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vendredi 2 novembre 2007

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La néantisation d'Haïti
par Gérard Bissainthe
On est en train de néantiser Haïti, de la faire disparaître, en tant que nation, de la surface de la terre. Dans un prochain article je dirai comment réagir. En attendant c'est un peu gros, dites-vous, et vous avez du mal à le croire. Pourtant regardez les faits. Ils sont tous récents et se passent pratiquement sous vos yeux.


1. An 2006. On célèbre le cinquantième anniversaire de la Conférence des Ecrivains et Artistes Noirs qui eut lieu à Paris, à la Sorbonne. Cette Conférence fut présidée par un éminent Haïtien, le Dr Louis Price-Mars, élu non seulement à l'unanimité, mais triomphalement. La délégation haïtienne, à une époque où Haïti était la seule nation nègre indépendante, fut la vedette de cette Conférence. Au centre de la photo souvenir de cette Conférence se trouvent le Dr Price-Mars et Emile Saint-Lot. Pourtant "Lumières Noires", un film commémoratif de ce grand événement, qui est passé à la télévision française, ne mentionne à aucun moment même le nom d'Haïti et encore moins, bien sûr, les noms des participants haïtiens. Haïti donc n'existe pas.

2. Dans le volume 5 "Révolution et Empire" d'une "Encyclopédie de l'Histoire de France" largement diffusée par des quotidiens de France (en particulier "Nice-Matin"), on peut lire dans un texte sur Haïti, à la page 67 que: "Le capitaine-général Rochambeau proclame l'indépendance de l'île le 9 novembre 1803". Comme la bataille de Vertières a eu lieu le 18 novembre 1803, la supercherie est grossière et évidente. Donc l'indépendance d'Haïti par les Haïtiens proclamée par Dessalines, serait un mythe inventé par les Haïtiens.

3. Aujourd'hui deux authentiques charlatans (on ne voit pas quel autre nom leur donner) qui se font passer pour des "scholars", le Dr. Arthur Pitchenik de l'Université de Miami et le Professeur Michael Worobey de l'Université de l'Arizona, faute d'imagination et ne s'embarrassant pas de scrupules, ne trouvent rien de mieux que de ramasser dans la poubelle une thèse mille fois réfutée, celle de l'origine haïtienne du sida en Amérique. Le monde académique malgré ses garde-fous n'est pas à l'abri d'imposteurs en quête de notoriété, ce maigre succédané de la gloire. Dans leur idée Haïti, salie, galvaudée, humiliée souvent par des Haïtiens mêmes, est par terre, on peut donc tout lui coller, cela passera.
Il faut lire attentivement l'article de l'AFP reproduit ci-dessous. J'en détache les premiers paragraphes qui montrent à quel niveau se situe la "thèse" de ces prétendus savants. On remarquera le mélange du mode indicatif (exprimant l'affirmation) avec le mode conditionnel (exprimant l'incertitude et le doute). Toute l'imposture réside dans le tour de passe-passe qui les fait aller d'un mode à l'autre avec une agilité toute …simiesque. A dessein j'ai mis en majuscules tous les verbes du texte qui suit.
WASHINGTON (AFP) - Le virus du sida, originaire d'Afrique, S'EST PROPAGÉ aux Etats-Unis via Haïti vers 1969, dix ans plus tôt qu'estimé jusque-là, selon une étude publiée lundi, qui ELIMINE totalement la théorie populaire d'un steward canadien homosexuel comme source de l'épidémie.
"Haïti A ETE le tremplin pour le virus quand, depuis l'Afrique centrale, il A COMMENCE à se propager à travers le monde", explique Michael Worobey, un professeur de biologie à l'Université d'Arizona (sud-ouest) et principal auteur de l'étude parue dans les Annales de l'académie nationale américaine des sciences (PNAS) datées du 29 octobre.
Le virus mortel EST PROBABLEMENT ARRIVE sur les côtes américaines autour de 1969, plus d'une décennie avant l'explosion de l'infection, et POURRAIT AVOIR ETE INTRODUIT par un immigré haïtien célibataire, selon ces chercheurs.
IL S'EST REPANDU ensuite au Canada, à l'Europe, à l'Australie et au Japon.
On aura remarqué les entourloupettes reproduites par l'AFP, qui nous font passer de l'incertitude du conditionnel à la ferme certitude de l'indicatif. Le grand public berné ne va y voir que du bleu. C'est cela l'art de manipuler les foules, un art dans lequel les racistes de tous poils sont passés maîtres.Je ne sais comment on appelle ce genre de thèse branlante et bancale à l'Université de Miami et à l'Université de l'Arizona (et je serais curieux de le savoir), mais dans les milieux académiques sérieux et responsables qu'il m'arrive souvent de fréquenter des deux côtes de l'Atlantique, ce genre d'écrits et d'opérations a un nom: un canular; en anglais "a hoax".
Les canulars existent partout. Il y a juste quelques jours la télévision française relatait un canular célèbre: des "savants" (de la même famille que nos deux universitaires américains ci-dessus) ont prétendu ni plus ni moins que Molière n'est pas l'auteur de ses pièces: chez eux aussi tout l'art consiste à passer du conditionnel à l'indicatif, de l'hypothèse à la thèse. C'est de la haute prestidigitation.
Pourquoi des canulars? Pour se faire connaître, parbleu, faire du bruit, défrayer la chronique, vendre ses livres. En occupant le devant de la scène, cela aide à l'avancement dans une carrière professorale et à l'augmentation de son salaire. Tous les moyens sont bons. Les universitaires fabricants de canulars sont les charognards, les coprophages du monde académique.
Les meilleures universités se débarrassent tôt ou tard de leurs "scholars" peu sérieux qui font fi du minimum des exigences du monde académique.L'Université de Miami et l'Université de l'Arizona ne sont pas les deux universités les plus connues des Etats-Unis. Grâce maintenant au Dr. Arthur Pitchenik et au Professeur Michael Worobey, elles courent aujourd'hui le risque de se couvrir de honte et de ridicule aux yeux du monde entier.
31 octobre 2007
Gérard Bissainthe
Professeur retraité de la City University of New York
Ex Vice-Président élu de l'American Association of Teachers of French for the Metropolitan Chapter
Ex Recteur de l'Université d'Etat d'Haïti
Président International élu du Forum International
Francophone International (Château de Villers-Cotterêts)

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