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lundi 19 novembre 2007

Dussape, un autre Mapou annoncé

La tempête tropicale Noël a presque anéanti la localité de Dussape située dans la première section Communale des Chardonnières, au nord à 8 Kms de Port-à-Piment. Les dégâts sont énormes. Dix-sept (17) maisons ont été détruites. Les survivants sont très menacés. C'est un cri de coeur que lance la Fondation Macaya aux Responsables du pays en vue de diligenter des actions urgentes pour sauver cette communauté en danger. Mapou est une localité qui a connu le même sort que Dussape

Jamais notre pays ne s'est trouvé confronté à une situation aussi dramatique. Depuis particulièrement les années 80, des chercheurs haïtiens et étrangers ont attiré l'attention des Responsables sur un éventuel drame écologique. Tous ont signalé que des Communes et Sections communales étaient largement menacées notamment pour le Sud : Les Cayes, Camp-Perrin, Port-à-Piment, Les Anglais, pour ne citer que celles-là. Aujourd'hui, Dussape, une localité située dans la première Section Communale des Chardonnières, est quasiment disparue lors du passage de la tempête tropicale Noël. Cette localité est une zone tampon du Parc Macaya qui constitue le château d'eau de la Péninsule du Sud où on est en train de détruire considérablement des espèces endémiques.

Des villes comme Gonaïves, Fonds-Verrettes, Camp-Perrin, etc. étaient traitées de façon répréhensible, que dire d'une petite section communale au nord de Port-à-Piment ? Dussape a vu partir pendant seulement quelques heures de pluie dix-sept (17) de ses maisons et une trentaine d'autres pour ne pas dire que toute la zone est dans l'attente d'une autre Noël. Une petite section en danger depuis début des années 80 qui ne cesse de pousser ses cris d'au secours. Personne n'entend. Serait-ce parce que ses habitants n'ont pas le droit d'avoir une vie décente, en paix ? Ou du moins parce qu'ils se trouvent dans le « Pays en Dehors » de G. Barthélemy? Des mesures urgentes ne s'imposent-elles pas en vue de sauver le reste de cette population de la fureur des flots de la rivière « Bras Gauche » de Port-à-Piment ? Quid de l'endiguement et du gabionnage... ? Le mot « urgence » ne saurait exister pour ces compatriotes qui ont commis le crime odieux de vivre dans leur coin natal.

Il faut noter qu'à la plus prochaine tempête, ces communautés seront à jamais rayées sur la carte du monde. Les pluies diminuent certes, mais les sécheresses s'annoncent plus graves encore. Des Cayes à Tiburon, de Dussape à Parc Macaya, les différentes communes feront face à une très grande famine. La plupart des sinistrés n'ont jusqu'à présent reçu quasiment aucune aide malgré leur cri de détresse. La localité de Dussape dûment dévastée attend un geste patriotique et civique. Nous de la Fondation Macaya avons en maintes fois tiré la sonnette d'alarme et ce depuis l'an 2000, malheureusement nos implorations ne se heurtent qu'au mur de l'indifférence. Ne sommes-nous pas en train d'hypothéquer l'avenir même de la nation ?Dussape est déjà presque partie vers l'océan. Sauvons donc ce qui peut être sauvé. Protégeons nos compatriotes. Ils sont enfin nos frères, nos soeurs, notre peuple. Le moment est venu de nous mettre à l'oeuvre, qu'attendons-nous encore ? Les Cayes, Dussape, Randel, Camp-Perrin, Cabaret, Vialet, Les Anglais, etc. ont besoin de notre aide, notre coude à coude pour éviter le pire, un autre Mapou.

La nature est déchaînée contre nous. Noël l'a prouvé. Il a suffi d'une semaine de pluie diluvienne pour se rendre à l'évidence. Le pays tout entier en a fait le constat accablant.Des communes et sections communales disparaissent. La « Perle des Antilles » devient menaçante pour ses fils et filles et pour l'Ile. Nous en sommes tous responsables. Avouons-le fort et sans crainte. Peut-être, c'est le début d'une prise de conscience. Le résultat des torts injustifiés causés à notre pays saute aux yeux, d'une Commune à l'autre. Ressaisissons-nous, il est grand temps. Nous sommes au bord de l'abîme. Rattrapons les 20 dernières années perdues si vraiment nous avons à coeur la souffrance de nos concitoyens. Ayons honte de Dussape qui vient de disparaître, de Mapou, de Fonds-Verrettes, des Gonaïves « Jeanne » dont les plaies ne sont pas encore cicatrisées.



Voici donc l'heure de nous réveiller après cette grande agonie de misère absolue qui nous force de détruire notre beau paysage du Parc Macaya, du Parc La Visite, du Morne L'Hôpital, de la Forêt-des-Pins, du Haut du Cap, du Fort des Platons..., etc. Nous démolissons ce pays. Bientôt... Sans vouloir être apocalyptique, nous pleurons aujourd'hui Dussape qui nous a vu naître et marquer notre plus tendre enfance. Qui n'a pas ou n'aura pas une Commune, une Section communale à pleurer si le massacre écologique persiste? Nous sommes débridés. Que cesse au nom de la faim l'abattage systématique des arbres de nos montagnes !

Nous contribuons grandement à la chute accélérée de la « Perle des Antilles » à cause de notre égoïsme. Car chacun de nous est la « loi », une honte pour la région, pour nos frères, nos compatriotes, pour l'autre. Pourtant, nous voudrions croire que tout n'est pas fini. Nous croyons fermement que quelqu'un va dire : Halte ! Allons donc endiguer la rivière « Bras Gauche » de Port-à-Piment, accomplissons notre devoir de citoyens responsables. C'est l'aide la plus nécessaire et le plus précieuse maintenant pour cette communauté qui assiste, paisible et impuissante, au départ inopiné de son lopin de terre, de ses maisonnettes, de ses vêtements, de ses bétails, des livres scolaires de ses enfants, de sa faune et de sa flore. Comme c'est douloureux ! Un geste de solidarité citoyenne serait un pas décisif qui conduirait à un résultat définitif dans la sauvegarde de Dussape, de Macaya, de La Visite, de la Source Plaisance, etc. Limitons la rivière « Bras Gauche » de Port-à-Piment qui se déchaîne contre ces pauvres compatriotes délaissés.Finis les beaux discours, le temps est à l'action. Dussape est là pour nous juger et condamner notre laxisme si rien n'est fait d'ici bientôt. Non, mille fois non, nous n'avons que faire de l'apocalypse. C'est une prise de conscience collective qu'il nous faut. De grandes décisions sont à prendre pour sauver le pays. La survie de tout un chacun en dépend. Agissons vite et ensemble. Un autre Mapou s'annonce, un autre Fonds-Verretes est à l'horizon. L'environnement haïtien n'est pas toujours bien maîtrisé, même là où il devrait être bien protégé, il ne l'est pas et reste très fragile. Si nous parlons de la menace ce n'est pas pour annoncer une Apocalypse imaginaire, mais pour faire connaître la vérité sur une Apocalypse réelle (Serge Moscovici, 2002).

Si on n'endigue pas les rivières habituellement en crue de Port-à-Piment, des Anglais, de Roche-à-Bateau, etc. on se prépare à un spectacle environnemental effrayant. Disons non à un autre Mapou. Espérons que Dussape sera un « Moïse sauvé » de la colère du temps. La peur ne nous est pas permise. Conjuguons nos efforts pour sortir notre chère Haïti du désastre écologique qui la menace. Le pays est à bout de souffle. Il n'a pour recours que la solidarité de ses filles et fils. Haïti agonise. La dernière tempête tropicale Noël le confirme et nous force à réagir. Il est impératif que nous cessions nos habitudes « ki melem ». Nous sommes au bord du gouffre. Certains le voient, mais ne disent mot. D'autres regardent passifs la vie s'en aller de leur bourg chéri. Ces tempêtes tropicales successives avec des conséquences désastreuses mettent à nu ce que nous refusons d'admettre depuis particulièrement deux dernières décennies. Il faut énergiquement refuser d'être le « mal écologique du siècle ». La nature nous demande des comptes. Heureusement, ce n'est pas pour nous totalement exterminer, mais pour nous forcer à prendre conscience de l'état de détérioration de l'écosystème du pays dans lequel nous vivons, nous qui avons fait 1804. « Le respect de l'environnement nous impose une conscience plus aiguë que jamais du laisser-aller ou de la tolérance que nous constatons trop souvent...»

« La faiblesse devient force quand naît la conscience» (Gisèle Halimi). Conscientisation de quoi ? Le défi écologique est un défi collectif, mais aussi un défi individuel. Chaque citoyen a l'obligation de faire ce qu'il peut pour empêcher au pays de s'enfoncer davantage. Votre pays, si c'est le mot qui convient encore.Endiguer la rivière « Bras Gauche » de Port-à-Piment pour sauver Dussape et les autres localités environnantes est une nécessité et une urgence pour éviter le pire. C'est un acte de citoyen qui pense et qui agit, qui prend en main ses responsabilités pour lui, envers son pays et envers son peuple.

Alphonse Bruno MENTOR

de la Fondation Macaya
E-mail : brunomentor@yahoo.fr
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=50804&PubDate=2007-11-16

Et Le Nouvelliste qui continue, comme la voix de celui qui crie dans le désert, à lancer des appels à la conscience collective et surtout à celle des autorités locales.
Aujourd’hui il existe grâce à la nouvelle "démocratie" (made in Haïti) des élus à Dessape, qui ont romis de travailler aux bien être des habitants de cette section communale. Mais, comme partout ailleurs, l’écho des appels lancés traverse les espaces arides ou bourgeonnent la médiocrité et l’incapacité pour revenir montés sur le boomerang des questions sans réponses vides, lasses, fatigués et agacés.
Notre néant n’est plus synonyme de vide mais c’est le point d’arrivée, la destination finale de notre œuvre si bien commencée en apparence.
Maintenant et comme toujours l’heure est à la corruption soit en action soit par l’actualité qu’elle génère ; l’heure est aussi au vote d’accord de prêt ou il y aura sans doutes des os à succer…
Et dans l’intervalle, l’écologie ?... bien merci…
Dessape…bien merci !

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