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jeudi 25 novembre 2010

Haïti: "La gestion de l'après-catastrophe est catastrophique"

25.11.10 - 09:11

Interrogés par la RTBF, l'écrivain haïtien Lyonel Trouillot et Marie-Christine Férir de MSF, font un constat d'échec de la réponse internationale au séisme et à l'épidémie de choléra en Haïti. La responsabilité du gouvernement haïtien est pointée du doigt.
Dix mois le séisme, Haïti fait face à une épidémie de choléra. Interrogé par Bertrand Henne, l'écrivain haïtien Lyonel Trouillot dénonce "l'échec de la communauté internationale, l'échec des Nations-Unies. On assiste à l'échec de tous ces pays qui se disent amis d'Haïti, de tous ces Etats dans leur collaboration avec le gouvernement haïtien qui est le premier responsable de cette catastrophe. La catastrophe qui a touché Haïti le plus durement, ce n'est pas le tremblement de terre, c'est la gestion de l'après, qui a été à la fois catastrophique, nulle techniquement, nulle socialement et, dans certains cas, tout à fait malhonnête. J'ai le sentiment que la population haïtienne est vraiment en colère. Et je pense que cette population, dans sa façon de voir, lie le gouvernement et la communauté internationale qui semblent faire bloc. Et je crois que ça va se traduire d'ailleurs par les résultats des élections. Dans la rue et dans les médias haïtiens, il ya une expression dans les milieux populaires de Port-au-Prince qui est intéressante : les candidats aux élections qui sont liés au gouvernement sont appelés 'des candidats expirés'. C'est l'expression créole, comme si on parlait d'un médicament ou d'un aliment".

Absence de gouvernement efficace
Marie-Christine Férir, coordinatrice des secours d'urgence chez Médecins sans frontières "partage ce constat : dix mois après le tremblement de terre, il n'y a pas grand chose qui se fait. Il y a des choses qui se remettent en route, mais c'est sûr que ce n'est pas à la mesure de l'attente du peuple haïtien, notamment dans la gestion du choléra. La semaine dernière, nous étions aussi assez en colère à Médecins sans frontières perce qu'on avait l'impression qu'il n'y avait pas de prise de conscience de cette problématique ; qu'il y avait assez d'acteurs pour répondre, mais que ça ne bougeait pas. Je peux très bien comprendre que le peuple haïtien se pose des questions. Il y a beaucoup de réunions qui ont lieu, mais ça reste surtout à l'état de mots. On aimerait bien pour le peuple haïtien que des choses concrètes se fassent. Des petites choses se font mais ça reste le sommet de l'iceberg. Il ya plein de choses en profondeur qui doivent être faites et c'est vrai que l'absence d'un gouvernement efficace fait que tout cela n'arrive pas à se mettre en place rapidement. Et donc la communauté internationale est un peu bloquée. Il y a aussi les fonds : je pense que les Etats ont promis des sommes importantes pour reconstruire Haïti, mais très peu d'argent est déjà arrivé sur les comptes. Il y a plein de mécanismes qui nous dépassent, mais le constat est qu'il y a un échec de la réponse internationale en Haïti".
A.L. avec B. Henne
http://www.rtbf.be/info/monde/haiti/haiti-la-gestion-de-lapres-catastrophe-est-catastrophique-279126

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