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mercredi 26 mai 2010

Croyances et tendances haïtiennes


Auteur : Quentin Allouard Rubrique : monde, zoom libre Haïti n’est sans doute pas le seul petit pays insulaire, dépendant des autres pour son développement. Apports extérieurs, urbanisation, modernisation, comment les traditions locales ne pourraient-elles pas s’émousser?

En arrivant, je m’attendais à trouver une culture haïtienne profondément ancrée à ses racines et ses traditions. Mais de surprises en désenchantements, c’est une autre génération qui se dessine, attirée par le modèle de son grand voisin. Américanisation outrancière des modes de vie et de pensée ?
L‘American attitude…
Un stand vante les mérites d’une méthode rapide d’apprentissage de l’anglais. Il y a indéniablement une fascination pour les Etats-Unis. Comment imaginer le contraire lorsqu’un membre de la famille ayant un poste dans ce pays fait vivre six autres personnes ici ?
Dans la rue on vous interpelle par un « hey you! » non plus par un « he blan! ». Depuis l’arrivée des troupes de la MINUSTAH, et celles de l’US Army, pour la gestion de la catastrophe, l’homme blanc est américain.
Envie d’exil? Pas si sûr. Un rapide tour d’horizon me fait comprendre que l’attachement à la terre et à la patrie sont les piliers de la culture locale. Klinson, cet assistant de 22ans, dit par exemple, souhaiter partir se perfectionner et revenir. Il me dit qu’il est « enfant du pays« .
La guerre du son.
Lors de la Fête du drapeau -Fête nationale-, le 18 Mai, à Fort Jacques, de jeunes gens sont habillés dans le style gangsta rap made in USA! RnB et Rap font un tabac; les groupes de Rap kreyol ont une ressemblance vulgaire avec leurs égaux étoilés. « Malgré la similitude de look, c’est la jeune culture haïtienne qui s’exprime » m’affirme Wesley, enquêteur et coordinateur de projet. Et justement, les chanteurs scandent en créole haïtien.
Rapide sondage, la musique traditionnelle, elle, ne fait plus trop d’émules parmi les moins de trente ans. Le twoubadou, musique du monde paysan -guitare, bandjo, percussions- s’est quelque peu effacé derrière le Konpa. Plus rythmé, répétitif et électronique grâce aux synthés et boîtes à rythmes, c’est LA musique d’ici, le terme étant très générique, on distinguera notamment les Konpa rara, love, racine…
C’est heureusement cette musique qui résiste le mieux. Contre un mur on vend Cds et DVDs copiés et on joue du Konpa à fond. Fréquemment, sans timidité, un passant exécute quelques mouvements sur la musique.
Les croyances vodou sont cantonnées à certaines terres
En Artibonite, à Léogan ou Gonaïves, il n’y a pas de problème pour trouver un peristil -lieu de culte- et son Ougan -prêtre vodou. A Pétion ville, il est plus facile de côtoyer adventistes ou baptistes, et autres protestants de nouvelle génération un brin prosélytistes.
Assis quelques minutes, assommé par la température, je côtoie une évangéliste pentecôtiste, un mormon, un évangéliste, un protestant baptiste, un adventiste qui observe le sabbat et un catholique non pratiquant! Jeunes comme vieux, c’est le Wal-Mart de la religion ! On me confesse d’ailleurs sans rougir qu’il est difficile de choisir. Dans la capitale, les produits spirituels d’origine US saturent le marché.
De manière générale, on ne se dit pas vodouisant, on se méfie, on n’aime pas, même si une partie de la famille l’est. Quand je demande, on me dit qu’on n’y croit pas, mais qu’on a peur. Wesley m’explique qu’à la campagne c’est plus ambigu : on peut être à la fois chrétien et vodouisant. Urbanisme, modernisation et influence bienveillante des sectes protestantes chassent cette viellent tradition qui mêle spiritualité et magie. Même si, à Pétion Ville, croyance, musique et attitude baignent toujours dans une joyeuse confusion.
http://zoomout.fr/2010/05/24/croyances-et-tendances-haitiennes/

 




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