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mardi 11 mars 2008

Les détritus valent de l'argent

Carrefour-Feuilles n'est plus le quartier insalubre et violent qu'il était, il y a deux ans. Le projet de collecte des déchets solides financé par l'Inde, l'Afrique du Sud et le Brésil (IBSA) en est pour quelque chose.

Des dizaines d'hommes et de femmes équipés de brouettes, de pelles et de balais sont quotidiennement à l'oeuvre à travers les rues de Carrefour-Feuilles. Motivés, ils sensibilisent aussi les gens à ne pas jeter les détritus par terre.

Au bout de quelques semaines de la grande croisade, leurs efforts se sont révélés payants. « Les 25 quartiers de Carrefour-Feuilles sont plus propres qu'avant », se réjouit Joseph, un jeune universitaire dans la vingtaine résidant dans ce quartier jadis sous la coupe de gangs armés.



Un centre de triage et de transformation des ordures a été construit à Savane Pistache, un quartier de Carrefour-Feuilles.
Une partie des déchets collectés est transportée vers ledit centre. Là, on fait un premier tri. On extrait les papiers, les verres, les métaux et les plastiques.

Les papiers sont utilisés pour la fabrication des briquettes destinées à la cuisson. Et, les autres déchets sont pour l'instant jetés à Truitier, l'une des plus importantes décharges du pays. Pour le transport des déchets, deux camions sont à la disposition du groupe. « Nous comptons bientôt construire un centre de compostage afin de transformer ces détritus en engrais », annonce Dimanche Jean Gérald, responsable du centre de triage. Quelque six mille briquettes sont déjà fabriquées dans le cadre du projet.

Cette quantité est jugée insuffisante pour être mise sur le marché. « Nous ne voulons pas être en rupture de stock », a répondu M. Dimanche lorsqu'on lui a demandé quand est-ce que les briquettes seront mises en vente. Une fois commercialisées, croit-il, la population achètera les briquettes avec empressement en lieu et place du charbon de bois.

"Seulement huit briquettes de papier suffisent à la cuisson d'un repas relativement consistant. Le tout en moins d'une heure, a affirmé Jeanneus Verdieu, responsable de la section de briquettes au centre de triage. En termes d'argent et de temps, ce sera plus économique que le charbon de bois." A côté des briquettes fabriquées avec de l'eau, du papier ou carton mélangé avec de la poudre de bois, on fabrique aussi des balais pour le nettoyage des rues.


Quelque 300 jeunes et adultes de Carrefour-Feuilles gagnent leur vie à partir de ce projet qui vise à consolider le processus de lutte contre la violence dans la zone. Pour ne pas créer des frustrations, on fait travailler les gens en rotation.

Toutes les deux semaines, on embauche de nouvelles têtes. "Le projet a beaucoup d'importance pour Carrefour-Feuilles, a indiqué Otley Adam du centre de triage. Grâce à cette activité, beaucoup de pères de famille, comme moi, arrivent à envoyer leurs enfants à l'école."Les briquettes de papier sont une alternative au charbon de bois, a enchaîné Ginette Séjour elle aussi affectée à la section du triage. J'espère que les gens vont les acheter en vue de mettre fin au déboisement du pays.

Inauguré en décembre 2007 et réalisé dans le cadre de la coopération Sud-Sud, le projet de collecte des déchets solides financé par l'Inde, le Brésil et l'Afrique du Sud, selon les responsables, touchera sous peu d'autres quartiers populaires du pays.

Jean Pharès
Jérôme

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