Google

dimanche 16 décembre 2007

Pour la scolarisation massive des enfants handicapés

Des dizaines de candidats (à besoins éducatifs spéciaux) se sont dépassés aux Examens d'Etat (6e AF, 9e AF, rhéto, philo) de l'année académique 2006-2007. Une cérémonie d'hommages a été organisée ce vendredi à leur intention par le MENFP. En collaboration avec la Secrétairerie d'Etat à l'Intégration des personnes handicapées.
«Depuis le 17 mai 2007, avec l'arrêté présidentiel, la problématique des handicapés est propulsée au plus haut sommet de l'Etat.» Par ces mots, le secrétaire d'Etat à l'intégration des personnes handicapées, Dr Michel Péan, se réjouit que le problème d'exclusion auquel font face les personnes à besoins spéciaux a été pris en compte par l'administration Préval/Alexis.


Dieumène Cloristin, amputée de ses deux bras, écrit normalement avec son pied droit. Elle est la lauréate parmi les candidats handicapés aux examens d'Etat (6ème année fondamentale) 2006-2007(Photo: Robenson Bernard)
Prenant la parole au cours de la cérémonie d'hommages organisée à l'intention des candidats (handicapés) qui ont eu une bonne performance aux épreuves officielles de l'année 2006-2007, le Dr Péan estime que cette catégorie sociale en est à un carrefour historique. «Je suis à vos côtés non comme secrétaire d'Etat, mais en tant que militant des personnes à besoins spéciaux», fait-il remarquer en précisant avoir toujours rêvé d'une société sans exclusion, d'un pays qui prenne en compte les besoins de tous ses fils.
Comme pour se mettre au bilan, Michel Péan indique qu'il a marqué à ce poste son passage en lançant en juin dernier une campagne massive pour sensibiliser les Haïtiens sur les droits des personnes handicapées. «Nous avons institué le 3 décembre 2007 le bureau de la Secrétairerie d'Etat des personnes handicapées: un bureau à la dimension de nos rêves et doté de spécialistes en la matière», explique Dr Péan qui se propose de continuer avec le support du gouvernement en général et du ministère de l'Education nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) en particulier.«La question relative aux handicapés est une question transversale», rappelle le responsable de la SEIPH qui croit que le MENFP, c'est l'espace le plus approprié pour lancer un cri en faveur des personnes handicapées.Michel Péan déplore que l'école haïtienne continue de se construire sur une base traditionnelle, tandis que la direction du Génie scolaire devrait s'occuper de la construction d'établissements scolaires à l'architecture adaptée. «On ne peut parler d'intégration scolaire sans que l'Université d'Etat par exemple ne soit sensibilisée sur la problématique des handicapés», s'insurge Dr Péan qui propose l'élaboration des modules en éducation des enfants handicapés.
Vantant les mérites de l'Ecole Saint-Vincent, de l'Institut Monfort et autres qui offrent des modèles d'enfants à travers les examens d'Etat, Dr Péan juge qu'il faut passer de la stratégie de modèles à la stratégie de scolarisation massive des enfants handicapés.
«Il faut une banque de matériels adaptés aux personnes handicapées; il faut des modules d'enseignement en éducation spécialisée», a-t-il lancé en mettant l'accent sur la nécessité de création d'un fonds de solidarité national pour l'intégration des personnes handicapées. Fonds qui doit être alimenté par l'Etat haïtien.Des êtres à part entière«Les personnes handicapées, ce ne sont pas des gens à part, mais des êtres à part entière», professe le directeur général du MENFP, Pierre-Michel Laguerre, solidaire de la cause de ceux qu'il croit légitime d'avoir leur place sous le soleil d'Haïti.
Heureux que la Commission de l'adaptation scolaire et d'appui social pour l'intégration des enfants et des jeunes handicapés du MENFP ait pris l'initiative d'honorer ceux qui ont réussi aux Examens d'Etat, M. Laguerre rappelle que les handicapés ont des droits. Des droits reconnus par la Constitution haïtienne en vigueur. «C'est un événement d'une importance sociale particulière. C'est une grande victoire sur la marginalisation. Un pari sur l'intelligence», martèle le numéro 2 du MENFP qui croit que si ces êtres sont différents, s'ils ont une certaine déficience, ils ne sont pas pour autant des indigents d'esprit. D'autant qu'ils ont travaillé et montré à la société le degré de leur potentialité sur les bancs de l'école. «La direction générale du MENFP vous remet une couronne que vous méritez bien», conclut M. Laguerre en assurant les enfants handicapés de l'appui de la Commission.Prendre en compte les élèves à besoins éducatifs spéciaux
«C'est une grande première pour le MENFP et je souhaite que cela se poursuive», affirme le coordonnateur de la Commission de l'Adaptation scolaire et d'Appui social (CASAS), Fritz Georges, qui plaide pour la prise en charge publique de ces élèves dont la scolarisation et l'intégration dans le système éducatif est une nécessité.
Faisant état des différentes actions entreprises par la CASAS depuis sa création le 10 décembre 1993, M. Georges a attiré l'attention sur la formation des maîtres en éducation spéciale en vue de l'intégration des enfants handicapés, la sensibilissation de tous les agents du secteur éducatif sur la problématique de la scolarisation des enfants à besoins éducatifs spéciaux. «Le MENFP a donc intérêt à accompagner et appuyer la CASAS dans l'accomplissement de sa mission pour que l'objectif d'Education Pour Tous (EPT) se réalise à tous les niveaux», a-t-il conclu en promettant de travailler de concert avec le Bureau national des Examens d'Etat en vue d'accompagner les candidats handicapés à passer les épreuves officielles dans des conditions adaptées à leurs conditions physique et psychologique.
Robenson Bernard
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=52142&PubDate=2007-12-14

Commentaires:
Nous devons tous nous courber pour saluer le courage de ces gens qui généralement dans des sociétés beaucoup plus clémentes que la notre Font l’objet de certaines discriminations qui leur barrent la route vers l’insertion, l’intégration sociales et l’épanouissement individuel. Déjà c’est un exploit vivre en Haïti. Avec un handicap ça doit être encore plus dur.
Nous voudrions donner un certain crédit au président Preval qui a voulu remettre au devant de la scène la problématique des handicapés en Haïti. L’idée et la volonté restent encore cohérentes. L’action devrait suivre et rechercher l’effectivité et l’efficacité.
Cependant il faut essayer de garder le cap et éviter les mesures qui ne sont que le reflet d’une démagogie inconsciente poussée par la volonté de bien faire sans doute. On peut défendre et travailler en faveur des handicapés sans qu’on les introduise dans toutes les sauces.
Que l’on exige un nombre d’embauches destinés et adaptés aux personnes porteuses d’une certaines déficience que ce soit dans l’administration publique ou dans les entreprises privées demeure une mesure saine dans l’esprit et dans la pratique.
Qu’il y ait un représentant du secteur des handicapés au sein du conseil électoral provisoire CEP n’est pas une mesure indispensable. Et le fait que ce dit secteur ne soit pas représenté ne voudra jamais dire que le gouvernement les néglige. Il y a certes d’autres instances étatiques plus utiles à ce groupe bien ciblé de compatriotes.
Et que le gouvernement n’oublie pas cette grande vérité : dans l’état actuel des choses l’état par ses insuffisances et ses déviances est le plus grand pourvoyeur-créateur d’handicapés du pays car ne sont pas seuls handicapés les individus présentant diminutions physiques ou intellectuelles apparentes et visibles.

Aucun commentaire: