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dimanche 2 mars 2008

Mort de Manno Sanon ou fin d'une époque

Emmanuel Sanon dit Manno Sanon s'est éteint le jeudi 21 février 2008 à Orlando où il souffrait d'un cancer du pancréas. Peu importe qu'il soit né le 21 ou 25 juin 1951 l'important c'est que notre Manno a eu, dès sa mort, 56 non pas 57 ans parce que sa date de naissance n'était pas encore arrivée.
Certaines personnalités et non des moindres de sa génération, se sont expliquées sur l'épopée de Manno Sanon du 15 juin 1974, en Allemagne de l'Ouest, lors de la coupe du monde de cette année là, face à la Scuadra Azura d'un certain Dino Zoff qui a joué plus de 12 matches officiels sans encaisser le moindre but. D'autres, elles, ont beau dire mais pas assez sur ce but spectaculaire de Ti Manno ainsi que la passe décisive du meneur de jeu de cette sélection, Philippe Vorbe. Action collective ponctuée d'un super but qui restera gravé dans les coeurs et la mémoire des Haïtiens. Bijou de but réalisé à l'heure où la télévision n'était pas aussi répandue qu'aujourd'hui.
Face à ce manquement, sur le personnage de Manno, le Club des Fans Sportissibo (CFS), récemment fondé afin de participer à la promotion du sport dans le pays, entend pleurer à sa façon son Manno à lui, à tous les Haïtiens.
Au moment où l'on parle de manque de repères, voire de modèles pour les jeunes, tous les secteurs de la vie nationale doivent s'unir en vue de rendre un vibrant hommage à ce poto mitan du sport haïtien.
Les Haïtiens doivent se mettre debout, comme ils l'avaient fait lors du début de cette première mi-temps, quand Manno avait inscrit ce but mémorable, pour saluer le départ de ce grand Homme. Dans le but de faire en sorte que ce Héros du sport haïtien ne meure jamais.
Il n'était pas individualiste du fait qu'il ne s'appropriait jamais de ce but pour son bonheur, mais pour celui de toute une nation. Ce but n'était pas un coup de chance puisqu'il allait en marquer quelques jours plus tard contre l'Argentine. Et, nous avions eu la chance de l'entendre dire à plusieurs reprises, lors de sa dernière visite dans le pays, en mai 2007, qu'à son époque il ne jouait pas pour de l'argent mais pour la gloire.
Rien que pour le plaisir du beau jeu et de ses fans. Au cours de cette visite que Manno avait réalisée au bercail afin de recevoir les hommages du président de la République, René Garcia Préval, il exhortait les jeunes de la sélection des moins de 17 ans à jouer pour le plaisir du jeu avant toute autre chose. Ainsi, ils verront la gloire. S'il est de la génération de 1961 à 1984, la plupart des jeunes d'aujourd'hui ne le connaissent pas vraiment. À l'exception de quelques uns / unes qui suivent à la loupe le football haïtien. N'est-ce pas le moment pour que la Fédération Haïtienne de Football (FHF), le Gouvernement, les associations sportives et autres entités concernées de près ou de loin par le sport, réalisent toute une série d'activités en honneur de notre TOUP POU YO ? Le gouvernement a déjà fait beaucoup, mais pas assez pour que l'époque de Manno ne s'arrête pas là.
Manno Sanon, la Perle Noire selon les Mexicains, a su se hisser au-delà du titre du meilleur attaquant haïtien de tous les temps pour se positionner comme le meilleur sportif haïtien. Ce, non seulement à cause d'une carrière bien remplie mais aussi, à ses prises de parole, il se voit comme un sportif, un patrimoine national et culturel. Donc, Manno n'appartient pas uniquement et simplement au monde du football, mais au sport tout court. Il n'a fait que matérialiser ses talents de sportif dans une discipline qui est le football.La seule satisfaction que nous nous permettons d'avoir, si satisfaction il y en a, c'est que Manno est parti avec un cœur rempli. La génération d'aujourd'hui doit se mettre au travail pour que le nom de la perle noire raisonne et continue à raisonner dans les cœurs des générations à venir. Voilà en quoi peut se résumer l'hommage digne qui doit être rendu à Manno pour ce sportif complet qu'il était.
Michel ANTOINEResponsable des Relations PubliquesClub des Fans Sportissibo (CFS)club.fansportissibo@yahoo.fr
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=54863
Commentaires :
Je me vante aujourd’hui encore d’avoir été et d’être encore un Fan inconditionnellement malade de notre sélection TOUP POU YO de 1974.
Les pourfendeurs d’Haïti nous critiquent souvent du fait que nous exhibons trop haut et avec la gorge trop déployée notre fierté d’avoir édifier contre les idéologies du moment, la première République Noire du Monde.
Nous ne pouvons pas leur en vouloir car nous ne pouvons pas leur demander de rentrer dans la peau d’un esclave et vivre cette sensation indescriptible d’avoir vaincu ce phénomène contre-nature.
Dans cette même logique il faut être haïtien et avoir aujourd’hui entre 40 et 60 ans pour comprendre et évaluer la geste de la sélection de Philippe Vorbe, Emmanuel Sanon, Wilner Nazaire, Henri Francillon, Jean Claude Désir (Ton Pouce), Arsène Auguste (Pélao), Ernst Jean Joseph (Grimo), Pierre Bayonne, Wilner Piquant, Guy Sainvil, Claude Barthélemy (Coca), Guy François…
Mon Dieu quelle équipe !
J’ai perdu ma voix mille et une fois. J’ai pleuré plus d’une fois. De joie, de l’ivresse du bonheur.
Les membres de la sélection TOUP POU YO démontraient un niveau de football-champagne plus qu’excellent. Ils n’ont rien à envier des stars qui ont écrit les plus belles pages du sport roi.
Leur seul défaut c’est qu’ils étaient haïtiens et surtout ils ont vécu en 1974. Le football n’était pas ce qu’il est aujourd’hui.
Je suis plus jeune de 10 ans de Ti Manno. Je mourrai peut être dans dix ans aussi. L’un des souvenirs les plus forts que j’emporterai avec moi vers l’au-delà sera justement les pages de l’épopée de cette sélection nationale Haïtienne finaliste de la coupe du monde de 1974.

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