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dimanche 13 juin 2010

Sous des tentes de fortune, les Haïtiens à l'heure du Mondial

Publié le 12 juin 2010: - Agence France-Presse

Agglutinés sous des tentes en plastique, les yeux rivés sur un tout petit écran, de jeunes Haïtiens vibrent au rythme des passements de jambes et des tirs des vedettes de la Coupe du monde sud-africaine.
«C'est un rare moment de détente pour nous après la catastrophe qui a frappé Haïti le 12 janvier», estime Pierre-Junior, tirant sur une cigarette, un verre d'alcool à ses pieds.
Chaque spectateur admis sous la tente du Parc Sainte-Thérèse, transformé en centre d'hébergement, a payé 5 gourdes (8 cents) pour suivre un match, agrémenté de musique par un DJ qui cherche à gagner sa vie en transformant sa modeste demeure en stade improvisé.
A l'entrée du camp, des adolescents tapent dans un vieux ballon, parodiant la compétition pour laquelle Haïti ne s'est qualifié qu'une fois, en 1974.
Mais Denilson, 11 ans, baptisé en hommage au footballeur brésilien, rêve de jouer un jour dans un grand stade. «J'espère qu'à 18 ans je pourrai jouer la Coupe du monde», insiste-t-il, les pieds nus sur le terrain poussiéreux sous un soleil de plomb.
Cinq mois après le séisme qui a ravagé Haïti faisant plus de 250 000 morts et près de 1,5 million de sans-abri, les Haïtiens veulent profiter de ce mois de foot pour se détendre et «oublier notre quotidien de misère», dit Jennifer, 20 ans. «Il n'y a pas d'amusement dans le pays, alors je vais en profiter, après on verra», ajoute-t-elle, le regard timide.
Atmosphère de fête
Dans les rues de Port-au-Prince encore jonchées de décombres, les jeunes ont établi «leur base» et décoré leurs quartiers aux couleurs de leurs sélections favorites.
Le gouvernement a promis de placer des écrans dans les sites d'hébergement de la capitale afin de permettre aux déplacés de suivre les rencontres, mais ces équipements tardent à venir. «Le président ne pense pas vraiment à nous. (René) Préval ne se soucie pas de son peuple», dit un spectateur.
Dans les rues, les véhicules sont parés de petits fanions et les motos taxis qui envahissent les avenues encombrées de la ville sont peints aux couleurs des équipes, créant une atmosphère de fête dans un pays qui se prépare à vivre une saison cyclonique menaçante après avoir souffert d'un séisme qui a dévasté l'économie la plus faible du continent américain.
Il n'empêche. Une centaine d'Haïtiens ont acheté des billets pour les matches en Afrique du Sud, selon la Fédération haïtienne de Football (FHF), qui a elle-même envoyé une délégation de trois membres.
Et pour le reste de la population, les nombreuses radios et les chaînes de télévision de la capitale avaient déjà lancé les festivités en proposant de longues émissions reprises des chaînes françaises. Elles promettent d'assurer la retransmission de l'intégralité de la compétition.
http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/seisme-en-haiti/201006/12/01-4289448-sous-des-tentes-de-fortune-les-haitiens-a-lheure-du-mondial.php

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