix de « parrain de promotion » de « geste courageux et réfléchi. »
Joseph Mécène Jean-Louis est le doyen de l’école de droit et des sciences économiques des Gonaïves depuis la mort de l’avocat Hugues Saint-Pierre en 2007.
« Comment des étudiants en droit, des responsables de faculté de droit peuvent-ils ignorer les principes élémentaires en matière de droits humains et vouloir du même coup institutionnaliser l’impunité à l’instar de nos dirigeants politiques ? » se questionne l’avocat Renand Hédouville, secrétaire général du CARLI.
Lors de son discours, Duvalier ne s’est pas gêné pour saluer la mémoire de jeunes assassinés par son régime.
« En effet, je pense à Jean-Robert Cius, Michelson Michel et Daniel Israel tombés presqu’au seuil de l’adolescence. Souffrez un instant que je vous demande d’observer avec moi une minute de recueillement en leur mémoire », a déclaré le dictateur dans un élan lyrique.
Pour Renand Hédouville, secrétaire général du CARLI, cet acte « est insultant et provocateur ».
« Comment peut-il se recueillir à la mémoire des victimes alors que les auteurs de ce triple assassinat travaillaient à la solde de son régime et en conséquence il était responsable pénalement ? », s’interroge le CARLI.
L’assassinat, en novembre 1985, de ces trois élèves par les hommes de Duvalier aux Gonaives a donné le coup d’envoi d’une série de manifestations qui ont abouti au renversement de « Baby doc » et son départ pour l’exil le 7 février 1986.
Depuis son retour en Haïti, le 16 janvier 2011, plusieurs voix nationales et internationales se sont élevées pour réclamer le jugement de l’ancien président auto-proclamé à vie pour détournements et vols de fonds publics ainsi que crimes contre l’humanité.
« Les crimes contre l’humanité caractérisés par des cas de disparitions, de tortures, de viols, d’exécutions sommaires constituent des crimes internationaux et sont imprescriptibles », rappelle le CARLI.
Depuis le 24 mars 2011, le dictateur Jean Claude Duvalier avait été assigné à résidence. Cette décision de justice prise par le juge Carvès Jean limitait les déplacements de « Baby doc » à la capitale et ce dernier ne pouvait recevoir chez lui qu’à des heures précises.
Cent cinquante-cinq kilomètres séparent la ville des Gonaïves de Port-au-Prince. http://www.alterpresse.org/spip.php?article12096

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