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mercredi 2 septembre 2009

FERMEES LES SALLES DE CINEMA D'HAITI..REQUIEM POUR LES TEMPLES DU SEPTIEME ART

En Haïti, comme partout ailleurs nous avons tout et de tout. Nous avons même un président et un premier ministre avec des deuxièmes, troisième voire douzième ministre. Ca va de soi dira-ton.
Nous avons une culture certes et quoi de plus logique que d’avoir un ministère de la Culture avec son ministre, son directeur général et ses employés. Bien sûr. Nous les avons. A quoi sert un ministre de la Culture en Haïti ? A travailler et œuvrer pour la promotion de la Culture. Triste Palissade ! Comme le ministre de l’éducation œuvre en faveur de l’éducation et le ministre de l’environnement pour la protection de l’environnement. N’est ce pas.
Le Ministère de la Culture, il y a quelques années, a entretenu le vif de l’actualité. Un ministre s’est même fait virer par les députés d’une de nos législatures antérieures. Ce fut après un vote de censure précédent le renvoi par le Sénat de la République, du gouvernement de Jacques Edouard Alexis.
Comme d’habitude, le Ministère de la Culture et son ministre se trouvent sur la sellette autour de la période carnavalesque.
Ils sont souvent décriés après le carnaval quand les protagonistes réclament ce qui leur est dû ; ou quand un député de « Trou coucou » considère que sa commune a été traitée en parent pauvre dans la distribution et répartition des subventions pour les festivités.
En dehors des scandales concernant des contrats non honorés, entre deux carnavals c’est le calme plat. Un calme sépulcral.
Pour assumer leur existence et surtout leur utilité en période extra carnavalesque, le ministère de la Culture et sont ministre se sont mis à la mode des colloques. Des colloques qui sont organisées avec cotillons pour tirer des conclusions plus qu’évidentes autant archiconnues qu’archi négligées. Mais c’est la mode. Soyons fous. Faisons de colloques ! Les bailleurs de fonds et les ONG ont toujours été friands et des passionnés de colloques. Ne gâchons surtout pas leur plaisir ! Et surtout ne cherchons pas à savoir les détails des dessous des colloques.
Le sujet actuel traite de nos parcs nationaux. Dans le but d’éduquer nos compatriotes sur l’importance de notre parc culturel.
Pourtant le ministère de la Culture pourrait bien avoir son mot à dire et une action à mener sur des sujets visibles dans le panorama culturel haïtien comme le nez au milieu de la figure, contre des comportements nuisibles à notre culture artistique qui sont si bien assimilés qu’ils en deviennent normaux et naturels. La démocratie aidant, les fraudes sont appréhendés comme des droits.
Que pense par exemple le ministre de la Culture sur la disparition de la totalité des salles de Cinéma du pays ?
Comme on fait avec le poulet et les œufs, comme on a fait pour les études universitaires, bientôt depuis Port-au-Prince des excursions seront organisées vers la République Dominicaines avec comme attraction principale, voir les dernières productions cinématographiques.
En effet nous avons appris récemment la fermeture prochaine de « Ciné Impérial », de la route de Delmas, présenté comme la dernière salle de Cinéma ouverte dans la capitale haïtienne avec plus de 2.000.000 d’habitants.
Un groupe de cinéaste haïtiens, soit pour sauver ce qui fut un des temples sacrés du septième art, soit pour un dernier coup avant la disparition totale et définitive de ce mode de divertissement, organisent un ultime festival de cinéma d’Haïti dans les enceintes du Ciné Impérial.
Il m’a fallu moins d’une minute pour me revoir trente en arrière. Je n’avais jamais imaginé que chaque fois que je franchissais le portique d’une salle de cinéma de l’époque ; j’étais entrain de me payer un de ces putains de faux privilèges. De là, m’est venu l’idée de vous parler d’un temps. « Un temps que les moins de …..40 ans ne pourront pas connaître ». Quelques années avant l’installation, et l’éclosion de notre démocratie ; quelques années avant la troisième indépendance du pays ; le temps des « makouts » vêtus de « gros bleu » au foulard rouge cintré de l’enveloppe extérieure de boîte d’allumettes.
Comme aujourd’hui, Haïti faisait partie des nations les plus pauvres du monde. Comme maintenant nous ne possédions qu’un seul centre hospitalier universitaire, le même hôpital Général ; deux routes nationales desservant l’ensemble du territoire.
La plus grande partie de notre jeunesse se confinait aux études. Le processus de « makoutisation » ne montrait rien de bien attrayant. Les jeunes s’appropriaient de la lumière des lampadaires des places publiques, des lampes sculptées des patios espagnols des rares hôtels de luxe pour restructurer leurs esprits et éclairer leurs savoirs. Ceux qui n’avaient ni les moyens ni les possibilités d’étudier, cultivaient leurs envies, leurs déceptions et leurs frustrations entre les mottes éparses des champs vastes et lugubres de la résignation. Pourtant il n’y avait ni kidnapping, ni kidnappeurs ni kidnappés.
Tous les moyens étaient bons à prendre quand il s’agissait de se former, s’informer et s’éduquer.
On s’amusait aussi. Le Cinéma demeurait le divertissement sain par excellence. Chaque quartier disposait de sa salle de ciné. Chaque salle configurée en fonction et à la hauteur des moyens des résidents de la zone.
De Carrefour à Pont Rouge. Les enseignes lumineuses les une plus originales que les autres contribuaient à l’harmonie visuelle des agencements des devantures des immeubles et des corridors. Sidney Poitiers, Yves Montand, Charleston Heston, faisaient corps, derrière les vitrines, avec les foules qui animaient le centre ville.
Cric-Crac Ciné à Carrefour, Ciné Sénégal à Martissant, Ciné Olympia au portail de Léogane, Ciné Lido au boulevard Jean Jacques Dessalines, Airport Ciné à Pont Rouge accueillaient régulièrement leurs ouailles avec des productions diverses : « Cow-boy, Karaté, drame porno ».
Port-au-Prince comptait aussi des complexes cinématographiques avec deux ou trois salles. Ciné Capitol, Ciné triomphe et Ciné Impérial.
Le Ciné Paramount et le mythique REX THEATRE occupaient des places de choix en plein cœur du champ de Mars.
Les familles pouvaient voir les films à même leurs voitures : On avait des « drive in » Ciné !
(A SUIVRE)

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