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vendredi 28 mars 2008

La frontière en ébullition : Les dominicains séjournant en Haïti appelés à la plus grande prudence

Santo Domingo craint des représailles contre ses ressortissants après le meurtre à Dajabòn d’une haïtienne enceinte de plusieurs mois, Annette Joazard, victime de l’action d’un militaire dominicain ; le gouvernement haïtien hausse le ton et menace d’arrestation et d’expulsion les sans-papiers dominicains
jeudi 27 mars 2008,
Radio Kiskeya

La République Dominicaine a mis en garde jeudi ses ressortissants visitant Haïti contre les représailles dont ils pourraient faire l’objet au lendemain de la mort violente en territoire dominicain d’une femme enceinte haïtienne à l’origine de fortes tensions à la frontière entre les deux pays.
Selon une dépêche de l’agence espagnole EFE, parallèlement à cet appel à la prudence de Santo Domingo, les autorités haïtiennes ont durci le ton en exigeant des dominicains arrivant au pays d’être porteurs de documents de voyage valides. Dans le cas contraire, ils risquent d’être arrêtés et rapatriés.
De son côté, le gouvernement du Président Leonel Fernàndez a recommandé aux camionneurs qui acheminent régulièrement des aliments et matériaux de construction en Haïti de discontinuer leurs activités afin de ne pas se mettre en danger.
Le corps d’Annette Joazard est arrivé mercredi à la mi-journée à Ouanaminthe (Nord-est) au milieu d’un grand tumulte. Une série d’incidents avaient précédé le rapatriement de la dépouille de la victime, certains haïtiens ayant exigé qu’elle soit inhumée en République Dominicaine pendant que d’autres s’y opposaient catégoriquement.
Le consul haïtien à Dajabòn (nord-ouest de la République Dominicaine), Jean-Baptiste Bien-Aimé, a indiqué qu’il attendait les résultats de l’enquête ouverte par les autorités militaires et judiciaires dominicaines sur l’incident ayant coûté la vie à Annette Joazard, une marchande de mirlitons originaire de Ouanaminthe qu’un soldat dominicain avait mortellement blessée au marché binational de Dajabòn. Elle allait succomber à ses blessures dans un hôpital de Santiago (nord). Le consul a aussi émis l’espoir que le militaire ayant commis le meurtre, membre du Corps spécialisé de sécurité frontalière (CESFRONT), sera renvoyé de l’institution et poursuivi en justice.
Insistant sur le fait que la famille de la victime et la communauté ouanaminthaise exigeaient la condamnation du présumé meurtrier conformément à la loi, M. Bien-Aimé a souligné la nécessité d’empêcher la répétition de pareils actes en vue de garantir la cohabitation pacifique entre haïtiens et dominicains à la frontière.
Placé en garde à vue, le soldat Amaury Polanco Ramòn a indiqué que l’incident s’était produit mardi lorsque, dans le cadre de la lutte contre la contrebande, il tentait d’intercepter un bidon d’essence que transportait clandestinement un haïtien accompagné de Mme Joazard. Opposés à l’intervention de l’agent, les deux auraient tenté de le dépouiller de son arme. Il s’en est alors suivi une bagarre au cours de laquelle une balle a atteint accidentellement la marchande, selon le récit de Ramòn.
Protestant énergiquement contre le grave incident ayant entraîné la mort de la commerçante, le Groupe d’appui aux rapatriés et aux réfugiés (GARR) a aussi reproché aux autorités dominicaines d’avoir empêché l’hospitalisation d’urgence d’Annette Joazard et l’arrestation immédiate de son présumé meurtrier.
Cette remontée de la tension à la frontière Ouanaminthe/Dajabòn constitue un nouvel épisode des conflits à répétition enregistrés dans une région stratégique caractérisée par un déséquilibre flagrant des rapports de force entre les Etats haïtien et dominicain. spp/Radio Kiskeya
http://www.radiokiskeya.com/spip.php?article4858

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