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mercredi 10 novembre 2010

Le choléra atteint Port-au-Prince

Publié le 10 novembre 2010
Isabelle Hachey, La Presse
À l'hôpital Charles Colimon, dans le village de Petite Rivière,
 Mevilia Josefa tient la main de sa mère Adelia Étienne,
 qui reçoit un traitement intraveineux dans la section réservée
aux cas graves. Photo: David Boily, La Presse

L'épidémie de choléra a atteint la ville de Port-au-Prince. Et elle se propage à une vitesse folle. Désormais considérée comme une question de sécurité nationale par les autorités haïtiennes, la maladie, hautement contagieuse, menace les 3 millions d'habitants de la capitale - dont près de la moitié vit encore dans des camps de toile érigés après le séisme dévastateur du 12 janvier.
«C'est en train d'exploser!» Le constat de Stefano Zannini, chef de mission de Médecins sans frontières en Haïti, est alarmant. Depuis trois jours, à Port-au-Prince, MSF a soigné plus de 200 personnes atteintes de diarrhée grave, un symptôme du choléra. «Lundi, on avait deux fois plus de cas que dimanche. Mardi, c'était le double de lundi. Et on s'attend encore à une augmentation exponentielle dans les prochains jours», a dit M. Zannini, joint à Port-au-Prince.
«Nous sommes extrêmement préoccupés par la situation», a-t-il ajouté. Le ministre de la Santé, Ariel Henry, partage ces craintes. Selon lui, une grave épidémie à Port-au-Prince est désormais probable. «Ça s'en vient», a-t-il déclaré à l'AFP.
Les autorités ont confirmé hier qu'un garçon de 3 ans avait contracté le choléra, bien qu'il n'ait pas eu de contact avec les habitants du nord de l'île, où l'épidémie s'est déclarée. Une personne a succombé au choléra dans un hôpital de Cité Soleil, un bidonville de Port-au-Prince. Trois cadavres ont aussi été ramassés dans la rue, sans que l'on sache si leur mort était liée à la maladie.
Une infirmière a de la difficulté à piquer la veine d'une patiente à cause de la déshydratation.
Photo: David Boily, La Presse

Conditions «extrêmement précaires»
La situation suscite d'autant plus d'inquiétude que que le choléra risque de trouver un terrain fertile dans les camps de Port-au-Prince, où s'entassent encore 1,4 million de rescapés du tremblement de terre. «Ces personnes vivent dans des conditions extrêmement précaires, dit M. Zannini. La promiscuité, la mauvaise hygiène et les conditions sanitaires déficientes forment un environnement parfait pour une épidémie de choléra.»
Jusqu'ici, la plupart des cas probables de choléra ont frappé les quartiers pauvres, insalubres et surpeuplés de Cité Soleil (73 cas recensés hier par MSF) et de Martissant (43 cas). «La semaine dernière, il n'y avait que quatre ou cinq cas par jour. L'augmentation est énorme.» Ces quartiers, réputés très violents, sont difficiles d'accès pour les travailleurs humanitaires.
«Le problème de la violence est un obstacle additionnel à la lutte contre le choléra. Mais le problème principal, c'est que les camps de déplacés se trouvent partout dans la ville, y compris dans les bidonvilles. Et certains d'entre eux ne reçoivent aucune aide», explique le chef de mission.
Une infirmière a de la difficulté
à piquer la veine d'une patiente
à cause de la déshydratation.

Photo: David Boily, La Presse


La peur, un obstacle majeur
Autre obstacle majeur: la peur. «Le choléra n'est pas du tout connu en Haïti. La population panique autour de cette maladie. Elle craint que la proximité de nos centres de traitement du choléra (CTC) n'amène des risques additionnels de contamination», dit M. Zannini. Les CTC permettent au contraire de traiter les gens plus rapidement et de les isoler afin de limiter la propagation de l'épidémie.
MSF s'emploie à construire un CTC de 320 lits à Port-au-Prince. D'ici à la fin de la semaine, l'organisme espère disposer de 1000 lits pour soigner les cas de choléra d'un bout à l'autre de la capitale.
***
L'épidémie de choléra à Haïti
 583 morts
 Plus de 9000 hospitalisations
 73 cas confirmés à Port-au-Prince
 Le choléra est une infection intestinale causée par une bactérie transmise dans l'eau ou la nourriture contaminée. La maladie, hautement contagieuse, provoque la diarrhée, des vomissements et une grave déshydratation. Elle tue rapidement si elle n'est pas traitée, mais elle se soigne aisément avec des antibiotiques.
http://www.cyberpresse.ca/international/amerique-latine/201011/10/01-4341093-le-cholera-atteint-port-au-prince.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_vous_suggere_4341080_article_POS1

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