Publié le 9 Février 2011 Sujets : Première Chaîne de Radio-Canada , Centre de Diagnostic , Hôpital Sacré-Cœur , Haïti , Amériques , Port-au-Prince
Cela dépasse l’entendement. Imaginez : après un tremblement de terre, la population du pays le plus pauvre des Amériques est aux prises avec le choléra. Pourtant, l’un des rares hôpitaux modernes, bien équipé, demeure fermé, fautes de fonds et de partenaires, en dépit d’annonces de millions de dollars en aide de la part des pays donateurs. Si un écrivain devait présenter un tel scénario à son directeur littéraire, il se ferait répondre que son histoire n’est pas « vraisemblable ». Les lecteurs pourraient difficilement y croire, tant la proposition manque de crédibilité.
Or, c’est pourtant ce qui se passe dans la réalité, en Haïti. Dans un reportage présenté le 2 décembre dans le cadre de l’émission Désautels à la Première Chaîne de Radio-Canada, Dorothée Giroux donne la parole à M. Reynold Savain, radiologue et fondateur du Centre de Diagnostic et de Traitement Intégré (CDTI), également appelé Hôpital Sacré-Cœur. Le Docteur Savain nous raconte son désarroi de constater que cet hôpital, qui a soigné plus de 12 600 personnes après le tremblement de terre, est inutilisé. Situé au cœur de Port-au-Prince, le CDTI est un hôpital privé, antisismique et offrant un équipement de pointe. Les 175 employés ont malheureusement dû être remerciés, car on n’a plus d’argent pour leur verser un salaire.
Triste ironie que ce constat : la population de Port-au-Prince, notamment de nombreux enfants, a un besoin criant de soins, et l’hôpital le mieux équipé en ville n’est accessible à personne! Le photojournaliste Renaud Philippe, ayant récemment séjourné en Haïti, affirmait d’ailleurs, lors d’une entrevue accordée à Claude Bernatchez de Radio-Canada le 6 décembre, que ce peuple souffrait comme jamais il avait « imaginé qu’un peuple pouvait souffrir ».
Pour plusieurs personnes, plus fragiles, l’accès aux soins pourrait faire la différence entre vivre ou mourir. Des enfants qui souffrent, un hôpital fermé, comment peut-on tolérer une situation aussi aberrante, alors que 10 000 ONG sont présentes dans ce pays? Alors que les promesses d’aide se chiffrent en termes de millions de dollars?
Les dernières élections présidentielles ont démontré, si l’on en doutait encore, à quel point ce pays est désorganisé. Le gouvernement haïtien n’est manifestement pas à même de gérer cet hôpital dans la situation actuelle. Pourquoi le Canada ne choisit-il pas de transférer les fonds déjà prévus pour la construction d’un hôpital en Haïti à une organisation non gouvernementale (ONG), sur place, qui pourrait en assumer la gestion, en attendant qu’un gouvernement haïtien soit élu et qu’une certaine accalmie soit revenue au pays? Ce serait poser un geste bien concret, efficace, qui pourrait sauver des centaines de vies. Le temps presse.
Jean-Denis Côté
Québec
http://www.quebechebdo.com/Soci%C3%A9t%C3%A9/Opinion/Tribune%20libre/2011-02-09/article-2210957/Aberrant-un-hopital-moderne-ferme-en-Haiti/1
Commentaires:
Depuis le tremblement de terre, le mot qui caractérise le mieux la situation en Haïti reste aberration. Cette déviance dans les aptitudes et les comportements se vit, se voit et se sent partout.
L'histoire tragique racontée et tissée autour de cet hôpital pourrait se rapporter à d'autres domaines clé de la société. Et si parmi ces domaines on voudrait en choisir un l'éducation offerirait un terrau plus que fertile pour ensemencer cette abérration.
En fait le substrat qui supporte cette abérration est le refus et le mépris de l'excellence.
Les ONGs qui gèrent la totalité ou presque de la vie nationale a en horreur tout ce qui ressemble à l'excellence. Comme si un pays peut se relever sans un noyau découlant d'une élite qui chérit l'excellence dans tous les sens du mot.
Pour les ONGs, une clinique privée, appartenant à un particulier est une "boîte à fric". C'est un hôpital créé par des riches pour se faire de l'argent. donc ces institutions crées par des citoyens haïtiens qui malgré tout continuent à croire au pays, des institutions qui ne sont pas couvertes par atavismes par des police d'assurance ont disparu de la scène et les ONGS préfèrent avoir la rougeolle que d'aller porter secours à ces gens et les aider à relever leurs institutions.
La même situation s'obeserve aussi avec les écoles privées. Pour des raisons que nous connaissons tous, les meilleures écoles haïtiennes étaient des écoles privées. Des écoles qui ne recevaient pas exclusivement des gesn riches, mais des enfants dont les parents ont accepté le défi de miser sur l'éducation.
Quand les enfants des bouirgeaois traditionnels partent faire les études hors des frontières d'Haïti, certains haitiens endossent un degré de sacrifice pour payer l'éducation de leurs enfants car les écoles non payantes ne valent rien.
Après le tremblement de terre personne ou très peu de gens ont penser à tendre la main à ces directeurs d'écoles, de vrais combattants en faveur du savoir.
Les écoles types boui-boui reçoivent une certaine injection d'aide tandis que les institutions garantes de l'excellence académiques sont abandonnées à elles-mêmes.
Les amis d'Haïti qui veulent refonder la socité haïtienne en appliquant la formule du nivellement par le bas auront fort à faire, avant de réussir , peut-être!
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
mercredi 9 février 2011
Aberrant : un hôpital moderne fermé en Haïti
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