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lundi 18 février 2008

Douceur de vivre sur fond de peine

Le nom de Pandiassou, aux allures exotiques et bizarres, s'explique en une déformation du terme espagnol ''pan y azucar'' qui signifie pain et sucre. En effet, les terres de cette localité proche de la ville de Hinche se prêtent bien à la culture de l'ananas, mais c'est plutôt la mangue qui en constitue la principale denrée et qui sert d'ingrédient de base à une succulente friandise dénommée foucauldine, inventée et produite par les Petites Soeurs de l'Incarnation.

L'hôtel Ermitage de Pandiassou "Un vrai chez soi" (Photo: Jean Pharès Jérôme)
Présente à Pandiassou depuis plus d'une vingtaine d'années, la congrégation religieuse des Petits Frères et des Petites Soeurs de l'Incarnation, dirigée par le frère Franklin Armand, a transformé ce coin sec et aride en un village accueillant et vivable : projet d'habitat, adduction d'eau potable, écoles et centres de formation dont un lycée technique avec terrains de jeu et bibliothèque, ateliers de production artisanale, centre de santé, etc. Depuis quelques années, des lacs artificiels, ensemencés de poissons, renforcent la beauté du paysage et la fertilité des terres.
Mais, aujourd'hui, ce qui risque le plus de surprendre le visiteur, c'est un beau et grand bâtiment perdu dans un bocage de plantes épineuses. L'Hôtel Ermitage de Pandiassou, éclatant sous ses teintes roses et blanches, est un joyau d'architecture. Conçu par l'architecte Clarens Baptiste et exécuté par l'ingénieur Serge Bazelais, il est la propriété des époux Kiss et Nicole Jean Mary, respectivement médecin et spécialiste en économie du développement. Cette dernière, en plus de gérer l'hôtel, dirige le lycée technique Soeur Marie Thérèse Lemahieu et ceci depuis près de 8 ans. Inauguré le 11 mars 2007, l'Hôtel Ermitage de Pandiassou compte une quinzaine de chambres spacieuses et confortables, avec dans le calme rustique, toutes les commodités des villes modernes (électricité, télévision, Internet, eau chaude, etc.).
Aux alentours, le bois s'étend à perte de vue offrant des pistes pour les excursions et un lac pour la pêche. Le chant des oiseaux, des anolis et des cigales scande la course tranquille des heures. ''Un coin de paradis, un vrai chez-soi'', les slogans de l'Ermitage ne sont pas trompeurs. Le cadre est beau et reposant. Cependant, vraiment peu de gens ont la chance d'en profiter. A part les cadres des ONG travaillant dans le Plateau Central et les membres du gouvernement en visite à Hinche, les clients sont encore rares. La route qui mène au Haut Plateau Central est si éreintante qu'elle décourage les visiteurs.
A la saison des pluies, les mangues et d'autres denrées sont perdues, car les camions qui les transportent traînent des jours sur le trajet boueux. Port-au-Prince - Hinche 120 kilomètres de danger et de peine avec des étapes infernales passé Mirebalais.Hinche est une ville isolée, sans lumière et sans livres, sans loisirs et sans pistes d'atterrissage.
A Pandiassou, humains et animaux bénéficient de l'utilité des lacs collinaires (Photo: Jean Pharès Jérôme)

Seules quelques rêveurs et certaines ONG maintiennent un souffle de vie, un élan vers l'avenir: le Mouvman peyizan Papay, les Petits frères et les Petites Soeurs de l'Incarnation, ceux de Ste Thérèse de l'Enfant Jésus, World Vision, Save the Children, le couple Jean Mary ou encore le pasteur Dieuseul Saint-Fleur qui a fondé une petite école classique et professionnelle à Cité Silence (un bidonville jouxtant les Lattes).Les lacs collinaires, le Lycée Technique, l'Hôtel Ermitage de Pandiassou sont de grandes lueurs d'espoir dans une nuit poussiéreuse et profonde.
Marc Exavier


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