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mercredi 21 novembre 2007

Etonnants Voyageurs : un lieu de rencontre et de partage

Du 1er au 4 décembre 2007, se tiendra, à Port-au-Prince, le festival Etonnants voyageurs. Ce sera une occasion de partage et d'échanges inoubliables. Entretien avec le président de Etonnants voyageurs Haïti, Lyonel Trouillot.

Le Nouvelliste : Du 1er au 4 décembre 2007, ce sera le festival du livre et de la littérature en Haïti. Pendant quatre jours, cinquante auteurs haïtiens et étrangers se réuniront dans le pays avec pour objectif principal de créer un forum de discussion sur des problèmes littéraires. Que peut apporter ce festival à Haïti ?

Lyonel Trouillot : Le festival Etonnants Voyageurs est une manifestation littéraire qui depuis plus de dix-huit ans marque le paysage littéraire et culturel français et mondial. C'est un lieu de rencontre et de partage, un espace d'échanges autour de la littérature entre des écrivains du monde entier. En ce sens, son action et ses retombées vont au-delà d'un simple salon du livre. La richesse des débats, la renommée des participants, l'apport du public toujours nombreux, font de ce Festival un haut lieu de la littérature mondiale. Cette année, Haïti sera le pays d'accueil de ce fusionnement littéraire et culturel, pendant quatre jours. Quatre jours durant lesquels le grand public, les étudiants, les scolaires, les professeurs de lettres, tous ceux et celles intéressés aux choses littéraires et culturelles pourront voir et entendre de près des écrivains qui ont contribué à enrichir la littérature. Ce sera une occasion de partage et d'échanges inoubliables. Imaginez un jeune de seconde qui rencontre Alain Mabanckou, un étudiant de l'Ecole Normale Supérieure qui a l'occasion de poser des questions à Jamaica Kincaid ou à Russell Banks, un professeur de littérature qui assiste à un débat où Edwidge Danticat et Maryse Condé prennent la parole. Ce sera aussi l'occasion de présenter au monde une autre vision d'Haïti, ce pays qui, pour plusieurs raisons, fait si souvent la une de manière tragique ou négative. Montrer au monde une autre facette, une Haïti vibrante et curieuse, exigeante et avide de participer à ce festival. Car ce n'est pas l'affaire de l'association, c'est une manifestation qui, pour se réaliser, a exigé la contribution et la collaboration de plusieurs citoyens et citoyennes, de représentants de divers secteurs de la société haïtienne.
L.N : C'est une association haïtienne Etonnants Voyageurs Haïti qui, de concert avec l'association Etonnants Voyageurs France, va réaliser ce festival avec le soutien de deux principaux partenaires : le ministère de la Culture et de la Communication et l'ambassade de France en Haïti. Quand a été créée cette association et de combien de membres est-elle composée ?

L.T : L'association Etonnants Voyageurs Haïti a été créée en décembre dernier dans le but de travailler à la planification et à la réalisation de cette première édition du Festival Etonnants Voyageurs en Haiti, de concert avec l'Association Etonnants Voyageurs France. Dany Laferrière et moi sommes les présidents de l'association et le comité exécutif est composé de Patrice Dumont, Pierre Buteau, Jean Lhérisson, Kesner Pharel, Evelyne Trouillot et Georges Castera. Comme vous pouvez le voir, l'association ne se compose pas seulement d'écrivains mais compte parmi les membres fondateurs des économistes, des historiens, des directeurs d'école, des journalistes. Dès le départ, il s'agissait d'impliquer une grande diversité de ressources pour donner à cet événement l'ampleur qu'il mérite. L'association compte une vingtaine de membres et nous travaillons avec des institutions et citoyens qui se sont impliqués dans le projet.

L.N : Le thème retenu pour ce grand événement est « Toute écriture est une île qui marche ». Pourquoi un tel thème ?

L.T : Il s'agit avant tout d'ouverture : ouvrir Haïti au monde et amener le monde ici. L'île dans ce sens n'est pas statique, elle symbolise les voyages, le mouvement, terre de rencontres, d'arrivée et de départ. Le lecteur reconnaîtra ce clin d'oeil au grand poète René Philoctète et son recueil "Ces îles qui marchent". L'île devient espace d'ouverture, espace d'écritures.

L.N : Le festival Etonnants Voyageurs est organisé depuis plus dix-huit ans en France à Saint Malo, et depuis six ans à Bamako, au Mali, et se tiendra du 1er au 4 décembre 2007 à Port-au-Prince. Pourquoi avez-vous attendu si longtemps pour que le Festival se fasse en Haïti ?
L.T : La première à avoir eu l'idée de ce festival, c'est Lilas Desquiron au début des années 2000. Pour un ensemble de raisons liées aux conjonctures politiques, cela n'avait pas pu se faire. Mais c'est une idée à laquelle nous sommes restés fidèles. Aujourd'hui les conditions semblent réunies.


L.N : À partir de quel(s) critère(s) le comité de l'association Etonnants Voyageurs Haïti a-t-il choisi les écrivains ? Quels sont les principaux écrivains haïtiens qui prendront part à cet événement ?

L.T : L'association aurait voulu que tous les écrivains haïtiens d'ici et de l'étranger puissent participer au Festival Etonnants Voyageurs, mais naturellement il a fallu faire un choix. Pour des raisons économiques et pour des raisons liées à la nature même du Festival qui se veut un lieu de rencontre d'écrivains de différentes origines. Le nombre d'auteurs haïtiens constitue un fort pourcentage des écrivains invités, ce qui est une anomalie. Donc, pour vous dire que cela n'a pas été facile. Nos critères furent le nombre de publications et la capacité de produire un discours d'accompagnement sur ses textes. Et nous avons choisi des auteurs qui publient depuis au moins cinq ans. L'idée, c'est aussi de rendre hommage à ceux qui travaillent depuis longtemps dans le domaine de la littérature. Ceux qui vivent et produisent ici, dans les conditions difficiles que vous connaissez.L.N : Dans ce cas, peut-on dire que tous les cinquante auteurs seront en signature ?L.T : Les signatures ne sont pas l'élément clé du Festival. Il y en aura. Des libraires de la place ont consenti un gros effort pour qu'il y ait des ouvrages de tous les auteurs invités, haïtiens et étrangers. Nous les en remercions. Les auteurs pourront donc dédicacer ces livres qui seront cependant en quantité limitée. Il arrive qu'après un débat ou une lecture, on désire se procurer l'ouvrage d'un auteur dont les propos ou les extraits de texte ont produit un effet positif et suscité notre intérêt.

L.N : Le principe est d'inviter des auteurs à venir parler de leurs oeuvres et de leur expérience au cours des conférences-débats. Pourriez-vous nous indiquer les lieux, les dates et les thèmes des rencontres ?

L.T : Le programme sera disponible dans les journaux et sera distribué gratuitement bientôt. Ce que je peux rappeler, ce sont les principaux lieux de rencontre : le Ritz Kinam, la Fokal, l'Institut Français d'Haïti et sa médiathèque et l'auditorium de la Chambre de commerce et d'industrie. Certains écrivains iront également dans des écoles pour rencontrer des groupes d'élèves.

L.N : Il y aura, bien sûr, durant les quatre jours des émissions radiophoniques et télévisées, des projections de films, des spectacles, etc. Pourriez-vous nous fournir de plus amples informations ?

L.T : Les émissions télévisées ont déjà commencé à être diffusées. De même, des émissions radiophoniques sont prévues et commenceront au cours de cette semaine, bien avant les quatre jours du Festival. J'en profite pour mettre l'accent sur la réception positive dont l'association a bénéficié de la part de la plupart des médias. Certains de la presse orale et écrite ont conclu avec nous un partenariat, mais tous se sont montrés vivement intéressés à contribuer à la réussite de ce projet.

L.N : Donc, c'est l'ouverture des écrivains haïtiens au monde et vice versa. Nos écrivains pourront engager des dialogues avec d'autres écrivains, des éditeurs et journalistes internationaux. Peut-on dire avec force détails que l'objectif de la première édition du festival est de faire savoir au lectorat haïtien ce qui se passe dans le monde en matière de littérature ?

L.T : C'est un des objectifs. Amener des représentants de la littérature mondiale, avec un fort accent sur ce qui se passe dans la Caraïbe, au lectorat haïtien, aux jeunes en particulier.

L.N : A un autre niveau, combien d'éditeurs étrangers seront présents pour la circonstance ? En quoi les éditeurs étrangers vont-ils être utiles aux jeunes écrivains haïtiens ?

L.T : C'est un autre de nos objectifs. Faciliter les contacts entre les auteurs haïtiens et le milieu international de l'édition. Je ne peux préciser le nombre d'éditeurs, mais il y en aura. Et aussi des représentants de la presse culturelle. Nous souhaitons vivement que les Haïtiens s'approprient ce festival et qu'il contribue à installer notre pays dans la place qu'il mérite dans la vie culturelle de la région. L'entrée est bien sûr gratuite à toutes les activités du festival.

(Propos recueillis par Jobnel Pierre)
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=50939&PubDate=2007-11-20

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