Soutenue par les classes moyennes et les intellectuels, Mirlande Manigat, professeure de droit constitutionnel et vice-rectrice de l'université Quisqueya de Port-au-Prince, souffre d'un handicap par rapport à ses rivaux, elle parle plus en juriste et en politologue qu'en "bête de meeting".
Face à elle, le chanteur Michel Martelly
Le second tour de l'élection présidentielle haïtienne mettra Mirlande Manigat face à Michel Martelly, le 20 mars prochain. Jude Célestin, le candidat du pouvoir, a finalement été écarté au profit du chanteur dont les partisans étaient descendus dans la rue à l'annonce de la disqualification de leur idole. Mais qui est "Sweet Micky"? Portrait.
Fille d'un officier de l'Armée haïtienne, elle est issue d'une famille de la classe moyenne. Après des études à l'Ecole normale supérieure elle part pour Paris où elle décroche, en 1968, un doctorat en sciences politiques à la Sorbonne. C'est à Paris qu'elle épouse Leslie Manigat, de dix ans son aîné, qui deviendra brièvement président en 1988 entre deux coups de force militaires. En 2006, elle remporte un siège au Sénat mais renonce à siéger, à la demande de son mari, candidat malheureux à l'élection présidentielle remportée par René Préval.
Candidate démocrate-chrétienne, Mirlande Manigat a de sérieuses chances de devenir la première femme présidente d'Haïti. Joe Raedle/Getty Images/AFP |
Elle prend plus tard la tête du Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (RDNP), parti démocrate-chrétien, sous la bannière duquel elle se présente à l'élection du 28 novembre, avec le soutien d'un groupe de parlementaires opposés au président Préval.
Après avoir, au lendemain du scrutin, réclamé son annulation pour cause d'irrégularités, elle change d'avis, expliquant que les fraudes imputées au pouvoir en place au profit du candidat Jude Célestin semblent moins graves qu'attendu. Quatre jours plus tard, elle refuse, tout comme Michel Martelly arrivé en troisième position, et comme six ONG observatrices de l'élection, un nouveau recomptage des votes proposé par le conseil électoral. Ces dernier jours, Mirlande Manigat a rejeté l'idée d'un second tour à trois proposée par Michel Martelly.
La bataille de l'éducation
Admettant qu'elle fait partie des privilégiés, Mirlande Manigat déclare vouloir combattre les injustices sociales, par le biais de l'éducation, son cheval de bataille. Elle se dit particulièrement préoccupée par les jeunes: "Notre jeunesse est en train de se gaspiller", écrit-elle sur le site du RDNP.
Elle prône des changements constitutionnels, dont le retrait de l'interdiction de la double nationalité, et préconise la participation de la diaspora dans le développement et la vie politique du pays. Si elle est élue, Mirlande Manigat demandera le départ progressif de la mission de l'ONU en Haïti (Minustah), qu'elle a qualifiée de "force d'occupation".
Elle est soutenue par le Collectif pour le renouveau haïtien, qui regroupe une centaine de parlementaires actifs ou ayant déjà siégé et jouit de la sympathie des organisations féminines qui espèrent voir pour la première fois une femme élue à la présidence.
Pragmatisme
Se disant attachée à la constitution, l'ex-première dame, a promis de travailler avec l'opposition et de cohabiter avec le parti Inite ("Unité") de Jude Célestin, candidat du parti au pouvoir, si cette formation obtenait la majorité au Parlement.
Son âge, 70 ans, n'est pas forcément une faiblesse pour l'électorat estime-t-elle: "Mon expérience me met à l'abri des vanités, des ambitions, surtout la richesse et la gloire".
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique/mirlande-manigat-une-femme-pour-haiti_947346.html
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