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vendredi 26 septembre 2008

Conso. Certains ordinateurs émettraient des vapeurs suspectes. La firme n’a pas encore réagi.

Mac Pro, le pépin toxique pour Apple ?
LAURE NOUALHAT
QUOTIDIEN : vendredi 26 septembre 2008

Certains modèles d’ordinateurs Apple émettent des vapeurs toxiques et le géant à la pomme ne pipe mot. Un chercheur du CNRS l’a découvert à ses dépens. En février 2007, le labo du chercheur - qui souhaite rester anonyme - acquiert un Mac Pro pour l’étude de structures de molécules en 3D. Après l’avoir déballé, il repère une forte odeur. Dix jours plus tard, ses yeux, son nez, son larynx sont irrités. «Dès sa mise en route, l’ordinateur a distillé des substances qui, au bout d’une semaine d’utilisation, m’ont provoqué une irritation prononcée de la cornée et des voies respiratoires», raconte-t-il. Même à l’arrêt, l’ordinateur sent.
Puanteur. Le biologiste moléculaire contacte alors Apple Care, le service d’assistance aux clients d’Apple, lequel lui envoie un technicien pour changer l’alimentation de l’ordinateur. La puanteur persiste, le chercheur insiste. Apple procède à un échange mais - manque de chance, le second appareil empeste de la même façon. Intrigué, notre chercheur commence à farfouiller sur Internet et découvre que son cas est loin d’être isolé. En Allemagne, en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis, les forums de discussion regorgent de témoignages. «Odeur de voiture neuve», «de tapis garni de pourriture», «sensations de vertiges», «nausées», «migraines». On y trouve même de judicieux conseils : «Moi, je travaille les fenêtres ouvertes.»
Pugnace, le scientifique contacte Greenpeace qui le renvoie sur un laboratoire d’analyses, Analytica, connu pour avoir débusqué le caractère toxique du pétrole de l’Erika. Analytica piège les molécules du fameux fumet. «Nous avons identifié sept contaminants organiques volatils», explique Bernard Tailliez, patron du labo. Le cocktail détecté est peu engageant puisqu’il s’agit notmament de styrène, de benzène et de ses dérivés…
«Benzène». Libération a fait passer l’étude à l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Inéris). «Ces substances sont pour la plupart des irritants des yeux, de la peau et des voies respiratoires, ce qui peut entraîner des signes cliniques lors d’expositions aiguës. Certains sont nocifs ou toxiques par voie orale, mais là, il s’agit d’inhalation», analyse Sylvie Tissot, toxicologue à l’Inéris. Donc, a priori, pas de risque. Toutefois, une molécule pose problème. «Le benzène peut avoir des effets sur la moelle osseuse. Imaginons qu’une personne travaille huit heures par jour pendant deux mois en inspirant de telles vapeurs, des personnes sensibles pourraient très bien développer des leucémies», affirme Annie Leszkowicz, experte en risque chimique auprès de l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail.
Contacté par Libération, Apple garde le silence. «J’ai obtenu la même réponse à chaque fois, s’énerve notre lanceur d’alerte : "Nos ingénieurs se penchent sur le problème."» A force de se pencher dessus, ils ont dû l’étouffer. Pourtant, Apple détient le rapport d’analyses depuis février et n’a jamais informé ses clients du risque encouru. Quelques jours après avoir publié son rapport sur le Net, le chercheur a reçu un coup de fil d’Apple lui promettant «de régler le problème sous huit jours». Des internautes ont recoupé les numéros de série des ordinateurs défectueux et certains affirment qu’ils viennent tous de Chine. Rien ne vient confirmer cette hypothèse. En tout cas, le silence d’Apple pourrait lui coûter cher : en 2007, Sony avait été contraint de rappeler 440 000 ordinateurs portables pour cause de batteries surchauffantes. Le marché avait alors sanctionné la lenteur de gestion du problème, et l’action Sony avait perdu 4,2 % à Tokyo.

http://www.liberation.fr/actualite/economie_terre/354540.FR.php

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