Google

mardi 8 janvier 2008

Haïtiens différents : et alors !

Par Jean Durosier Desrivières
Parler de folklore et de traditions en Haïti, c’est convoquer un cortège de rythmes, de couleurs, de discours, de légendes et de pratiques signifiantes reflétant une culture forte, riche et complexe : une culture protectrice et résistante.
Carnaval, rara vodou, mais, congo, rada, petro ou autres manifestations, tous disent la tradition. On s’y accroche, pour ne pas perdre son identité. Allez où vous voulez, mais revenez toujours. Cette ritournelle est traditionnelle et ses manifestations sont folkloriques, en ce qu’elle reprend les mœurs, les habitudes, ou elles exagèrent le quotidien, les comportements dans un contexte typique qui est la carte de visite de la communauté. La culture est universelle, ses manifestations spécifiques. La vie s’exprime à travers le folklore, courroie d’un passé lointain à un présent immédiat vers un futur médiat de type créateur ou innovant. Le folklore, malgré ses bizarreries, trace la vie fondamentale des divers groupes ou clans de telle société, le tout couronné du vocable « tradition ».Folklore et tradition sont tirés de l’anglais « folk qui signifie gens et trade qui dit négoce, tractation, commerce, entente, échange ». Le folklore est un comportement adapté, une expression simplifiée d’une dynamique complexe. La tradition est le ressort sur lequel un peuple bondit et/ou rebondit à volonté et selon les circonstances.
Du quotidien de la conscienceLe quotidien est si rapide et si volatile que les comportements semblent réflexes sans l’apport immédiat de la conscience et de la raison. Le folklore, par les arts de toutes sortes, les met en évidence et réveille les consciences.Haïti, au cœur de tous les débats aujourd’hui, se situe dans une tradition de combat, de liberté, de dignité et d’indépendance. L’expression (folklore) est dans tous les gestes et comportements de toutes les couches de la population. En passant du raffinement d’une élite, au rara, vodou (dans ses rites, rituels et rythmes) des paysans, de la grande masse, etc. La caricature fait son œuvre dans la présentation d’une grossièreté ou d’un raffinement poussé au ridicule. Cette expression « folklorique » appelle au juste milieu et à la résistance. Elle devient un signal d’alarme pour la communauté au regard de ses fondements.La culture comme bouclierQuand tout menace l’homme, quand les valeurs humaines se subordonnent aux dérives, le jeu « folklore-tradition » dit le risque que court l’homme à s’oublier et à oublier sa propre histoire, ses peines, ses joies, ses frustrations, ses délires, ses fantasmes, ses rêves et sa vision. D’où la dynamique des groupes « Racine » en Haïti. Cette démarche scelle le rapport fondamental entre l’homme haïtien et l’homme en général, entre l’homme et le cosmos, entre l’homme haïtien et l’homme haïtien. Il n’est qu’à penser une fois ce qu’est, peut ou doit être l’homme dans la nature, et l’Haïtien de réagir en conséquence, dans le respect du « trade » compris comme une morale, une éthique, un rêve, un projet, une histoire. Ce rappel permanent de la tradition et du folklore haïtiens est le moyen le plus fort de conserver dans la mémoire universelle, les mémoires spécifiques et l’établissement de grilles pour comprendre l’évolution ou la régression de l’homme haïtien.Face à la dérive économique, intellectuelle ou politique de domination de l’homme par l’homme, aux tentatives unitaristes de mondialisation, il ne reste que les cultures locales dans leur folklore et tradition pour repousser les assauts. S’expliquent les logiques de guerre. Les survies et les sursauts sont le produit de cette dynamique folklorique et traditionnelle, annonciatrice de grandes résistances ou de grands changements dans la vie et le comportement de toute une population.
Le respect du pacte, ou de la tradition
Tous les discours de retour aux sources, (les mouvements « ginen », « racine » en Haïti, les « konbit ») sont les indices d’un souci de rattachement de l’homme à un pacte signé avant lui, conservé pour lui qui n’était pas encore ; un pacte dont il hérite quand il est, et qu’il doit léguer à ceux qui ne sont pas encore ; un pacte (trade) à transmettre dans toute sa pureté, adapté (folk) au fil du temps et des circonstances, en maintenant le cap sur le pacte de base d’une société de devenir forte et prospère. Cette transmission, opérée par les différents secteurs, des individus aux institutions, fixera chacun au regard des principes universels de beau, de bien et de vrai, des « sous-principes » cadres opératoires intermédiaires facilitant l’appropriation de ces normes universelles. Même puissante et déterminante, la tradition est muette et le folklore en est le porte-parole, caricatural, grotesque ou raffiné.
La dynamique du pacte, « trade »Face à des violences caractérisées, les groupes défendent leurs chapelles en s’accrochant à leur fondement, mais tout pacte peut être rompu, renégocié, maintenu ou renforcé selon qu’il garantit ou menace les intérêts de tous et de chacun. Le folklore le manifeste, le révèle, le dénonce ou le soutient.mardi 8 janvier 2008
http://www.lematinhaiti.com/PageArticle.asp?ArticleID=10502

Aucun commentaire: